Homélie du 29e dimanche du Temps Ordinaire B
Le chemin de la grandeur passe par l’abaissement
Frères et sœurs,
En ce vingt-neuvième dimanche du temps ordinaire, l’Église nous invite à une profonde réflexion sur la grandeur, sur ce désir inhérent à l’homme de se surpasser, d’être reconnu, d’atteindre des sommets. Elle nous invite également à réfléchir sur ce désir ardent de recevoir, à la fin de notre vie, la couronne de gloire dans le Royaume des Cieux. Mais ce chemin de grandeur passe, paradoxalement, par l’abaissement et l’humilité. Les lectures de ce jour, tirées de l’Évangile selon Marc (10, 35-45), du prophète Isaïe (53, 10-11) et de l’épître aux Hébreux (4, 14-16), nous éclairent sur le chemin paradoxal vers cette grandeur : un chemin qui passe par l’abaissement, à l’image et à l’exemple de Jésus-Christ.
Dans l’Évangile, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, sollicitent auprès de Jésus les places les plus prestigieuses dans son Royaume. Ils aspirent à la grandeur, à la puissance et à la domination. Leur requête révèle une ambition humaine, compréhensible, mais fondamentalement erronée. Jésus, loin de les réprimander brutalement, leur répond avec une sagesse qui les bouleverse : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous (Mc 10, 42-44). »
Ce renversement des valeurs est au cœur même du message de Jésus. La vraie grandeur ne se mesure pas à la puissance, à la richesse ou à la reconnaissance humaine, mais à l’humilité et au service. Elle se trouve dans l’abaissement, dans le don de soi pour les autres. Jésus lui-même, le modèle parfait, nous le montre. Il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10,45). Et on peut ajouter sans se tromper que Jésus est venu, non pour se servir et être servi, mais pour servir les autres et donner sa propre vie pour sauver le monde.
Dans le passage de la première lecture tiré du livre d’Isaïe (53, 10-11), le prophète décrit le Serviteur souffrant, dont la vie illustre parfaitement cet abaissement volontaire. Malgré son innocence, il est humilié, persécuté, et finalement livré à la mort. Mais c’est précisément dans cet abaissement qu’il trouve sa véritable grandeur. Sa souffrance rédemptrice, son sacrifice d’amour, devient la source de la vie et du salut pour tous. Il est élevé par Dieu, non pour son pouvoir, mais pour son amour et son obéissance.
L’épître aux Hébreux (4, 14-16) nous rappelle que nous avons un grand prêtre, Jésus-Christ, qui a connu les épreuves et les souffrances humaines. Il est donc en mesure de comprendre nos faiblesses et nos tentations, et il est capable de nous secourir dans nos moments de détresse. En s’abaissant jusqu’à la mort sur la croix, il nous a ouvert la voie vers Dieu et nous permet d’approcher le trône de la grâce avec confiance.
Frères et sœurs, le chemin vers la vraie grandeur passe par l’humilité, le service et le don de soi. Il s’agit d’un chemin paradoxal, qui exige de renoncer à nos ambitions égoïstes pour embrasser la voie de l’amour. En imitant Jésus-Christ, en nous abaissant pour servir nos frères et sœurs, nous trouverons la vraie grandeur, la joie profonde et durable que le monde ne peut nous donner.
Jésus a passé sa vie sur terre à faire le bien. Partout où il passait, il guérissait les malades, nourrissait les affamés et lavait les pieds de ses disciples. Il s’est montré proche des petits, des pauvres, de la veuve et de l’orphelin, et il a partagé dans la compassion leurs douleurs. Jésus a fait l’expérience du dénuement et du rejet. À sa suite, nous sommes invités à faire de même.
Vivre concrètement aujourd’hui le chemin d’abaissement et de service qui nous élève vers la grandeur de Dieu demande une transformation intérieure et une implication active dans le monde en se mettant au service des autres par un engagement régulier. Cela passe par une implication régulière dans une association caritative, par exemple, mais aussi par la prière pour les personnes victimes d’injustice, par le bénévolat, par le don de son temps et de ses compétences à une cause qui nous tient à cœur, par l’attention portée aux besoins des personnes de notre entourage (famille, amis, collègues), et par une écoute active de ceux qui souffrent. Ce sont ces petits gestes de bonté et de générosité, accomplis avec humilité, compassion et simplicité, qui changent tout et qui font la différence.
Ce chemin d’abaissement et de service n’est pas toujours facile. Il demande du courage, de la persévérance et une transformation continue du cœur. Mais il est aussi une source de joie profonde, de paix intérieure et d’accomplissement spirituel. En suivant l’exemple de Jésus, nous pouvons découvrir la véritable grandeur qui réside dans l’amour, le service et l’humilité. Notre monde juge le christianisme à travers ceux qui le pratiquent, donc à travers nous. Notre première tâche c’est de poursuivre la mission du Christ. Demandons au Seigneur sa grâce pour être dans le monde de vrais témoins de sa mission. Amen.
Père Jean-Valère Kouwama
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