Cette histoire de mages nous semble bien connue, mais si nous devions la raconter à des enfants, il serait important de bien la relire. Il n’est dit à aucun endroit dans les Écritures saintes, qu’il s’agissait de rois, qu’ils étaient trois, et aucun détail n’était donné sur leur couleur de peau.
Toutes ces précisions ont été inventées plus tard, au fur et à mesure que les artistes cherchaient à représenter la scène.
C’est donc au texte lui-même de l’Évangile selon saint Matthieu qu’il faut nous rattacher et non à ce que la légende en a fait.
” Au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : ” Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.”
Resplendir de la lumière du Seigneur.
La première lecture de ce dimanche, qui est une prophétie d’Isaïe, se rapproche de ce récit de l’Épiphanie. Un texte choisi parmi les innombrables textes bibliques qui annonçaient la venue du Messie comme une lumière. “ Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue ta lumière et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Regarde : l’obscurité recouvre la terre mais sur toi, se lève le Seigneur et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière et les rois, vers la clarté de ton aurore…”
Nous nous souvenons de cette lumière messianique que nous avons chantée durant le temps de l’Avent et pendant la messe de la nuit de Noël.
” Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. ” (Isaïe 9, 1)
Cette lumière, c’est le Christ Jésus, le Sauveur qui nous est né. Comme cette lumière, voici une étoile qui brille dans l’obscurité de la nuit et qui guide les mages. Cette étoile représente la lumière de Dieu, la grâce de Dieu, l’action de Dieu dans le cœur et l’esprit de tout homme qui guide tout homme vers le Christ. A travers cette étoile, c’est Dieu lui-même qui conduisait avec amour ces mages païens vers Jésus, la lumière du monde.
Comme Jérusalem – invitée à se mettre debout pour resplendir de cette lumière, la gloire du Seigneur qui s’est levée sur elle – allons nous aussi à la crèche recevoir une lueur de cette lumière; laissons nous guider par elle. Qu’elle brille dans notre cœur, dans notre vie, nos familles, notre communauté paroissiale et partout ailleurs.
Comme ces mages, allons nous prosterner devant cet enfant qui nous est né :” Un enfant nous est né, un fils nous est donné, éternelle est sa puissance.” Prosternons nous, en signe d’adoration devant la grandeur et la seigneurie de Dieu fait homme.
Accueillir Dieu qui se donne à nous.
Les différents personnages dans ce récit de l’Épiphanie n’étaient pas dans les mêmes dispositions d’ouverture et d’accueil du message inspiré par Dieu lui-même aux mages.
D’une part, il y a le refus des chefs politiques et religieux juifs. Les scribes et les pharisiens, fins connaisseurs du message biblique ne se gênent même pas. Ils se sont juste contentés de communiquer la Révélation sans rien de plus. Ils restent enfermés dans leurs certitudes, sans se mettre en marche pour aller adorer le roi des juifs qui venait de naître.
D’autre part, l’attitude du roi Hérode est pire encore. Saint Matthieu rapporte qu’il fut bouleversé, inquiété par ce potentiel rival qu’il cherchera déjà à éliminer. Hérode en effet était assez fier du titre de roi des juifs qu’il portait lui aussi et en était férocement jaloux. Dès que quelqu’un devenait populaire, il le faisait tuer par jalousie.
Contrairement à ces attitudes de refus, d’inquiétude, les mages sont dans une dynamique d’accueil. Moins préparés pourtant à reconnaître le Messie, ce sont eux qui le cherchent, qui bougent et qui loin de s’inquiéter, éprouvent une très grande joie : “Quand Ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.”
C’est une telle joie que nous procure la présence de Dieu dans notre vie. Lorsque nous nous laissons guider par son étoile, par sa lumière, Lorsque nous l’accueillons dans notre cœur, dans notre vie, la joie déborde. Qu’attends tu pour te rendre à la crèche ou le petit enfant Jésus t’attend pour te redonner cette joie de vivre qui t’a été volée pour telle ou telle raison?
Épiphanie, amour de Dieu pour tous.
À travers ces mages, sont représentés tous les païens et incroyants de tous les temps. Ils sont bien nombreux tous ceux qui, parmi nos amis, nos connaissances sont sincères dans leurs convictions, qui ont une vie droite, le sens de la justice, un esprit de service, de générosité et qui pourtant ne connaissent pas le Christ.
L’Épiphanie, c’est la fête de tout ce monde qui ne connaît pas Jésus et que Dieu aime et attire à lui par sa grâce. Il est venu pour tous les hommes, quels qu’ils soient, afin qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. En réponse à cet amour, qu’as-tu à offrir à ton Seigneur ? A cette question posée à nos catéchumènes, vendredi dernier au cours d’une messe, la plupart m’ont répondu : ” le plus beau cadeau à offrir à Dieu, c’est notre cœur afin qu’Il y vive.” Dans la joie de cette fête, à l’instar de cette étoile qui a guidé les mages. puissions-nous, nous aussi, être ces lumières qui éclairent et conduisent les hommes au Christ Jésus.
Amen.
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