La lèpre. Nous sommes moins sensibilisés qu’à l’époque de Jésus par ce fléau qui touche encore des millions de personnes sur notre terre. Nous le savons dans la Bible, la lèpre est très présente. C’est une maladie terrible, extrêmement contagieuse,
- qui coupe le rapport avec les autres,
- qui coupe aussi la relation avec Dieu. On n’a plus le droit d’aller prier au temple.
- qui exclut de la communauté.
Et la lèpre surtout est le symbole de la malédiction de Dieu. Pour le juif, pour le croyant de la Bible, la lèpre est cette maladie qui est un reflet de l’âme, du péché. Jésus rencontre ces dix hommes lépreux en allant vers Jérusalem, en marchant. Et je voudrais tirer trois enseignements, trois attitudes pour nous, de cette rencontre que Jésus fait, de cette purification et de cette guérison qu’il opère.
Première attitude : Être dans la reconnaissance, dans la gratitude
Je commencerai par la fin de cet Évangile ; être dans la reconnaissance, être dans la gratitude. Un seul sur les dix lépreux va au temple pour rendre gloire, pour rendre grâce, pour remercier Dieu. Un seul ! Et celui-là – je ne sais pas si vous avez fait attention à cela- est le seul à être purifié et à être sauvé. “Va, ta foi t’a sauvé”, dit Jésus à la fin de l’Évangile. C’est une rencontre vraiment profonde, intérieure, qui le relève, qui le ressuscite.
La reconnaissance, la gratitude, c’est peut-être l’attitude la plus importante, la plus fondamentale de notre vie chrétienne. Vous êtes à la messe, aujourd’hui, et vous venez participer à une action de grâce – l’Eucharistie vous le savez, veut dire action de grâce.- Nous nous unissons à l’action de grâce sacrificielle du Christ. Oui, c’est cette attitude première qui doit être fondamentale dans notre vie chrétienne.
Nous sommes tellement dans l’esprit de nous débrouiller tout seuls. Nous n’avons besoin que de peu de monde, pour mener notre vie. Nous voulons tellement être indépendants. Et pourtant, il nous faut nous rendre compte que nous recevons tout. Nous recevons tout des autres. Nous recevons tout de Dieu. Nous recevons la vie, nous recevons l’amour. Nous recevons ces relations qui font que nous sommes vraiment hommes et femmes. Oui tout nous est donné. Tout est cadeau !
Alors, il nous faut être dans le premier sens de la reconnaissance, être dans cette attitude d’action de grâce.
Premier sens de reconnaissance : c’est la gratitude, la reconnaissance profonde. Réinjecter de la gratitude dans votre vie. Votre vie en sera transformée. Gratitude, même quand la vie est difficile, même quand les autres vous ennuient et vous embêtent. Il y a mille occasions d’être dans l’émerveillement et dans la gratitude.
Deuxième sens de reconnaissance : c’est la découverte que Dieu est au centre.
Reconnaître dans le discernement que Dieu est vraiment à la source et au but de notre vie. La découverte et l’assurance : reconnaître que Dieu nous donne tout, que Dieu assume tout.
Reconnaissance dans l’action de grâce : savoir louer Dieu, le remercier, remercier les autres. C’est l’attitude du lépreux, le dixième, un samaritain de surcroît qui vient ainsi rendre grâce à Dieu au temple.
Deuxième attitude : être dans la confiance.
QQA ! Quoi qu’il arrive ! Être dans la confiance ! Ces lépreux s’approchent de Jésus. Ils savent qu’il peut faire quelque chose. Leur confiance est grande. Comme d’innombrables autres, dans l’évangile, ils s’approchent de Jésus et souvent Jésus leur dit : “ Confiance. Ta foi t’a sauvé ! Confiance !” Cette confiance est bien mise à l’épreuve. Il n’y a pas besoin de faire de dessins, pour dire que le mal est autour de nous, le mal est présent dans la guerre, dans les soulèvements. Le mal est présent dans la vie quotidienne. Le mal est présent en nous. Et puis aussi, les déséquilibres politiques que notre pays connaît en ce moment, nous font comprendre qu’il est difficile d’être dans cette confiance.
La foi chrétienne n’a pas de réponse toute faite. La foi chrétienne nous invite à entrer dans la confiance, malgré tout. La confiance, c’est se rendre compte que l’on ne discute pas avec l’action. On ne discute pas avec le mal. On ne discute pas avec ceux qui sont à l’origine du mal, mais on entre dans une lutte. Oui, avec Jésus ! Sachant que nous ne sommes pas faits pour le mal, nous sommes faits pour le bien. Nous sommes faits, orientés, façonnés pour cela.
Dieu est la source de tout. Et nous sommes entre ses mains.
Confiance, QQA ! Quoi qu’il arrive, dans la famille, dans le couple, dans les relations avec les enfants, avec les amis, dans la société, dans ce qui se passe dans le monde. Confiance malgré tout ! Confiance qui nous permet d’avancer, de ne pas abandonner, de ne pas nous replier sur nous-mêmes. Et de garder au cœur ce lien, cette assurance que Dieu connaît notre vie, qu’Il sait ce dont nous avons besoin.
Oui reconnaissez, encore une fois, ce que Dieu – dans les difficultés que nous pouvons traverser, que nous pouvons connaître-, accomplit. Dieu nous donne tout de même des signes de Sa présence, de Son action : signes qui peuvent nous mettre en confiance absolument.
La troisième attitude, celle qu’accomplit Jésus tout simplement, c’est de prendre soin.
Que fait Jésus dans cet Évangile? Il prend soin de dix malheureux lépreux, comme il prend soin de tous ceux qui s’approchent de lui dans l’Évangile. Cette attitude est profondément humaine et divine. Prendre soin, c’est aimer. Être bienveillant, – étymologiquement, c’est veiller bien sur les personnes.-
Si nous pouvions, frères et sœurs, au moins dans l’Église, dans notre communauté chrétienne, dans notre paroisse, veiller les uns sur les autres. Les plus jeunes sur les plus âgés, les plus âgés sur les couples, chacun, nous avons ce regard où nous pouvons prendre soin les uns des autres. Si à la sortie de la messe, vous pouviez, non seulement retrouver vos amis, ceux que vous connaissez, mais aussi chaque dimanche et je vous invite à cela : si vous pouviez ne pas rentrer chez vous, sans avoir parlé à une personne que vous ne connaissez pas. À une nouvelle personne ! Dire : bonjour, d’où venez-vous, heureux de vous accueillir ici !
Prendre soin les uns des autres, cela passe par ces petites attentions, ces petits gestes et notre paroisse doit en être l’exemple. Ce “prendre soin” doit pouvoir s’exercer. Alors, prenez ce petit exercice, et ne rentrez pas chez vous sans avoir parlé à une personne nouvelle à la sortie de la messe.
Seigneur, nous te rendons grâce. Oui, nous voulons être comme ce dixième lépreux, qui revient vers toi, nous venons tout remettre entre tes mains.
Apprends-nous à être dans la reconnaissance de ce que tu nous donnes, dans la reconnaissance, dans la découverte que Dieu est le centre de tout.
Apprends-nous à avoir confiance, quoi qu’il arrive, dans les événements de notre vie, de notre monde, autour de nous.
Apprends-nous à prendre soin les uns des autres, en étant attentifs comme toi, bienveillants, en voulant le bien, sachant que le bien suprême c’est de t’annoncer, de rayonner et de témoigner de ce que tu nous donnes, et de donner le Christ aux autres, par ce que nous sommes.
Oui, béni sois-tu Seigneur, que ton Esprit Saint nous accompagne sur ce chemin.
Amen
Un commentaire