Homélie du 7e dimanche de Pâques, du Père Jean Valère Kouwama

Rendre Dieu présent au monde

 

Comment rendre le Christ présent dans notre monde ? Telle est la question à laquelle nous sommes invités à réfléchir aujourd’hui. En ce septième dimanche de Pâques, nous nous situons entre l’Ascension et la Pentecôte : c’est la période de l’attente du paraclet, l’Esprit de Vérité promis par le Christ.

 

Avec l’Ascension, c’est comme si, à la fin de sa vie terrestre, le Christ s’effaçait pour nous laisser la place et le rôle de le rendre présent, de le rendre visible au monde. C’est comme si le Christ voulait que chacun de ses disciples soit le reflet authentique de sa présence dans le monde, qu’ils deviennent « d’autres Christ ». Et pour que ses disciples soient à la hauteur de cette mission, Jésus prie pour eux, il prie pour que l’amour et l’unité qu’ils auront les uns envers les autres soient le signe visible de sa présence dans le monde.

 

« Garde mes disciples unis dans ton nom, qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Sanctifie-les dans la vérité… je les ai envoyés dans le monde… qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité ». La prière de Jésus pour ses disciples est à la fois une demande et une mission. Une demande adressée à Dieu le Père mais aussi un envoi en mission de ses disciples pour qu’ils soient ses témoins. Mais Jésus sait que cette mission est difficile, les disciples seront haïs, persécutés par le monde, le monde va chercher à les diviser, mais il prie pour qu’ils soient justement, par leur unité dans ce monde, un signe authentique de son amour et de sa présence.

 

 

« Dieu, personne ne l’a jamais vu » nous dit saint Jean dans la seconde lecture. « Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection. » Dieu, personne ne l’a jamais vu, et pourtant, c’est par notre amour fraternel, notre unité, notre générosité que les hommes de notre temps le découvrent et apprennent à le connaître. Sa présence se rend visible par notre vie parce que les autres, en nous voyant vivre, reconnaissent sa présence.

 

En préparant cette homélie, un chant de Robert Lebel, composé il y a maintenant un certain temps, m’est revenu à l’esprit. Le texte du refrain de ce chant dit en effet :

 

« Je voudrais qu’en vous voyant vivre,

Étonnés, les gens puissent dire : 

Voyez comme ils s’aiment,

Voyez leur bonheur ! »

 

Et les couplets 3 et 4 du chant disent ceci :

 

Et devant tout ce que vous êtes,

Ils pourront voir les traits de Dieu. 

En voyant tout ce que vous faites, 

Ils sauront qu’il est avec eux, qu’il est avec eux. 

S’il est vrai qu’on reconnaît l’arbre,

en voyant la beauté des fruits,

Je voudrais, quand ils vous regardent

Qu’ils y voient les fruits de l’Esprit, les fruits de l’Esprit.

 

Tout est dit dans ce chant. C’est par notre vie, c’est par ce que nous affichons de nous que les autres reconnaissent les traits de Dieu, c’est par la beauté de nos fruits qu’ils sauront que Dieu demeure en nous. Posons-nous aujourd’hui la question : ma vie est-elle un exemple et un témoignage d’amour et d’unité pour les autres ? Par ma vie et mes actes ?

 

Si ma vie n’est pas cohérente avec cette figure du Christ que je dois communiquer au monde, j’induis en erreur une multitude de personnes, parce que la foi chrétienne se transmet par attraction et par imitation. Ma vie attire-t-elle les autres au Christ, est-ce que je donne aux autres l’envie, le profond désir de suivre le Christ ? Ce n’est ni simple ni évident, mais nous devons continuer à faire des efforts chaque jour en faisant confiance à l’Esprit Saint.

 

Par notre baptême et surtout par le sacrement de la confirmation, nous avons reçu l’Esprit Saint en plénitude. Nous avons été ainsi choisis et associés à la mission des apôtres pour témoigner de la résurrection et continuer la mission de Jésus. C’est ce qui est au cœur de la première lecture qui nous livre le récit du choix de Mathias pour remplacer Judas.

 

Aujourd’hui, chacun de nous représente la figure de Mathias. Nous sommes par notre baptême, élus, choisis, associés à la vie de Dieu et à la mission du Christ. À la suite du Christ et des apôtres, nous sommes appelés à devenir témoins de l’Espérance et de la joie, à vivre l’amour de manière concrète en nous engageant avec justice, compassion et miséricorde envers les plus fragiles et les exclus de nos sociétés.

Nous sommes invités à devenir bâtisseurs d’unité. Devenir bâtisseur d’unité, c’est s’engager résolument à bâtir des ponts plutôt que des murs, à tendre la main plutôt que le poing, à considérer l’autre comme un frère à aimer et non comme un ennemi à combattre, à être des signes authentiques de l’amour de Dieu qui unit et réconcilie. Surtout dans un monde dominé par une forme d’entre-soi, une sorte de cloisonnement identitaire et communautaire, une question se pose :  comment mon ouverture d’esprit, comment l’accueil que j’offre à tous, peuvent-ils devenir signe de l’amour et de la présence de Dieu ?

 

Rendre le Christ présent dans le monde, dans les lieux que je fréquente, les lieux où je travaille, les lieux où je vis. Telle est la mission qui nous est confiée aujourd’hui pour attirer le monde au Christ et lui donner le goût et le désir de Dieu. Quels choix de vie, quels actions, quelles missions vais-je accomplir dès aujourd’hui pour que le Christ se rendre véritablement présent à travers ma vie et mes actions ?

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