Le miracle de la multiplication des pains

Homélie du 18ème dimanche du temps ordinaire.

Que le Seigneur nous donne cette force à travers l’Eucharistie de pouvoir avoir confiance devant toutes les situations en son amour.

Frères et sœurs dans le Christ, dans l’Évangile qui nous est proposé en ce 18ème dimanche il est question du miracle de la multiplication des pains.  5 pains et 2 poissons avec lesquels Jésus a nourri 5000 hommes, l’Évangéliste dit bien sans compter les femmes et les enfants. Cela fait admirer donc la grande générosité de Jésus qui veille à pourvoir aux besoins de toute une foule. Saint Mathieu nous rapporte que Jésus était parti sur une barque afin de se retirer dans un lieu désert. Sûrement Il voulait trouver en compagnie de ses Apôtres un peu de tranquillité après une activité et un ministère bien fatiguant. La foule l’ayant beaucoup cherché, le trouve et le rejoint à pied. En descendant de la barque, Il se trouve donc face à cette foule nombreuse.

En une telle situation quelle aurait été notre réaction ?

Puisqu’Il s est retiré pour se reposer, sûrement on se serait agacés de ce que notre projet de bénéficier d’un peu de tranquillité se trouve empêché !  Mais telle n’est pas la réaction de Jésus qui renonce aussitôt à ses projets.  Voyant une grande foule, nous dit saint Matthieu Il fut saisi de compassion et guérit leurs malades. A travers cette attitude, Jésus nous enseigne à être toujours disponible pour servir, disponible pour accomplir nos diverses responsabilités.

La compassion

« Il fut saisi de compassion. »  Le mot-clé de cet Évangile c’est la compassion, de son étymologie latine « cum patior » (souffrir avec).

La compassion,  c’est ce sentiment par lequel un individu  est porté à ressentir la souffrance d’autrui, sentiment qui le pousse à y remédier par amour, non seulement  souffrir avec , mais  aider l autre à  sortir de cette souffrance. Cette compassion est l’une des caractéristiques du Cœur de Jésus dans les Évangiles. Il pense aussitôt aux malheurs des personnes qui se trouvent en face de Lui, à leurs besoins, à leur souffrance et en éprouve une grande compassion. Il y a plein d’épisodes dans les Evangiles, la résurrection de Lazare, la guérison du Général Syrien Naaman… qui traduisent cette attitude de Jésus qui sait être compatissant devant la misère des autres. Dans saint Matthieu, à 2 reprises Jésus cite cette expression du prophète Osée qui traduit cette compassion.  « C’est la miséricorde que je désire et non les sacrifices ». (Osée 6,6). La miséricorde qui consiste à se pencher sur la misère des autres.

Jésus sait que le Père Céleste est riche en miséricorde et donc va faire passer cette compassion de Dieu au travers de son cœur, dans son humanité, en se mettant au service de tous ceux qui sont dans le besoin.  Il guérit les infirmes, Jésus est donc venu par amour pour nous, pour nous guérir de nos infirmités physiques comme spirituelles, pour nous donner la paix et la joie.

Après donc avoir guéri ces malades, lorsque survient le soir, les disciples de Jésus affichent une attitude qui témoigne à mon sens qu’ils ne partagent pas cette compassion et cette disponibilité du bon Maître. L’endroit est désert et il se fait tard. Les disciples disent : « Renvoie toute la foule.  Renvoie-les. Qu’ils aillent dans les villages s’acheter à manger. » Ils posent tout de même un raisonnement de bon sens. La foule est très nombreuse et il n’est pas possible de répondre à tous ses besoins.  La chose la plus logique serait de renvoyer chacun chez soi pour s’acheter de quoi manger. Evidemment Jésus ne partage pas cette position, il prend le contre-pied des disciples. A la question des disciples « renvoie les ! » Jésus répond « Ils n’ont pas besoin de s’en aller !  Donnez-leur donc vous-même à manger ». C’est quand même surréaliste de demander cela aux apôtres. Mais Jésus sait pourquoi il leur dit : « Donnez leur vous-même à manger ». C’est une phrase que chacun de nous doit considérer comme lui étant personnellement adressée. « Donne leur toi-même à manger ». Lorsque nous rencontrons des personnes qui sont dans le besoin, agir en chrétien, en bon chrétien, ce serait de prendre soin d’elles, et faire tout notre possible pour porter remède à leur malheur, pour tant soit peu alléger leur peine. C’est cela le « Ite Missa est », « Allez dans la paix du Christ » à la fin de la messe qui est une forme d’envoi pour aller témoigner du Christ. Et la phrase qu’Il nous adresse à chacun d’entre nous aujourd’hui se réduit à cela : « Donne leur toi-même à manger. Pas seulement la nourriture matérielle, donnez à ceux qui ont certes faim de pain mais aussi et surtout à ceux qui ont faim d’amour, de reconnaissance de leur dignité d’homme et de femme, ceux qui ont faim de la justice et de la paix. Comme les disciples, peut-être répondrons nous que nous n’avons que 5 pains et 2 poissons.

Dans l Évangile de Saint Jean (Jn6,9), André ajoutera « qu’est-ce que cela pour autant de monde ? Nous n’avons que 5 pains et 2 poissons. Effectivement cela n’est rien. On ne peut pas nourrir 5000 hommes avec. C’est vraiment dérisoire.  Mais c’est avec ce peu que s’est produit le miracle.  C’est bien un encouragement pour vous et moi :  nous qui avons tendance à nous décourager devant les misères du monde. Nous disons facilement que nous ne pouvons pas répondre à toutes les sollicitations.  C’est logique, c’est bien vrai mais le Seigneur compte bien sur notre modeste contribution car il faut bien se rendre à l’évidence comme le dit Jean Rodhain, fondateur du Secours Catholique que « Nul n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager et nul n’est trop riche pour n’avoir rien à recevoir. Puisque l’on a tous quelque chose à partager, on peut donner, ne serait ce qu’un simple sourire, une petite attention :  cela peut soulager la peine de nos frères et de nos sœurs. Osons donc accorder et donner au Seigneur nos « peu de pains et de poissons », Il compte sur nous, Il saura multiplier les fruits de notre bonne volonté bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer.

Une préfiguration de l’eucharistie

Notons aussi que cette multiplication des pains n’a pas pour unique finalité de nourrir les corps affamés. C’est un miracle qui a une portée beaucoup plus large. Il est question d’une préfiguration de l’Eucharistie que Jésus va instituer le soir du Jeudi Saint. Il posera les mêmes gestes : Il prit le pain, le bénit, le rompit et le donna à ses disciples.  Ce pain qui est donc annoncé dans l Évangile de ce jour, c’est Celui de la Vie éternelle, son Corps livré pour nous et pour la multitude.  C’est son Corps qu’Il donne. Des morceaux qui restent, on remplit 12 paniers, le chiffre 12 est symbolique et représente le collège des 12 apôtres que le Christ Jésus a institué pour nourrir son Église de ce pain de vie.

Faites cela en mémoire de moi

A chaque eucharistie, Dieu nous nourrit de ce pain de vie, ce vrai pain descendu du ciel, le Corps du Christ.

Fortifiés par ce pain venu du ciel, comme le dit saint Paul dans la 2ème  lecture, nous sommes en mesure de tout affronter.  Qui pourra nous séparer de l’Amour du Christ ? Nous sommes en mesure de tout affronter sans que rien ne puisse nous séparer de l Amour de ce Dieu manifesté en Jésus le Christ.

Par ton corps, tu nous donnes la vie, nous te disons merci Seigneur.

Que le Seigneur nous donne cette force à travers l’Eucharistie de pouvoir avoir confiance devant toutes les situations en son amour.

Amen

 

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