Notre devoir missionnaire

Homélie du Père Aubin dimanche 11 octobre, 28ème dimanche ordinaire.

 

Bien chers frères et sœurs dans le Christ,

Cela fait déjà 3 ou 4 dimanches que les Evangiles nous présentent des Paraboles, ces discours pleins de métaphores que Jésus utilise pour faire passer son enseignement. Et ces Paraboles s’adressent à un auditoire bien ciblé. Jésus disait ces Paraboles aux scribes, et aux pharisiens, et aux grands prêtres du peuple, de grands savants, connaisseurs et interprètes de la Loi, chefs spirituels qui enseignent dans la chaire de Moïse.

Jésus leur parle du Royaume des cieux : « le Royaume des cieux est comparable à…. ». Voilà comment Jésus introduit sa parole, il est dans une forme de comparaison. Cela sous-entend que les enseignements de ces scribes et de ces pharisiens véhiculaient un message, une vérité contraire à la réalité concrète de ce Royaume de Dieu, selon le cœur même de Dieu.

Que pouvons nous retenir des paraboles, il s’agit bien de 2 paraboles en ce 28ème dimanche ?

Le Royaume des cieux, dit Jésus, est comparable à un roi qui célébra les noces de son Fils. Cette image symbolique des noces court comme un « fil d’or » dans toute la Bible (Osée 1-3 ; Isaïe 54, 4-8, Jean 3, 29, etc…)

Le roi céleste qui célèbre les noces de son fils, nous sommes là dans une belle histoire d’amour. Le fils épouse sa fiancée qu’il aime passionnément. Et cette fiancée, c’est l’humanité, vous et moi, nous tous frères et sœurs, Fratelli Tutti. C’est le titre de la nouvelle encyclique du Pape François, publiée le 4 octobre, en la mémoire de saint François d’Assise. Les relations entre Dieu et nous sont à prendre comme une alliance, des épousailles, le Transcendant qui descend jusqu’à nous, qui se fait proche de nous, qui entretient une relation de proximité, une relation d’amour avec nous. Cette belle introduction pour parler de notre relation avec Dieu nous invite à changer notre vision de la religion comprise bien souvent comme se résumant à ses vérités à croire, à ses dogmes, à ses préceptes moraux à observer. Cette religion est plutôt à prendre comme une histoire d’amour, un cœur à cœur avec le Seigneur. Il s’agit bien d’un banquet : une fois le banquet préparé, une fois que tout est mis en place pour ce festin de de viandes grasses et succulentes et de vins capiteux -comme l’image que nous donne Isaïe dans la première lecture-  le roi céleste envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités. Et ceux-ci refusèrent. Malgré le refus des invités, le roi céleste réitère son invitation à 3 reprises comme dans la parabole des vignerons homicides que nous avons méditée dimanche dernier.

Ces invités c’est nous tous. Dieu nous tend la main, malgré nos hésitations, nos refus, Il se tient toujours à la porte de nos coeurs et Il frappe : nous voyons là, la bonté, l’amour, la bienveillance de Dieu qui persiste comme pour nous extraire de nos lieux d’errance et nous faire revenir à Lui. « Voici je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi » (Livre de l’Apocalypse3, 20). Dieu se tient à la porte de nos cœurs et Il frappe : osons Lui ouvrir la porte. Osons répondre à son invitation. Nul n’est exclu de l’invitation de Dieu. Lui qui veut que toute l’humanité jouisse des grâces de ces épousailles, de cette alliance marquée par l’incarnation de son Fils l’unique. Dieu nous a tout donné en Jésus le Fils unique. Le salut, comme le pensent et l’enseignent les scribes et les grands prêtres n’est pas exclusivement réservé au peuple de la première alliance. Les paroles du Christ dans la parabole sont claires : « Allez donc à la croisée des chemins ; tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce ». C’est donc toute l’humanité que Dieu veut rassembler autour de Lui. (Isaïe l’avait prophétisé dans la première lecture lorsqu’il nous dit si bien : « le Seigneur de l’univers préparera pour tous les peuples sur sa montagne un festin de viandes grasses, de viandes succulentes, et de vins décantés ».)

Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Le salut n’est pas exclusivement réservé au seul peuple de l’alliance. Et Il envoie dans la parabole des serviteurs comme pour distribuer ses cartes d’invitation.

Qui sont ces serviteurs que le roi céleste envoie à la croisée des chemins ?

C’est nous tous appelés au baptême. Ce baptême qui nous a tous configurés à Jésus qui est prêtre, prophète et roi. Baptisés, appelés à une mission. C’est la mission de l’Eglise, notre mission à tous, qui consiste à être les messagers de cette invitation. C’est notre devoir missionnaire qui consiste à être les témoins du Christ Jésus, à annoncer la bonne nouvelle du salut. L’Esprit Saint a fait de nous des disciples du Christ envoyés en son nom, envoyés en mission. Tout chrétien est appelé à être missionnaire. En ce mois d’octobre, mois du rosaire et mois de la mission, l’Eglise nous invite à réfléchir sur la mission pendant cette semaine missionnaire mondiale du 11 au 18 octobre avec pour thème : « Me voici, envoie-moi » ( Isaïe 6,8).

C’est la réponse que Dieu attend de nous. Répondons Lui: « Seigneur, me voici. Envoie-moi ! ». Nous sommes tous envoyés pour témoigner de cette fraternité universelle à laquelle le Saint Père nous convie dans son encyclique. Puisque nous sommes envoyés, c’est nécessairement pour délivrer un message, et si le Saint Père a fait sortir son encyclique bien avant la commémoration de cette semaine missionnaire mondiale ce n’est pas anodin, c’est sûrement pour que nous prenions connaissance du message et pour l’annoncer.

Je cite juste un numéro le N°276 : « Et comme Marie, la mère de Jésus, nous voulons être une Eglise qui sert, qui sort de chez elle, qui sort de ses temples, qui sort de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir l’espérance, être signe d’unité, pour bâtir des ponts, abattre des murs, semer la réconciliation ».

Cela peut être le message à porter à nos frères qui en ont besoin. Être des semeurs de joie, d’espérance dans nos familles, dans notre milieu professionnel, semer cette joie, cette espérance autour de nous.

Saurons nous répondre à cette invitation du Seigneur ou comme les invités de la parabole opposerons nous un refus avec nos excuses de toujours : le manque de temps, de disponibilité pour la mission ?

En écoutant cette parabole, il y a de quoi rendre grâce au Seigneur qui nous convie tous à son banquet. La dernière consigne du roi à ses serviteurs était : « allez et conviez les invités ». « Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais et les bons, et la salle des noces fut remplie de convives ».

Cette salle de noces, nous pouvons y voir l’image de l’Eglise.

L’Eglise est sainte, parce que c’est le corps mystique du Christ, mais l’Eglise c’est une communauté de pécheurs. Comme ces scribes et pharisiens qui prêchent un certain puritanisme : ils critiquent Jésus qui fait bon accueil aux pécheurs et aux publicains. Dieu ne nous a pas appelés en vue de la mission parce que nous sommes des justes, mais par pure miséricorde et bienveillance. Pécheurs que nous sommes, Il nous a appelés et associés à cette mission en vue de notre sanctification. Dieu nous appelle tels que nous sommes. Il nous aime tels que nous sommes. Il nous appelle à la conversion, à revenir à Lui. Osons donc croire à son amour, en cette grâce qui nous précède dans notre vie de chrétien.

Le salut de Dieu nous est gratuitement offert sans aucun mérite de notre part. Généreusement invités au banquet, tâchons toujours avec le secours de la grâce de Dieu d’en être « dignes » en portant le vêtement de noces. Ce salut nous est gratuitement offert, mais il n’est jamais automatique, il faut y correspondre en vivant de l’Evangile d’amour, en revêtant ce que saint Paul appelle (en Gal 3, 27) « l’homme nouveau ». Tout à l’heure, au moment de l’élévation le célébrant dira « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau ». Avec foi, confiance et espérance, osons répondre : “ Seigneur, nous ne sommes pas dignes de te recevoir, mais dis seulement une parole et nous serons sauvés “.

Amen

 

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