Homélie du dimanche 26 février 2023

La vie de l’homme est une épreuve

Chaque jour je suis tenté,  je l’ai été, je l’ai été encore ce matin, je le serai sans doute ce soir et  jusqu’au terme de mon existence.

Vous êtes tentés, vous l’avez été et sans doute le serez-vous encore, jusqu’au terme de votre existence.

Ajoutons à cela que  le Christ lui-même a été tenté.  Non seulement sur le Mont de la Quarantaine, mais tout au long de son existence, jusqu’à la croix.

Car la vie de l’homme est une épreuve.

L’épreuve de la liberté.

L’homme a été créé libre. Dieu lui a donné la connaissance du bien et du mal. Et la liberté de l’homme consiste à enraciner en lui cette différence entre le bien et le mal. La faire sienne cette différence, c’est là sa responsabilité, car il n’y a pas de liberté véritable sans responsabilité.

La liberté de l’homme est tournée vers une fin qui n’est pas la liberté elle-même. Mais autre chose.  La liberté de l’homme est au service d’une fin plus grande qu’elle-même. Et cette finalité, c’est le bien de tous, le bien commun à tous et non  pas simplement le bien propre de chaque homme pris en son particulier.

Voyons cela avec les exemples des trois épreuves du Christ relatées par saint Matthieu. Elles résument et synthétisent toutes les épreuves de l’humanité à travers les âges.

L’épreuve du pain.

Du pain pour moi ?  “Commande que ces pierres se transforment en pain et tu seras rassasié” dit le tentateur au Christ.

Du pain pour moi ou du pain pour tous?  Lorsque j’étais enfant, j’étais toujours étonné que mes parents mettent une assiette de plus à la table du déjeuner dominical. Ils me disaient : “peut-être quelqu’un viendra-t’il sonner à notre porte, un parent, un ami, un voisin, un pauvre. Ce ne serait pas responsable de ne pas avoir prévu, non seulement une assiette pour lui, mais une part pour lui. Et s’ils ne viennent pas, nous irons voir une voisine ou un pauvre dans la rue, pour lui donner cette part supplémentaire que nous avons prévue.”

La faim du monde crie à notre porte. 800 millions de personnes dans le monde ne mangent pas à leur faim. Tout à l’heure, en rentrant chez vous et en déjeunant , vous pourrez penser à ces hommes et ces femmes qui ont perdu leur maison dans le séisme advenu en Asie Mineure, et qui “déjeuneront” sur les gravats de leur maison.

Comment pouvons-nous faire pour que toute l’humanité mange à sa faim ?

Il faut déchirer nos cœurs, nous avons tous l’occasion de pouvoir participer à des collectes. Il nous revient de choisir.  Dans notre campagne de carême, nous avons choisi de venir en aide à ces populations de l’Asie Mineure. Nous le ferons à travers l’Oeuvre d’Orient. Vous trouverez sur la feuille d’information paroissiale, la manière de venir en aide à ces populations, pour que tous puissent se nourrir à leur  faim. C’est la responsabilité de tous.

L’épreuve de la mort consentie.

Sauter ? Pour me prouver quoi ? et en prenant quels risques ?

Il y a quelques années, une amie, mère de famille avec trois jeunes enfants me disait qu’elle prenait, lorsqu’elle conduisait, des risques inconsidérés, même avec ses enfants. Elle  roulait selon une expression évocatrice, à “ tombeaux ouverts.” Prendre des risques inconsidérés, pour se prouver quoi ?

Là encore la liberté est finalisée par la responsabilité, la responsabilité de sa famille, la responsabilité de ses enfants, la responsabilité de sa vie, de son existence, comme don de Dieu. Vivre, pour tous, c’est aussi la responsabilité de tous.

L’épreuve du pouvoir.

“Incline-toi devant moi, adore-moi et je te donnerai le pouvoir sur toutes les nations.” déclare le tentateur. Le pouvoir ! Mais à quelle fin ? Avoir le pouvoir absolu, mais pour quoi ?

Pour  assujettir toutes les libertés ? Pour qu’elles n’aient plus qu’à hocher la tête, comme autant de robots ?

Ce n’est pas ainsi que Dieu a voulu qu’on l’honore.  Non en assujettissant  nos cœurs mais en leur offrant de répondre à son appel par la seule réponse qui soit digne de Dieu et digne de l’homme, la réponse d’un consentement libre et aimant.

Dans les cinquante prochaines années, je pense que le critère de discernement du juste pouvoir et de la juste manière d’y répondre sera l’un des enjeux majeurs de l’histoire de notre humanité.

Prions si vous le voulez,  pour que l’humanité se rende digne de la liberté qui lui a été offerte, pour qu’elle en use en étant  responsable d’elle-même, responsable de toute l’humanité, pour le bien de toute l’humanité.

Amen.

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