Homélie du dimanche 9 juin 2024, du Père Horovitz

Frères et sœurs, l’évangile que nous venons d’entendre selon saint Marc est extrêmement percutant. C’est une parole qui nous remue. Saint Marc est réputé pour aller directement au but.

Nous pouvons diviser ce passage de l’évangile en trois parties.

 

La première partie concerne les missions publiques de Notre Seigneur et de ses disciples. Jésus avait tellement de monde autour de lui qu’il ne pouvait même pas manger. C’est dire à quel point cette mission est une réussite. Le peuple reconnaît en Jésus, le Messie, celui qui doit venir. Il procure des guérisons, il opère des miracles, il accomplit les prophéties. La foule est ravie, et tout le monde veut toucher ou être au plus près de Notre Seigneur.

Mais – il y a toujours un mais, dans les histoires – les chefs des scribes, les pharisiens ne voient pas les choses du même œil que le peuple qui aime Jésus. Ils ont un pouvoir à conserver, une vie religieuse à faire subsister, car là réside tout leur pouvoir et toute leur puissance. On voit donc ces hommes dire, en observant Jésus, qu’il a perdu la tête. Mais comment a-t-il perdu la tête? Car Il fait des miracles, la foule est autour de lui, ne le laissant ni boire, ni manger, ni dormir, ni vivre, tellement cette foule a compris qui Il était, et c’est bien le malheur pour les chefs des scribes et les pharisiens.

Ces hommes ne cherchent pas la Vérité, ne supportent pas la lumière de la Vérité. Lorsqu’on lit les écrits de commentaires juifs, on se rend compte à quel point Notre Seigneur avait  tout préparé pour présenter  la notion de Trinité, la notion d’un Messie très particulier qui aurait une nature divine. Il fallait simplement l’accepter et l’accueillir.

C’était la difficulté  pour ces chefs, alors ils vont commencer à mentir, à inventer des histoires, à calomnier celui dont ils ne voulaient pas. Alors, ils vont  le traiter de fou, vont même jusqu’à le traiter de possédé, lui qui n’a jamais péché, lui qui est venu pour nous sauver, lui qui passe son temps à faire des exorcismes avec des hommes enchaînés tant ils sont pris par le démon. On voit le ridicule, l’aberration de la proposition, et Notre Seigneur va retourner l’argument  et va dire que Satan et son royaume sont également divisés.

 

Dans la deuxième partie de l’évangile, Notre Seigneur va faire appel à une notion très présente dans la morale catholique. Il s’agit de ce que Jésus appelle le péché contre l’Esprit Saint. Pourquoi Notre Seigneur, après avoir été pris à parti par les chefs de scribes et les pharisiens, nous parle-t-il de ce fameux péché contre l’Esprit Saint, que Dieu, lui-même, ne peut pas pardonner ? Le Seigneur nous dit que tout péché, blasphème pourra être pardonné – à condition que les hommes en aient la contrition et le ferme propos – à l’exception de celui-ci. Ce n’est pas que le Seigneur ne veuille pas pardonner ce péché. Le problème, c’est que la racine même de ce que l’on appelle le péché contre l’Esprit Saint ne permet pas à la grâce du Seigneur de passer. L’esprit et l’âme sont complètement fermés. Selon la théologie classique, on rapporte six péchés contre l’Esprit Saint. Celui qui nous intéresse aujourd’hui est le troisième : le péché de ne pas accueillir la Vérité, la réticence à reconnaître la Vérité. On voit de manière flagrante, cette belle démonstration que ces chefs de scribes et de pharisiens ne veulent pas accueillir la Vérité. Ils auraient attendu un Messie prêt à en découdre contre les Romains, à les mettre dehors, afin de pouvoir revenir à la splendeur de Salomon, et de nouveau ériger un temple aussi puissamment que celui du Salomon de l’époque. Mais ce n’est pas le cas. Ils refusent d’accepter la vérité que Dieu nous donne. Jésus n’a-t-il pas dit : “Je suis le chemin, la vérité, et la vie.”

 

Dans la troisième partie de cet évangile, Jésus va nous dire quels sont les disciples que son cœur aime. Si la sainte Trinité a créé l’humanité, c’est pour un seul motif, un motif capricieux en quelque sorte, un caprice du roi. Ce caprice, c’est d’aimer à la folie des créatures comme nous. Dieu nous aime infiniment, pourquoi, comment  ? Nous le saurons quand nous le verrons, mais Il nous aime. Jésus va ici décrire le comportement qu’il nous faut avoir pour permettre à Dieu de nous aimer sans contradiction. Jésus va utiliser des méthodes de rabbin pharisien. C’est la raison pour laquelle il faut faire attention, lorsqu’on lit les Saintes Ecritures. Il faut toujours tenir compte de cette méthode de Jésus pour bien comprendre ce qu’il dit. Si on prend au pied de la lettre ce qu’il dit et que l’on ne distingue pas les préceptes et les conseils, on n’y comprend plus rien et l’on risque de tomber dans une compréhension catastrophique de la Parole de Dieu. Notre Seigneur provoque l’auditoire, en disant des choses qui vont faire réagir. La preuve c’est que ce que Jésus nous dit ici fait réagir les catholiques. C’est normal, c’est le but recherché.

Comment, alors que Notre Seigneur est prévenu que sa mère, et ses frères (ses cousins bien-sûr) sont là, peut-il dire d’un ton méprisant “Qui est ma mère? Qui sont mes frères ? On parle de la Vierge Marie, celle qui a porté l’Enfant Jésus, celle qui a vécu les épisodes les plus difficiles avec Notre Seigneur et qui va vivre encore la Passion de Notre Seigneur. Notre Seigneur rejetterait sa Mère ? Quelle honte ! Si nous ne disons pas cela,  nous n’entrons pas dans le jeu de ce rabbin pharisien qu’est Notre Seigneur, qui parle en utilisant une dialectique précise. C’est uniquement un argument rhétorique qu’utilise Jésus. Il parle de sa sainte Mère et l’exclut dans un premier temps. Ici c’est un nouveau discours. Dans le judaïsme, la famille de sang, c’est tout. Elle a une place essentielle. Un homme doit se marier,  une femme doit se marier, et on doit avoir des enfants. Notre Seigneur relativise une vérité absolue qui existe pour les juifs. Il va établir une nouvelle relation. Ceux qui sont de ma famille, dit-il, sont ceux qui font la volonté de Dieu.

Faire la volonté de Dieu, mes amis, c’est dans toutes les situations rechercher quelle est la volonté de Dieu, obéir aux commandements de Dieu, à la loi de Dieu.

Notre Seigneur nous demande d’apprendre la vérité qu’ Il nous a enseignée.

Dans son raisonnement, Notre Seigneur a d’abord rejeté sa Mère, mais pour mieux la réintégrer dans sa famille. Car avant d’être sa Mère, elle est d’abord celle, pleine de grâce, qui n’est pas marquée par le péché originel – d’où la première lecture que nous avons eue, concernant le péché d’Adam et Eve –

Elle n’a aucune accointance avec le mal, comme Notre Seigneur, et donc évidemment, elle est de la famille de Notre Seigneur, et plus encore que si elle n’avait qu’un simple rapport de sang , même si c’est sa Mère.

 

Voici les trois grandes leçons de Notre Seigneur ici dans ces trois parties de l’évangile. Nous apprenons ce que nous devons être pour plaire à Notre Seigneur. Demandons à la Vierge Marie d’être de fidèles disciples de Notre Seigneur et d’être capables de toujours faire sa volonté.

Amen

Olivier Horovitz Diocèse de Paris Religieuses Assomption Consacrées de Regnum Christi

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.