Premier dimanche de l’Avent
Une nouvelle béatitude !
“Prenez garde, veillez… Ce que je vous dis là, je le dis à tous : veillez !” En donnant un tel conseil à ses disciples, Jésus semble énoncer une nouvelle béatitude… Je l’interprète, je la traduis ainsi : Heureux les insomniaques ! Heureux les insomniaques, car ils seront les premiers à rencontrer le Seigneur, lors de son retour.
Nous opposons facilement l’état de veille à celui du sommeil. Mais, veiller, c’est beaucoup plus que ne pas s’endormir. Veiller, c’est d’abord faire attention, se tenir prêt, être vigilant. Les veilleurs d’immeuble, les veilleurs de quartier, ce sont ces gens attentifs qui ont un regard aigu, attentif à ce qui se passe autour d’eux. Ce qui nous est demandé, ce n’est pas seulement de ne pas nous endormir, c’est surtout d’être prêt toujours et partout. Il serait bien exigeant cet homme qui, partant en voyage, ordonnerait à ses serviteurs de ne pas dormir, de ne plus dormir, d’autant plus qu’il laisse entrevoir que son voyage sera long. La durée de son absence est indéterminée.
Etre vigilant, donc c’est plus qu’être simplement éveillé. C’est aussi peut-être, rester, être entièrement lucide.
Le temps de l’Avent qui s’ouvre aujourd’hui est sans doute l’occasion de nous réveiller, mais c’est surtout l’occasion de garder notre lucidité, de rester sereins si possible et d’être tournés vers l’avenir. Parfois, nous nous sommes installés confortablement dans la situation présente : puisqu’il tarde à venir, vivons dans le présent !
Dans la parabole des talents, entendue et méditée il y a quelques semaines, rappelez-vous celui qui avait reçu un seul talent : il était lucide. Il connaissait son maître comme quelqu’un d’exigeant. Aussi avait-il enfoui son talent dans la terre. Il était lucide pour le passé, il voyait bien clair sur ce passé, mais il manquait singulièrement de lucidité pour son avenir. Il ressemblait à l’autruche qui se cache la tête pour ne pas voir le danger. Et c’est son manque de lucidité, son manque de prévoyance qui le condamnait. Alors Garder sa lucidité, c’est aussi prévoir l’avenir.
Etre lucide, c’est aussi avancer dans la lumière, faire la lumière, la lumière qui est le Christ, avancer vers cette lumière et pourquoi pas, faire lumière sur soi-même.
Faire ce travail sur soi-même, rentrer au plus profond de soi, chercher la petite lumière, ce n’est jamais un travail facile, puisque dès que nous commençons ce travail, il y a tout de suite une question qui surgit : « Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? Qu’est-ce que je fais de ma vie ? Qu’est-ce que je vais en faire, demain de ma vie ? Que vais-je faire du temps qu’il me reste à vivre ? je ne sais pas combien ! mais il me reste quelques heures, un jour, des semaines, des années… Que vais-je faire de ce temps qu’il me reste à vivre ?
Donc pourquoi pas faire lumière sur sa vie et cela veut dire accepter d’être dérangé et bousculé par les événements du monde et ceux de notre entourage. C’est accepter d’être sans cesse remis en cause par les autres mais surtout accepter d’être remis en cause par la Parole de Dieu. C’est Elle qui nous interpelle. On vient de terminer la lecture de l’Apocalypse de saint Jean. Si vous l’avez lue, méditée chez vous, vous avez entendu : « le temps, l’heure viendra où chacun d’entre nous sera jugé selon ses œuvres, selon ses actes. Donc il est temps de nous laisser interpeler. La Parole nous interpelle et surtout sur les formes de justice que nous avons pratiquées, sur la manière dont nous menons le combat contre toutes les formes d’injustice. Donc faire lumière sur sa vie.
La rencontre du Seigneur, à la fin des temps, nous renvoie toujours au présent. C’est dans ce temps qui est le nôtre que se vit l’aujourd’hui de Dieu. Vivre intensément le présent comme un appel incessant à nous dépasser, à accueillir l’imprévu de Dieu, n’est-ce pas cela “veiller” ? Au début de ce temps béni qui nous est accordé, faisons le point sur notre vie. Essayons de répondre à cette question que les ouvriers, dans l’attente du retour de leur maître, peuvent se poser : Qu’allons-nous faire de notre vie ? Laissons un peu de côté la vie du monde, la vie de l’église, soyons un peu égoïstes. Intéressons-nous un peu à nous-mêmes. Qu’ai-je fait de ma vie ? qu’est-ce que je fais de ma relation avec la Parole de Dieu, avec le Christ. Qu’allons-nous faire de notre vie, durant ce temps de l’Avent. A chacun d’y répondre.
Amen
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