La conversion écologique

« Laudato si » et la conversion écologique

Vous le savez sans doute aujourd’hui s’ouvre la COP 26 qui succède à celle de 21 qui était la conférence de Paris. Je ne sais pas si vous avez suivi cette semaine les activités du Pape, mais il s’est beaucoup occupé de cette COP 26 et il a beaucoup travaillé, même un peu avant cette semaine puisque le 7 octobre il avait réuni pratiquement les 40 plus grands chefs spirituels du monde pour réfléchir sur le sujet, pour appeler les grands de ce monde. Cette semaine il a vu, un par un, un certain nombre des grands dirigeants et il a appelé les chrétiens à la prière aujourd’hui.

Et il me semble que cette journée nous invite à reprendre ce qui avait été dit dans cette belle encyclique de « Laudato Si » et nous appelle à la conversion écologique. Je sais que cela peut faire un peu peur ces deux mots ensemble, ils viennent du Pape François.

Mais il me semble pourtant qu’ils nous disent quelque chose de notre manière de vivre notre foi.

 

La conversion écologique, cela veut dire d’abord conversion au Père créateur

Nous disons très bien qu’il faut aimer Dieu de tout son cœur, mais c’est bien pour aimer quelqu’un de lui reconnaître un certain nombre de qualités, de reconnaître ce qu’il est profondément.

Dieu est créateur, Il a voulu ce monde et même nous dit saint Jean, Il a voulu ce monde et Il l’a fait avec le Verbe, par le Verbe, puisque le Verbe est Dieu, pour nous parler de Lui et pour nous parler d’amour.

Se convertir à Dieu créateur, c’est penser que chaque chose, chaque créature dans le monde peut nous parler de Dieu et même doit nous parler de Dieu.

Alors c’est quelquefois difficile quand il faut traverser l’avenue Marceau ! Evidemment dans l’endroit où j’habite en ce moment, en Guyane, on dit qu’il y a 400 milliards d’arbres, je ne les ai pas comptés, 17 000 essences d’arbres différentes et c’est vrai que nous sommes tentés d’admirer Dieu.

Mais la conversion écologique me semble passer par ce temps, où l’on s’arrête et où l’on admire la création. On admire ce don de Dieu et on Lui répond. Si Dieu a fait cette création pour nous parler, peut-être que c’est parce qu’Il a envie aussi que nous lui parlions d’amour.

Alors notre contemplation, notre remerciement, de toute façon, ne seront pas à la hauteur de cet immense joyau qu’est la création.

 

Le deuxième temps de la conversion écologique se passe avec le Christ

Comment dire cela ? Je vais prendre une image.

Je ne sais pas si vous avez vu des vendanges ces temps-ci ou s’il y a quelques semaines vous avez vu des moissons.  Vous êtes-vous dit que la vocation possible d’un grain de raisin ou d’un grain de blé c’est de devenir corps et sang du Christ ? J’allais dire que c’est quand même tout à fait étonnant que Le Christ ait voulu non seulement prendre notre chair, mais par le pain et le vin continuer sa présence dans ce monde. Et peut-être que c’est un signe pour nous dire, mais au fond, tout est fait pour rendre gloire à Dieu et seul le Christ peut nous permettre de rendre cette gloire à Dieu.

L’épître aux Hébreux est très claire : « C’est lui, le grand prêtre ». Le grand prêtre, c’est celui qui offre le monde à Dieu.  Nous allons le dire à la fin de la prière eucharistique : « Par lui, avec lui et en lui ». Offrir ce monde à Dieu, cela ne va pas sans difficulté parce que ce monde, il n’est pas toujours présentable, si j’ose ainsi m’exprimer, il est marqué par le péché, il est marqué par la souffrance, il est marqué par la tragédie. Et le Christ s’offre lui-même, pour transformer la créature et la rendre capable de tout.

Probablement qu’il n’y a pas de conversion écologique, sans ce regard sur le Christ qui veut transformer la création et la rendre digne du Père, j’allais dire la diviniser. D’une certaine manière, c’est ce que nous disons, quand nous disons que le Christ récapitule la création, que le corps du Christ est fait pour embrasser le monde entier. C’est tout à fait étonnant et très difficile à comprendre, mais n’empêche que nous croyons que cet homme – qui est comme nous de la poussière d’étoiles mélangée avec un peu d’eau, mais qui est en même temps Dieu – veut que toutes les poussières d’étoiles que nous sommes et que le monde est, se réunissent en lui pour être offert au Père. C’est un mystère très grand, et il me semble que quand nous parlons du Christ grand prêtre, il faut non seulement regarder qu’il est là pour dépasser le péché, mais aussi pour offrir ce monde à Dieu.

Pour cela, il nous faut nous confier à la dynamique de l’Esprit ; ce que je viens de dire, c’est relativement facile à dire, mais ce n’est pas si facile à croire. Nous pouvons l’avoir entendu plusieurs fois, mais le transformer dans notre vie, c’est difficile. Je m’arrête une seconde sur ce que j’entends à propos de l’écologie : il y a des tas de manières de parler de l’écologie, mais il y a des gens qui sont dans la catastrophe, dans la collapsologie, qui imaginent que nous ne dépasserons pas cette crise écologique.

Moi je n’en sais rien, ce que je sais, c’est que ma foi m’apprend, que je ne sais, ni le jour, ni l’heure. Je sais que ce monde passera et que nous aussi, nous passerons et que les chrétiens sont invités à regarder les choses en face, telles qu’elles sont, encore une fois je ne suis pas spécialiste, je ne sais pas comment elles sont exactement.  Mais regarder les choses en face, c’est être sûr dans la foi, que l’Esprit est là pour rassembler le monde, dans la paix, pour faire justement que ce monde soit en harmonie.

La conversion écologique passe, me semble-t-il, par l’accueil de l’Esprit et la recherche avec l’Esprit, de l’harmonie, de la paix, paix avec soi-même, paix avec Dieu le créateur, paix avec nos frères et nos sœurs, paix avec le cosmos et avec la nature. L’Esprit nous dit que ce rassemblement est possible :  il planait au-dessus des eaux depuis le début de la création, il est là, il travaille aussi nos frères et sœurs. Si nous sommes chargés de les aimer, nous ne les aimons que si nous trouvons le Christ et l’Esprit du Christ qui nous introduit vers eux mais qui est déjà en train de travailler avec eux.

Et au fond, peut-être qu’au seuil de cette COP 26, le témoignage des chrétiens que nous avons à donner, c’est l’amour profond qui transforme notre vie en témoignage de paix avec l’univers tout entier.

Au fond le témoignage que nous avons à donner, c’est celui de l’Espérance.

 

Amen

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