Mes amis, avez-vous prié hier soir, avant de vous endormir ? Mes amis, avez-vous prié ce matin pour commencer ce dimanche, avant de venir à la messe ?
Jésus nous invite, vous l’avez entendu, à prier sans relâche, sans nous décourager, car il le sait bien, pour nous la prière est un combat. Il y a cette question éternelle qui traverse notre tête et notre cœur, je prie mais rien ne change. Dieu semble silencieux. Et souvent, ce sont des alibis pour que nous arrêtions de prier.
Oui la prière est une décision vraiment. Et dans cette parabole, Jésus éclaire cette question, en nous disant que si Dieu était un juge injuste même dans ces conditions, Il vous donnerait ce que vous demandez ! A fortiori, comme il n’est pas un juge injuste, il entend votre prière.
Alors mes trois points, aujourd’hui seront une question et une réponse à deux difficultés.
Une question : à quoi cela sert de prier ?
À quoi cela sert de consacrer chaque jour, un petit temps ou un grand temps à la prière ?
Nous le savons, la prière va venir creuser en nous le désir de Dieu. Nous le savons, elle va ouvrir notre cœur à la présence de Dieu. Plus l’on prie, plus l’on a envie de prier. Moins l’on prie, moins l’on a envie de prier. Dieu, qui est un infini d’amour, ne peut se conjoindre qu’à un désir d’amour. Et la prière va laisser monter en nous ce désir de Dieu. Ce désir de Dieu va nous mettre dans la présence de Dieu, éternellement présent à chacun d’entre nous, à chacune de nos vies. Ainsi la prière va augmenter en nous la foi, va augmenter en nous l’espérance, va fortifier en nous la charité. “Le Fils de l’homme trouvera-t-il encore sur terre, la foi quand il viendra ?” C’est-à-dire, est-ce que les hommes auront – par la prière et leur pratique de la charité -, creusé en eux ce désir d’accueillir le Seigneur.
Oui, la prière n’est pas obligatoire, frères et sœurs, elle est vitale pour la vie de notre âme. Notre personne humaine est faite d’un corps, d’un esprit et d’une âme, qu’il faut nourrir, comme nous nourrissons notre corps et notre esprit. C’est la partie la plus essentielle de notre être, peut-être la plus caractéristique du genre humain qui est l’âme.
Oui, la prière ainsi est la force non seulement pour le combat, la force pour traverser les épreuves, mais aussi la nourriture essentielle qui nous met en présence de Dieu.
Voilà pourquoi il faut prier. C’est une réponse toute simple à une question si forte. Il y a deux difficultés que nous rencontrons dans l’exercice de la prière.
La première difficulté : comment être fidèle, comment persévérer dans la prière ?
Nous savons bien que lorsque nous prions, nous baissons assez vite la garde, les bras. La prière tient, si nous avons pris la décision vraiment de prier. Le mot important c’est vraiment. Souvent nos décisions de prier, peut-être après la messe, peut-être après une conférence, ou un temps fort, sont molles ou tièdes. La décision est appelée à être forte et renouvelée sans cesse. Peut-être que si nous ne prions pas assez, ou si nous abandonnons la prière, c’est parce que nous ne croyons pas assez que Dieu nous aime d’un amour infini. Nous ne réalisons pas assez combien nous sommes aimés, parce que la prière est une réponse à cet amour de Dieu. Si nous réalisons que nous sommes aimés, alors nous voulons avoir le cœur ouvert pour que cette relation d’amour se fortifie, qu’elle nous aide, qu’elle nous accompagne, qu’elle nous éclaire. Le but de la prière, c’est de pouvoir aimer. La prière est faite pour augmenter notre amour.
Oui, que notre fidélité, que notre persévérance dans la prière soient fondées sur cette conviction que nous sommes aimés d’un amour infini, bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer.
La deuxième difficulté que nous rencontrons dans la prière, est la recherche d’émotions.
C’est que nous avons toujours envie de ressentir quelque chose dans la prière, d’avoir des émotions dans la prière et lorsque nous n’en avons pas, le plus souvent, alors nous arrêtons de prier.
Car la prière ce n’est pas d’abord sentir, c’est consentir à la présence de Dieu, c’est même consentir à ne rien sentir du tout. Le chemin ordinaire de la prière, c’est de ne pas sentir.
Si Dieu veut nous donner quelques grâces et si nous réalisons que nous avons des émotions intérieures tant mieux, mais il faut consentir à ne rien sentir, à traverser les épreuves, les étapes de notre existence, ainsi liés au Seigneur, qui par la prière vient nourrir notre vie, vient nourrir notre cœur.
Claire de Castelbajac, cette petite sainte morte à 22 ans, disait très joliment : « avant de prendre une décision importante , dis lentement un Notre Père et tu seras sûr de ne pas faire de gaffes! » C’est tout simple ! Sans cesse, se mettre dans toutes les étapes de notre existence, ainsi en liaison avec Celui qui est la source, la force par excellence, sans chercher d’abord les émotions, sans chercher à sentir quelque chose, mais par la foi nous tenir en relation avec Lui.
J’aime beaucoup cette image du baiser.
Le baiser c’est quoi ? C’est un échange des souffles, un échange des respirations et je vais ainsi me situer en l’autre, mon centre va devenir en l’autre, et cela dit quelque chose de la prière.
Dans la prière, je ne vais pas chercher à me concentrer, je vais plutôt chercher à me décentrer, à prendre mon appui sur l’Autre avec un grand A. L’Autre qui est Dieu ! C’est l’échange des souffles, où je remets mon souffle, ma vie même entre les mains de Dieu. Et Lui me remet Son souffle, qui est l’Esprit Saint. Comme le baiser, c’est l’échange des souffles qui se réalise profondément dans la prière. Alors si nous réalisons un peu plus cela, ne trouvons nous pas le temps de prier, frères et sœurs ? J’ai eu une journée tellement pleine, je n’ai pas trouvé le temps de prier… Mais réalisez un petit peu ! Il y a combien de quarts d’heures dans une journée ? Il y a 96 quarts d’heure ! Arrondissons à 100 : si on prend un quart d’heure par jour, ça fait 1 % de notre temps pour prier, pour l’essentiel et 99% pour le reste ! Et nous ne trouvons pas le temps, ce 1 % pour nous brancher sur l’essentiel ? Restez sur cette question !
Voilà notre SMIC – somme minimum d’instants célestes -, qui doit nous motiver chaque jour.
Que cette semaine qui va nous conduire progressivement vers la belle fête de la Toussaint, nous aide dans notre vocation à la sainteté à accueillir cette volonté, cette lumière, cet amour de Dieu, dans ce quart d’heure donné chaque jour. Que nous soyons simplement nourris, comme nous le voulons à la lumière, à l’amour de Dieu.
Oui, béni sois-tu Seigneur de nous encourager, de nous fortifier, de nous secouer dans la demande de prier, dans Ton appel à être fidèle à la prière, sans jamais nous décourager.
Béni sois-tu, mais surtout donne-nous Ton souffle – alors que nous remettons notre vie entre tes mains – Donne-nous Ton souffle, Ton Esprit Saint qui est le maître de notre prière et qui nous apprend à dire avec toi, Notre Père.
Amen.
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