Assez souvent, frères et sœurs, nous, prêtres, entendons de la part des fidèles : “Mon Père, toutes ses lectures que nous entendons à la messe, sont souvent bien difficiles. Et nous n’y comprenons pas grand chose.” Ce n’est pas vrai, heureusement, pour toutes les lectures et je ne voudrais pas qu’aujourd’hui vous leviez les bras au ciel en disant “encore un évangile tellement surprenant que l’on se demande ce qu’il peut nous dire pour notre vie de tous les jours.”
Et pourtant, ces deux petits récits mis ensemble dans l’évangile – qui ont à priori peu à voir l’un avec l’autre- nous transmettent deux messages essentiels. L’un pour nous encourager, l’autre pour nous mettre en garde.
Premier message pour nous encourager
Premier message dans cet évangile que nous venons d’entendre et ça tombe bien en début d’année pour nous encourager.
La foi ! Est-ce que finalement, les croyants, ceux qui ont la foi, ont tant changé le monde depuis 2000 et même avant ? Est-ce que la foi a bouleversé l’histoire de l’humanité ? Des questions qui peuvent traverser notre esprit, notre cœur.
Et puis aussi certains se demandent. “Est-ce que j’ai vraiment la foi ?” “Mon Père, vous avez bien de la chance d’avoir la foi.” Comme si la foi était un ticket gagnant au loto ou à la loterie. Et pourtant, quand Jésus parle de la foi aujourd’hui, il va en parler d’une manière très spéciale, non pas en termes de quantité mais en termes de qualité.
Et pour cela il va employer deux images extrêmes qui sont très éclairantes. “Une toute petite graine”. Et “un grand arbre”. Deux images qui vont dire ce qu’est la foi et comment agit la foi. La petite graine, c’est ce qui passe inaperçu au départ. D’autres images de l’Évangile sont prises aussi pour exprimer la foi, une pincée de sel qui donne de la saveur à l’ensemble,ou une poignée de levain qui fait gonfler la pâte. Ici, une toute petite graine va devenir un arbre important. Oui, la foi est une semence et peut-être, ne semble rien au départ. Lorsque des catéchumènes demandent à être baptisés, ils frappent à la porte de l’église et le prêtre leur demande : “que demandez-vous ?”, ils répondent : “ la foi.”
La foi est un don, c’est une grâce à recevoir et à demander. Ceux dont la foi semble fragile -nous sommes tous concernés-, est-ce que vous osez demander la foi ? Demandez-vous au Seigneur, qu’il augmente votre foi, comme les apôtres l’ont fait ? “Seigneur, augmente en nous la foi.”
Et puis d’un autre côté, il y a cette image très forte d’un grand arbre qui va se planter dans la mer. D’un côté, le grand arbre qui est le symbole de force, de vie par excellence. Et de l’autre côté, la mer qui est, vous le savez, dans la tradition biblique le symbole de la mort. Et là, l’image est très forte : la vie va se planter dans le décor de la mort.
La foi permet comme ce grand arbre, d’être présent et d’éclairer, de convertir ces décors de mort. Ce n’est pas que de la littérature. Pensez à de grandes actions, à de grandes figures du christianisme, pensez à un saint Vincent de Paul, pensez à une Mère Térésa penser aux moines de Tibhirine, pensez à tant et tant d’autres, pensez aujourd’hui, au bien qui se fait par des chrétiens dans une maison comme Jeanne Garnier, où la foi vient éclairer dans ce décor de mort, en donnant une espérance. Cela est fait pour nous, frères et sœurs. Alors notre foi, petite au départ, ne demande qu’à être, bien sûr, mise en valeur, qu’à croître pour devenir comme un arbre dans notre vie quotidienne, mais aussi dans ces lieux où la mort semble gagner. Non la mort ne gagnera pas, grâce aussi à la foi reçue comme une grâce. Non, la mort n’aura pas le dernier mot, c’est la foi, l’espérance et l’amour.
Voilà pour nous encourager. Et demander une foi plus forte.
Deuxième message pour nous mettre en garde
Une parole, pour nous mettre en garde. Si vous avez fait tout ce que vous deviez faire devant Dieu, considérez-vous comme des serviteurs tout simples. Comme des serviteurs inutiles. Voilà qui nous remet à notre place. Voilà qui nous remet humblement à la disposition de Dieu. Non pas que nous ne servions à rien, mais c’est Dieu qui dirige. Dieu nous fait être. Dieu nous donne d’accomplir ce que nous faisons.
Et le psaume, un psaume de la Bible dira :
Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? ( 1, Co 4, 7)
C’est Dieu qui agit. Voilà de quoi nous entraîner à la modestie, à notre juste place et sans cesse à recevoir la force d’agir.
Quand j’étais jeune prêtre, je voulais convertir le monde entier. J’ai été vite déçu et remis à ma place.
Le Seigneur ne nous demande pas de ne rien faire, il veut se servir de nous et c’est le sens de ce mois d’octobre qui est, vous le savez, dans l’Église le mois de la mission. Au début du mois de novembre, il y aura un très grand congrès-mission à Paris. Cette année, avec un grand rassemblement avec les évêques de France à Bercy, ce seront de grands moments missionnaires pour les villes de Paris et les villes de France.
Oui, le Seigneur veut se servir de nous pour être missionnaires. Et la foi ne grandit que si elle est mise en pratique. Mais c’est le Seigneur, qui lorsque nous accueillons, nous le recevons, agit par nous. Non, pas par nos propres mérites, mais par sa force, que nous laissons agir dans notre existence.
Alors tout simplement, laissons-nous encourager en ce début d’année. Prenons garde de ne pas nous appuyer sur nos propres mérites. Demandons la grâce de mettre en pratique la foi qui nous réunit, la foi que nous recevons et de la partager. La foi ne grandit que si elle est mise en pratique et partagée.
Alors frères et sœurs que cette année nous invite à vivre cette foi ensemble. Qu’ à la fin de l’année nous soyons grandis, fortifiés, et davantage rayonnants dans ce quartier et dans les différents cercles dans lesquels nous vivons.
Béni sois-tu Seigneur, pour cette parole d’encouragement et cette parole de mise en garde que tu nous adresses aujourd’hui. Sois avec nous, tous les jours de cette année où notre paroisse se met en marche et continue son chemin à ta suite. Béni sois-tu Seigneur, de nous donner la force de ton Esprit pour accueillir ce cadeau de la foi. Et celui du service humble au quotidien.
Amen.
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