Homélie de la sainte Famille
Il est question aujourd’hui de la famille, de méditer sur cette réalité qu’est la famille. Vous conviendrez avec moi que l’on ne peut pas concevoir une société sans famille . Nous disons souvent et nous avons souvent entendu dire que la famille est sacrée. La famille est une réalité bien sacrée et tous d’une manière ou d’une autre nous tenons beaucoup à nos familles. Nous voyons combien nous sommes prêts à consentir à tous les sacrifices, à tous les efforts pour le bien-être de nos familles. Nombreux sont prêts à parcourir de longs kilomètres pour se retrouver avec leurs familles pour célébrer Noël. Ce temps de Noël c’est un temps de convivialité, de partage, de joie avec nos familles, tous ceux qui nous sont chers. La famille est sacrée !
Au sujet de la famille, des liens forts, entre ses différents membres, voici ce que raconte Charles Allen sur le Pape Pie X alors qu’il était encore évêque de Mantoue en Lombardie (Italie). On raconte que le Pape Pie X avait rendu un jour visite à sa mère. Pendant leur conversation, en un geste de plaisanterie, le jeune prélat montre à sa mère son bel anneau épiscopal. Elle sourit un moment puis tendant vers son fils sa main rugueuse, lui montre à son tour, sa modeste bague de mariage en disant : « Sans cette bague, tu n’aurais certainement jamais eu la tienne ». Comme pour en le taquinant lui rappeler, qu’il a fallu qu’elle le conçoive, qu’elle le mette au monde avant que ce beau projet de Dieu ne se réalise dans sa vie. Nous voyons le lien fort, très fort d’ailleurs qui unit les membres d’une famille, les enfants et leurs parents, ce lien qui est à entretenir, à protéger, dont il faut prendre soin.
Ce dimanche nous célébrons une famille, mais pas n’importe laquelle, la Sainte Famille, de Jésus, de Joseph et de Marie appelée à être le modèle par excellence de nos familles. Cette famille est sainte, parce que sanctifiée par Dieu lui-même, qui a choisi cette pauvre fille Marie, qui a conçu de l’Esprit Saint, Joseph, l’homme juste, qui a su coopérer au mystère de l’incarnation et enfin le Fils, le Christ Jésus que nous contemplons et adorons dans la crèche, Lui qui est pleinement Dieu et pleinement homme.
Célébrer la Sainte Famille, c’est tourner nos regards vers ce mystère de l’incarnation, cette fête qui à l’origine était une initiative des « associations dites de la sainte famille » qui existent encore dans certains diocèses, dans certaines paroisses. |
En Jésus, c’est Dieu lui-même qui se fait petit enfant faible et fragile. Vivre cette réalité de Noël, c’est donc accueillir Jésus qui nous rejoint et qui veut vivre en chacun de nous. Il veut être au sein de nos familles et cela ne sera possible que si nous sortons de l’agitation du monde pour nous attacher à Jésus, au Christ qui veut être au cœur de notre vie, au centre de nos vies comme le symbolise d’ailleurs notre belle crèche au beau milieu de l’église. C’est vraiment fort et symbolique, la crèche au centre de l’église pour nous signifier : « Mettez Dieu au cœur de vos vies ».
Que nous enseigne cette sainte famille à travers les textes de ce dimanche ?
Je voudrais toucher du doigt deux points.
La première et la deuxième lecture nous présentent la famille comme un école de la foi.
LA FAMILLE COMME UNE ECOLE DE LA FOI
Vous l’avez certainement remarqué. La première lecture et l’épitre aux Hébreux nous parlent d’Abraham que l’on aime bien appeler notre « ancêtre dans la foi ». Voilà un homme qui se met en route pour aller vers le pays que Dieu lui destinait. « Lève toi, va vers ce pays que je te donnerai ». Il est parti sans savoir où il allait et sans avoir d’autres garanties que la promesse de celui qui l’a appelé. Cela nous donne une belle leçon sur ce qu’est la foi. Avec Abraham, on comprend mieux que la foi est fondamentalement une relation de confiance entre l’homme et Dieu. Abraham a su faire confiance à Dieu, et l’enfant de la promesse, Dieu lui a promis et cela s’est réalisé, c est Isaac. Cette relation de confiance et d’abandon, la Sainte Famille de Nazareth a su l’incarner et à nous aussi frères et sœurs d’en vivre dans nos familles respectives, dans nos communautés.
Cette foi est appelée à structurer nos relations familiales ; elle donne à nos familles la joie de prier et de louer Dieu, de lui rendre grâce pour le don de la vie, de sa présence, de sa bienveillance. Avec cette foi et cette confiance, nous saurons faire face aux problèmes de la vie, à ces situations de crise auxquelles certaines de nos familles sont confrontées.
L’évangile de saint Luc sur la présentation de Jésus au temple, nous présente la Sainte Famille comme une école d’obéissance à Dieu.
LA FAMILLE COMME UNE ÉCOLE D’OBEISSANCE A DIEU
Poussés par leur ferveur religieuse, Marie et Joseph montent au temple pour accomplir le rite prévu par la loi : offrir leur premier né au Seigneur et présenter en offrande un couple de tourterelles ou deux petites colombes. C’est ce qui est prévu par la loi. Mais à travers ce geste, ils ont fait l’offrande de leur fils à Dieu. Ils ont consacré leur fils à Dieu.
Cette offrande nous révèle aussi que les enfants sont à accueillir comme un don de Dieu à entretenir. C’est vraiment beau lorsque nous accueillons les familles pour les préparer au baptême et que nous leur posons cette première question : « pourquoi sollicitez vous le baptême pour votre enfant ? ». Il y a de très belles réponses mais la plupart des parents disent :
nous avons choisi de faire baptiser notre enfant, d’abord pour dire merci à Dieu. Oui, il y a un sens profond pour rendre grâce à Dieu et pour inculquer certaines valeurs qui nous sont chères. C’est comme cette offrande que font Joseph et Marie de leur fils au temple. Aux parents, Dieu qui seul est créateur donne la grâce de la procréation. Il donne à l’homme cette dignité extraordinaire d’être avec lui « procréateur.
Vouloir le bien des enfants, c’est leur permettre de s’émanciper en respectant leur liberté, cette liberté que Dieu a mise en tous.
Nos familles ont pour rôle de favoriser la croissance des enfants, de la respecter et de la guider. Elles doivent être attentives au plein développement de toutes les qualités que Dieu a données à chacun de nous pour accomplir sa mission et se conformer à sa volonté.
Joseph et Marie sans être réellement obligés se conforment avec humilité aux prescriptions de Moïse, montrant par cette attitude que la meilleure manière d’éduquer à l’obéissance consiste à obéir soi-même, à donner l’exemple.
Il serait bien contradictoire, chers frères et sœurs d’exiger des autres membres de nos familles ce que nous ne sommes pas prêts nous-même à réaliser. Le jeune couple de Nazareth nous rappelle que Dieu se communique davantage par l’exemple que par la contrainte.
Le message que Dieu nous adresse en ce jour est clair : mettre Dieu au centre de nos vies ; Il l’est en la personne de Jésus, le verbe éternel qui s’est fait chair. Comme pour le vieux Syméon et Anne la prophétesse , en présence de Jésus, il n’est que joie, cette joie dont il est la source et que nous souhaitons pour toutes nos familles. En cette fête, prions pour nos familles respectives, proches ou lointaines pensons tout particulièrement aux familles séparées, divisées, qui traversent une situation de crise. Que l’église et que le Christ notre sauveur-né soient leur réconfort afin que se resserrent en leur sein les liens d’amour et d’unité, de pardon et de réconciliation.
Prions aussi pour nos gouvernants afin qu’ils protègent la famille et ne laissent pas le malin porter atteinte à son intégrité et au modèle de société et d’amour qu’elle représente.
Que la Sainte Famille de Nazareth intercède pour nous.
Amen
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