Homélie de mgr Celestino Migliore, nonce apostolique en France, lors de sa visite à la paroisse Saint-Pierre de Chaillot le dimanche 6 septembre 2020
Je suis heureux de pouvoir célébrer cette Messe avec mes co-paroissiens que je salue cordialement : ceux qui sont présents aujourd’hui et, à travers vous, toute la communauté paroissiale. Je remercie Monsieur le Curé, le Père Jacques Ollier, de m’avoir invité à prier avec vous. Et je remercie tous les paroissiens qui aujourd’hui et à l’avenir voudront inclure dans leurs prières la personne et l’activité du Pape François et de son représentant en France.
Parmi les différents messages que la Parole de Dieu nous offre aujourd’hui, il y a celui de la prière. L’évangéliste Matthieu nous assure que :
Si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux.
Souvent, nous nous plaignons au Seigneur parce qu’il ne semble pas écouter nos prières, parce qu’il demeure sourd à nos supplications.
Un père de l’Eglise, saint Jean Chrysostome, explique bien pourquoi parfois nous n’obtenons pas ce que nous demandons : « souvent – écrit-il – parce que nous demandons des choses qui ne sont pas utiles et convenables. Puis, parfois, nous sommes indignes que Dieu nous écoute. En fait, Jésus dit « deux d’entre vous », se référant à ses disciples, des personnes qui cherchaient à vivre selon le style de Jésus, une vie selon l’évangile.
D’autres encore prient contre ceux qui les ont offensés, demandant pour eux châtiment et vengeance, ce qui est interdit par un commandement précis : « priez pour vos ennemis ». Certains, enfin, demandent miséricorde, sans cependant se repentir de leurs péchés. Mais si toutes les conditions sont requises, c’est-à-dire si tu demandes des choses convenables ; si tu fais tout ce qui dépend de toi, si tu vis une vie selon l’évangile, si tu vis en paix et solidaire de tes frères, alors tu obtiendras ce que tu demandes. » (In Matth. Hom. 60,2)
L’accord, c’est-à-dire la concorde, l’effort pour vivre en paix avec notre prochain : ceci est l’attitude qui attire l’attention du Seigneur sur nos prières.
Déjà dans l’antiquité, à l’époque des nombreuses vicissitudes du peuple hébreux, les personnes se plaignaient souvent que Dieu paraissait sourd à leurs prières. Un jour, le prophète Isaïe leur expliqua :
Vous cherchez Dieu chaque jour, vous demandez à connaître ses chemins, vous demandez sa proximité, mais vous continuez à prier, supplier et jeûner entre disputes et querelles, opprimant de tant de manières votre prochain. Il est certain que Dieu demeure sourd face à votre façon de vous comporter, il ne peut vous écouter. Si au contraire, vous faites tomber les chaînes injustes, vous libérez les opprimés et brisez le joug, c’est-à-dire vous partagez le pain avec l’affamé, vous accueillez le pauvre, sans abri, vous portez secours à qui a besoin sans négliger vos parents et amis, alors votre lumière jaillira comme l’aurore, votre blessure guérira vite. Alors vous invoquerez le Seigneur et il vous répondra, vous crierez et il vous dira : me voici.
Isaïe 58,9
Si cette condition existe, alors nous pouvons tout demander, nous promet Jésus aujourd’hui.
La prière change les personnes, elle ne change pas les choses. Au cours d’un dimanche de pluie, ne nous attendons pas que Dieu descende et fasse resplendir le soleil pour pouvoir nous promener ou permettre la victoire de l’équipe que je soutiens.
Prions, au contraire, pour exprimer l’existence de quelque chose de plus grand que nous et pour exprimer notre préoccupation pour les autres et notre amour pour eux.
C’est la vie de prière que Dieu nous indique. Une prière qui nous fait rencontrer Dieu à travers la liturgie et l’Eucharistie, à travers la concorde et la paix avec le prochain, et cela nous fait devenir chaque jour meilleur.
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