Conception et construction

Conception Générale

É. Bois, projet pour l'église de Chaillot, v.1928 (© AHAP, 1D-3D).
É. Bois, projet pour l’église de Chaillot, v.1928 (© AHAP, 1D-3D).
  • La façade principale devait être sur l’avenue Marceau.
  • Le chœur, de ce fait, être orienté face à l’ouest, rupture avec la tradition occidentale.

Emile Bois, s’inspirant des églises byzantines, soumit un projet monumental en forme de croix grecque, réservant deux absides secondaires pour les chapelles latérales.

A gauche, se dressait le clocher, tour carrée coiffée, comme la coupole centrale et les quatres dômes qui l’entourent, d’une pyramide octogonale.

L’ensemble était sobre et la façade parut :

  • ” D’un grand effet décoratif, quoique  un peu rustre sous le ciel de Paris “
Vue aérienne de l'église (© Document .pdf de S. Texier, L'architecture religieuse au XXe siècle, http:/ /www.paris-belleville.archi.fr/UserFiles/Edif icesReligieux/2013-05-22_ 20004_Simon 20Texier.pdf, p.23).
Vue aérienne de l’église

 

Les détails avaient des formes empruntées à des monuments occidentaux du haut-moyen âge. L’oeuvre allait être réalisée en béton, matériau moderne qui permit une étonnante combinaison de formes triangulaires, arrondies et octogonales et tous les extérieurs furent revêtus de pierre blanche.

Emile Bois voulut qu’en entrant, une fois les yeux habitués à la pénombre ambiante, chacun puisse ressentir une impression de recueillement, de grandeur et de simplicité.

choeur de l'église Saint-Pierre de Chaillot
Chœur de l’église Saint-Pierre de Chaillot

Toutes les surfaces, à l’intérieur, garderaient le granulé et la teinte du béton. L’animation résulterait des éléments sculptés, chapiteaux, statues ou bas reliefs, de la décoration peinte dont les couleurs se limiteraient au rouge, à l’or et au brun, de l’emplacement des ouvertures, des couleurs dominantes des vitraux, jaune au niveau des coupoles, rouge dans le choeur, vert ou bleu dans les parties basses.

Dans les premières églises byzantines, la décoration et l’architecture formaient un tout, parti qu’adopta Emile Bois, de ce fait, l’église ne fut pas conçue pour accueillir des œuvres d’art.

Les artistes chargés de la réalisation des œuvres d’art furent essentiellement :

  • Pierre Seguin, pour les chapiteaux;
  • Pierre Ducos de La Haille, pour les fresques au plafond;
  • Henri Bouchard, pour le tympan de la façade, puis devant le succès de cette oeuvre, pour le grand calvaire, la statuaire interne, les bas-reliefs du maître autel, le chemin de croix;
  • Nicolas Untersteller, pour les fresques intérieures, peintes sur le béton;
  • Les frères Mauméjean, pour les mosaïques et les vitraux.

 

Construction

 

Vue de la façade postérieure de la première partie de l'église, après démolition de l'ancienne, 1936 (© AHAP, 1D- 3D).
Vue de la façade postérieure de la première partie de l’église, après démolition de l’ancienne, 1936 (© AHAP, 1D-3D).

Après avoir parcouru le passé de ce village si proche de Paris, “absorbé” tardivement par son extension, nous allons considérer cette paroisse parisienne, réussite de l’architecture religieuse de notre temps, à la fois traditionnelle dans son inspiration et audacieuse dans sa réalisation.

Pour assurer la continuité de la vie paroissiale, la construction se fit en deux étapes. Elle débuta par la partie située le long de l’avenue Marceau comprenant l’église basse (la Crypte), la façade , le clocher et la nef, premier bras de la croix de l’église haute. La bénédiction de cette partie et sa mise en service eurent lieu en janvier 1935.

Les travaux de la seconde étape démarrèrent aussitôt et l’ensemble fut terminé pour la bénédiction solennelle qui eut lieu le 18 mai 1938.

Photographie des dômes en cours de construction (© AHAP, 1D-3D).
Photographie des dômes en cours de construction (© AHAP, 1D-3D).

Pendant ces travaux l’ancienne église resta en service. La démolition de la chapelle de la Sainte-Vierge débuta le 7 juin 1932. La bénédiction de la première pierre eut lieu en la solennité de la Chaire de Saint Pierre, le 22 janvier 1933.

Eglise de béton armé, bâtie avec une robuste franchise, elle évite bien des écueils de ce matériau souvent fruste. La présence d’anciennes carrières non répertoriées posa quelques coûteux problèmes pour la réalisation des fondations. Pour asseoir le clocher, au lieu des quelques pieux initialement prévus, il fallut couler un radier de 100 m3 de béton à 17 m sous sa base,c’est-à-dire à 5 m au dessus du niveau de la Seine.

Photographie de la façade peu après son achèvement, 1935 (© A. Goissaud, «La nouvelle église Saint-Pierre de Chaillot à Paris », La construction moderne, 46, 1935, p.999).
Photographie de la façade peu après son achèvement, 1935 (© A. Goissaud, «La nouvelle église Saint-Pierre de Chaillot à Paris », La construction moderne, 46, 1935, p.999).

La façade sur l’Avenue Marceau se présente sous la forme d’un grand mur de pierre de taille uni que ponctue sur la gauche la haute silhouette du clocher monumental de 65 m de hauteur, bâtie en pierre de Saint-Maximin avec parois intérieures en briques et couronné par une toiture octogonale en pierre. De petites ouvertures ponctuent ces surfaces nues : Fenêtres géminées de la tour et ouvertures par groupes de trois qui forment une galerie couronnant la façade avec deux ambons aux extrémités. D’énormes piliers, constitués de pierres véritablement portantes, soutiennent le tympan et les voûtes du porche. Les marches du perron du porche rattrapent de façon ingénieuse la déclivité du sol. Les portes en chêne s’ouvrant sous le porche sont munies de fortes pentures plates avec d’énormes clous de fer forgé; ces pentures sont dessinées comme la barrière de fer forgée également exécutée par Duluc suivant un dessin de l’architecte, que l’on retrouve également dans la sculpture du tympan. Sur ce grand mur uni se détache un vaste triangle à l’intérieur duquel Henry Bouchard acomposé une vie de Saint-Pierre ordonnée sur trois registres principaux qui divisent horizontalement la surface et encadrent les trois baies en plein cintre donnant accès au porche. Le reste de la surface est fort heureusement ” meublé” par une vingtaine de scène de la vie de Saint-Pierre

On éprouve une impression de recueillement en pénétrant à l’intérieur. Le plan est en forme de croix grecque et quatre vastes arches en plein cintre marquent la croisée du transept. Sur ce thème d’inspiration byzantine, la plus grande originalité de l’architecture réside dans la forme des coupoles

Vue du bas-côté sud (gauche) Chapelle de la Sainte Famille (© Jérôme Bohl).
Vue du bas-côté sud (gauche) Chapelle de la Sainte Famille (© Jérôme Bohl).

faites de grands pans triangulaires dessinant des volumes énergiques. Sur ce schéma audacieux, la distribution des ouvertures a été étudiée pour donner au chœur l’éclairage le plus abondant, le reste du vaisseau restant dans la pénombre à laquelle il faut s’accoutumer avant de pouvoir analyser les détails de l’architecture et du décor.

Un heureux aménagement de l’échelle des divers éléments contribue à donner une impression de grandeur très imposante. Ceci résulte du contraste entre les percées de dimensions réduites : baies du chœur, fenêtres aux différents étages des coupoles et des transepts et les vastes volumes des divers parties de l’édifice. Grâce à une excellente répartition du décor, ces volumes ne donnent pas l’impression de vide qu’on aurait pu craindre.