Gardez-nous, Seigneur d’une existence, quelle qu’elle soit, sans risque

Frères et sœurs, une courte homélie aujourd’hui avant de passer au rite de l’entrée en catéchuménat de celle qui sera ainsi membre de notre Eglise. Il existe en effet un statut juridique pour les catéchumènes dans l’Eglise catholique. Un catéchumène fait partie déjà de l’Eglise, même s’il ou elle n’est pas encore baptisé(e).

Quelques mots sur cet évangile.  Quel est le pitch, l’accroche ?

C’est la question du risque.

Et s’il me fallait faire en ce jour une prière à Dieu, ce serait de lui dire :

« Gardez-nous, Seigneur d’une existence, quelle qu’elle soit, sans risque. »

Le risque est inhérent à notre existence, à la fois individuelle, économique, politique, sociale. Il y a du risque partout. Et dans la parabole que nous avons entendue, le maître du domaine loue ceux qui ont pris le risque de faire fructifier son argent.

Dans le domaine économique, le risque est inhérent à l’investissement. Investir c’est toujours prendre un risque, mais dans l’espérance d’un gain par l’augmentation des outils de productivité, par l’engagement de nouveaux salariés dont la rémunération permettra de faire vivre une famille. Investir, c’est aussi permettre à de nouveaux produits de venir sur le marché, c’est faire grandir une économie par la circulation de l’argent.

Pour l’Eglise, en effet, l’argent n’est pas un bien en soi, il est un outil qui permet à l’économie, aux hommes de vivre, et de vivre mieux. L’argent n’est jamais en soi une fin.

Ce que nous éprouvons dans le domaine économique, nous le retrouvons aussi dans notre vie sociale. Si dans une famille, il n’y avait qu’un esprit particulier, sans que jamais on ne puisse sortir de cette famille, soit par les alliances, soit par les rencontres, très vite ces familles s’éteindraient. Pour qu’une famille vive, il lui faut risquer la nouveauté, et il ne viendrait à l’esprit d’aucun et d’aucune d’entre vous de ne pas accueillir comme un principe de renouveau une belle-fille, un gendre. Je ne dis pas que cela ne soit pas difficile, il y a en effet un risque, mais ce risque produit un gain certain, même s’il faut s’adapter, même s’il faut précisément assumer ce risque dans le dialogue de la nouveauté.

De la même manière, l’accueil d’un enfant dans la vie d’un couple est un risque. J’entends aujourd’hui dans les préparations au mariage, de futurs époux qui s’interrogent sur le risque pour le monde, pour la société, pour la terre, pour les océans, le risque d’un enfant, et cela est bien malheureux. Le risque d’un enfant, c’est le risque de la nouveauté, le risque de la liberté, le risque du renouvellement. Et lorsque je vois des parents qui retrouvent leurs enfants après une journée de classe, qui les rejoignent le soir, et combien la journée d’un père ou d’une mère de famille peut être transfigurée par l’accueil de cet enfant, de ces enfants, je suis bien malheureux que cet esprit de lésine, que cet esprit d’anti-risque, cet esprit de précaution pèse aujourd’hui sur notre société.

Le risque existe aussi dans l’Eglise. Celui d’accueillir une nouveauté.

Venez près de moi, vous qui allez maintenant faire votre entrée en catéchuménat

Je veux dire dès à présent quelques mots sur vous et sur la joie que nous avons de vous accueillir avec tout ce que vous portez de beau, de nouveauté. Vous m’êtes apparue, tout au long de la préparation au baptême, comme une personne extrêmement gracieuse. Vous manifestez à travers ce que vous témoignez, un grand amour de Notre Seigneur Jésus, et un grand attachement à la prière. Vous aimez venir vous recueillir dans les églises. Et tout cela est bien pour nous, pour notre Eglise, et tout cela est très bien pour notre communauté.  Avant de terminer et de passer au rite du catéchuménat, je voudrais chers paroissiens et amis de Saint-Pierre de Chaillot vous confier cette nouvelle catéchumène, que vous la preniez dans votre prière. J’aimerais que, si vous la croisez dans l’église, vous sachiez prendre le risque de l’accueil, de la discussion avec elle. Parce qu’elle porte un regard nouveau sur notre Eglise. Elle a sans doute des propositions à nous faire et par rapport à cela il faut que nous ne soyons pas frileux, et qu’au contraire nous accueillions ce risque de la nouveauté et du renouvellement. C’est à la condition de l’audace que nous pourrons grandir et échapper à l’habitude qui est la rouille de l’âme.

Amen

 

 

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