Êtes-vous bien entrés dans ce chemin de l’Avent ? Avez-vous pris au sérieux les appels de l’Évangile de dimanche dernier ? Veillez, priez. Comment avez-vous traduit cela cette semaine dans votre vie, dans votre journée ? Un très beau choral de Bach reprend ce thème de veiller. Ce thème de la veille est vraiment celui qui nous conduit au coeur de l’attente. Mais aujourd’hui Jean Baptiste a des paroles de feu pour continuer à nous réveiller et à préparer notre coeur de manière un peu plus rude selon sa manière de parler, lui qui est à la fois le dernier prophète de l’Ancien testament et aussi celui qui désigne le Christ.
Trois choses apparaissent importantes dans ce qu’il dit.
Il lance un appel, il ouvre un chemin et enfin il invite à une décision.
Jean Baptiste lance un appel
Nous qui croyons souvent que le péché nous colle à la peau, que nous n’arrivons pas à nous convertir, que ce sont toujours les mêmes péchés qui reviennent. Jean Baptiste nous dit : “convertissez-vous !” Ce qui veut dire: tu peux changer ta vie, tu peux te convertir, te retourner vers Dieu. Nous avons besoin d’entendre sans cesse cet appel à la conversion, qui est le cœur de l’Évangile, repris bien sûr par Jésus lui-même. « Croyez à l’Évangile, convertissez-vous ! » Oui, nous pouvons changer nos habitudes, sortir de nos ornières. Oui, nous pouvons retourner notre cœur vers la source, si nous croyons vraiment que Dieu est Dieu, qu’Il est la source de tout, qu’Il est l’amour. Je pense à cette parole de Paul Claudel devant la Vierge à Notre-Dame lorsqu’il se convertit un soir de Noël en entendant le Magnificat: « oui vraiment Dieu tu es Dieu, tout à nous ». Il le croit tout à coup ! Si nous croyons vraiment cela, alors nous ne pouvons pas rester sans vouloir correspondre à ce qu’il attend de nous.
Jean-Baptiste n’y va pas de main morte pour appeler tous ceux qui l’écoutent à la conversion, vous avez entendu ses paroles qu’il cite lui-même dans cet Évangile. Il dit que le Seigneur vient et qu’il va nettoyer son aire pour battre le grain. Il tient dans sa main la pelle à vanner, et il amassera le grain dans son grenier. La pelle à vanner est parfois encore utilisée en Israël par des agriculteurs. On ramasse le grain, on le jette en l’air, et tout ce qui est trop léger, la paille est emportée par le vent. Seul ce qui est lourd, le grain retombe dans la pelle à vanner. L’image est très forte, cela signifie que tout ce qui est trop léger dans notre vie est emporté par le vent, par le monde ambiant, par les idées dominantes. Tout ce qui n’a pas de racines ne tient pas dans notre monde. Au temps de Jésus, comme aujourd’hui, on ne peut se contenter de tout ce qui est trop léger dans la foi, » je prie quand j’ai envie »… de tout ce qui est trop léger dans la charité, » j’aime ceux qui m’aiment, qui me rendent amour pour amour, pas question de pardonner », de ce qui trop léger dans notre pratique quand nous sommes des chrétiens superficiels, venant en traînant les pieds.
Jean-Baptiste nous invite à avoir des racines, à savoir pourquoi nous sommes chrétiens, pouvant rayonner dans notre monde, en étant à la fois fermes et souples, en tenant que l’Évangile est la Parole de Dieu. Si Jean-Baptiste n’annonce qu’une parole d’homme qui n’est pas la Parole de Dieu, sa mission ne sert à rien. Imaginons aujourd’hui, si ces slogans, qui disent que toutes les religions se valent, avaient prévalu au temps de l’apôtre, il n’y aurait eu aucune évangélisation. Nous ne serions pas là.
Croyons-nous vraiment que cette parole qui nous invite à la conversion est la Parole de Dieu ? Que Celui qui est annoncé, ce n’est pas un petit homme comme nous le sommes, mais c’est vraiment l’irruption dans l’histoire, une déchirure dans l’histoire. C’est la présence de Dieu parmi nous, dans notre chair. 100% homme, 100% Dieu. Je rappelais cela tout à l’heure à des jeunes qui demandent la première communion et la confirmation, c’est cela le cœur de la foi chrétienne. Si vous croyez cela, vous êtes chrétiens.
Voilà cet appel à la conversion sans avoir peur.
Jean-Baptiste ouvre un chemin pour chacun d’entre nous.
Ce chemin est celui de la liberté et de la vérité, les paroles de Jean Baptiste ne transigent pas, que ce soit pour ses contemporains, face à Hérode, rappelez-vous, qu’il dit amoral en ayant pris la femme de son frère Philippe. Jean-Baptiste ne supporte pas la compromission, la complicité, cela est vrai en son temps, où l’on croit sans croire, mais c’est vrai aussi aujourd’hui, frères et sœurs. Nous aussi, nous sommes pris dans ces mouvements de complicité, de compromission. Les instruments que nous avons entre les mains, internet, les écrans, l’IA, peuvent être de bons serviteurs, mais aussi de très mauvais maîtres, lorsqu’ils deviennent des addictions, nous le savons bien.
Jean Baptiste nous invite dans notre vie, à être libres, à choisir la vérité, à tracer le chemin de la vérité au milieu d’une ambiance de mensonges, dans tous les domaines, dans toutes les sphères de la société. Le chrétien doit se distinguer, en particulier parmi d’autres choses par cet amour de la vérité, et ce choix libre pour la vérité.
Jean-Baptiste nous invite à une décision
Il nous invite à une décision forte, radicale, totale. Que les mots “prier”, “communion”, “pardon”, “amour”, “partage” ne soient pas des mots en l’air, des mots que l’on entend le dimanche à l’église dans l’évangile, qu’ils s’enracinent dans notre coeur, et qu’ils se pratiquent au quotidien. Il ne suffit pas de dire : “Seigneur, Seigneur “. Il faut mettre ces paroles en pratique, sinon nous sommes “ comme une maison bâtie sur le sable.” Nous sommes invités à prendre cette décision en ce temps de l’avent, de vraiment aujourd’hui prendre au sérieux ces appels de l’Évangile. Choisissez pour cette semaine, un point, un seul, “prier”, ou “pardonner”, ou “écouter”, prenez-le pour votre chemin, pour votre conversion. Jean-Baptiste nous demande d’éviter les faux semblants. Nous sommes responsables devant Dieu, ne nous dédouanons pas avec de fausses excuses.
Demandons au Seigneur, de savoir prendre des décisions.
Qu’est-ce qu’être Chrétien ? Est-ce l’émergence d’une religion comme les autres, ou l’émergence, une déchirure dans les cieux, de Dieu qui vient dans l’histoire des hommes pour la bouleverser et la changer. Est-ce l’émergence d’un bébé comme nous en voyons tous les jours ou la naissance d’un petit être hors du commun, 100% homme, 100% Dieu, qui mérite mon adoration, ma vénération, devant lequel je peux me mettre à genoux. Si nous croyons cela, si nous reconnaissons cela, nous pouvons entendre l’appel de Jean-Baptiste, nous pouvons tracer une route, nous pouvons prendre une décision pour cette semaine déjà.
C’est ce que je souhaite à chacun d’entre vous.
Demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer, de nous accompagner. Que l’Esprit du Seigneur, comme il repose sur la Vierge Marie, vienne en nous pour accueillir ce message et préparer dans notre quotidien le chemin du Seigneur qui changera notre existence.
Amen .
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