Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu

Homélie du 18 octobre 2020, XXIXème dimanche du temps ordinaire

Frères et sœurs prions : Que le souffle de l’Esprit Saint inspire mes paroles et ouvre l’oreille de votre cœur pour que vous puissiez entrer toujours davantage dans les voies de Dieu.

Il y a des formules évangéliques que nous n’entendons plus à force de les avoir écoutées.

Alors prenons quelques libertés pour rendre à la célèbre formule – « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » – sa force primordiale.

Je traduis et donc je transforme nécessairement. « Traduttore, traditore » disent les Italiens. « Lorsque l’on traduit, on trahit », mais je m’y risque pour mieux comprendre. Je traduis, et je renverse même la formule pour qu’elle apparaisse davantage dans sa brièveté mais aussi dans sa consistance.

Voici ma traduction :

« Dieu ne se prend pas pour le roi, alors que le roi ne se prenne pas pour Dieu ».

Je m’explique.

Premier point de notre réflexion « Le monde et son gouvernement sont remis au jugement des hommes. »

Le monde, tel qu’il est sorti des mains de Dieu, a été remis au jugement des hommes et à son gouvernement. Dieu, en sa souveraine Seigneurie, a voulu que les hommes se dirigent entre eux, par eux-mêmes, en établissant des règles de gouvernement, d’exercice du pouvoir.

Et au long des siècles, sont apparues quelques grandes lignes directrices qui régissent l’exercice du pouvoir régalien, aujourd’hui celui de l’Etat.

Il est garant de l’intérêt général, ce que l’on peut appeler aussi le bien commun, le bien de tous. Il en est, notez-le, le garant mais non le responsable. Car le responsable du bien commun, c’est l’ensemble de la population.

L’Etat oriente également la vie de la nation par des choix fondamentaux. Il détient le monopole de la levée de l’impôt, il détient également le monopole de la violence physique. Il est garant des libertés fondamentales et la première, entre celles-ci, est la liberté de conscience.

Tout cela s’est régulé avec le temps, et prend des allures différentes selon les périodes. Ce qui est certain, c’est que les citoyens d’un Etat doivent et peuvent à tout moment, et en particulier à l’occasion des élections, dans un Etat démocratique, demander raison à ceux qui les gouvernent de l’intégrité et de l’efficacité des politiques qu’ils mènent.

Au-dessus de la République, il y a toujours, et c’est inscrit dans le premier article de notre constitution, il y a toujours la France et les Français.

 

Deuxième point de notre réflexion : « A Dieu, rendons ce qui Lui revient. »

Si l’Etat et le gouvernement dans l’exercice de leurs prérogatives jouissent d’une forme d’autonomie, il n’est pas vrai qu’il n’existe pas un pouvoir souverain, un pouvoir supérieur. Et pour l’avoir oublié, le Pape Pie XI a voulu qu’une fête soit instituée, dans le temps de la liturgie, du Christ Roi de l’univers que nous fêterons le dernier dimanche de notre année liturgique avant de commencer le temps de l’Avent. C’est pour avoir oublié qu’il y a au-dessus du roi, un pouvoir souverain que Pie XI a voulu que soit instituée cette fête du Christ Roi de l’univers.

Mais Dieu exerce ce pouvoir selon son ordre propre. Il ne revendique pas un pouvoir séculier. Je viens de vous le rappeler, Dieu ne se prend pas pour le roi.

Mais son pouvoir consiste à libérer l’homme de toute sujétion, de tout esclavage qui détruirait sa dignité. C’est pour que nous soyons vraiment libres que le Christ nous a libérés. Il nous a libérés sur le bois de la croix et c’est là, sur le bois de la croix que nous reconnaissons sa royauté.

Les parents qui ont élevé des enfants le savent. C’est lorsqu’un enfant devient libre que toute la pédagogie qui a été déployée trouve son couronnement et que les parents par là même, atteignent le sommet de ce que l’on appelle l’autorité, c’est à dire l’art et la manière de faire grandir quelqu’un jusqu’à sa plus grande dignité qui est celle d’être libre.

Je prends un exemple maintenant :

Celui de Sir Thomas More, le plus brillant juriste de sa génération que Jean Paul II d’ailleurs a désigné comme patron des hommes politiques. Il préféra mourir plutôt que de prêter serment contre sa conscience. Il était chancelier d’Angleterre depuis 1529, l’homme de confiance d’Henri VIII. Il refusa, fidèle à la loi de Dieu, à la loi de la conscience, de prêter un serment qui remettait en cause le pouvoir spirituel de l’Eglise.

La conscience, notre conscience est une petite flamme qui brille dans la nuit. Veillons sur cette flamme et surtout ne l’éteignons pas.

Amen.

 

 

 

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