Comment être chrétien dans ce monde ?

Frères et sœurs, Quelle semaine! Nous imaginons que le Covid est sur sa fin et pourtant le père Ollier et moi, nous connaissons un prêtre qui en est mort hier. Nous vivons un temps politique important alors que nous préparons l’élection présidentielle. Et puis il y a l’Ukraine! L’Ukraine! Quelle semaine!

 

Comment être chrétien dans ce monde?

Je ne dis pas que les textes d’aujourd’hui vont nous aider à trouver des solutions mais ils peuvent, peut-être, nous aider à nous situer, à trouver une attitude juste au milieu des épreuves qui assaillent notre monde.

Je parle d’épreuve alors que l’Évangile emploie le mot tentation ; mais c’est une question de traduction ! Le mot que l’on traduit par tentation dans l’Évangile pourrait aussi se traduire par épreuve.

L’évangile d’aujourd’hui montre Jésus face aux épreuves de la vie.

Prenons la troisième tentation : voici que le démon demande à Jésus de l’adorer en lui promettant de lui donner ensuite le pouvoir. Mettre une condition au don est dans la manière de Satan mais pas dans celle de Dieu ! Dieu donne gratuitement : Il crée des hommes et des femmes libres, sans obligation ! Satan veut enrôler, faire payer une cotisation d’avance et envisage de donner ensuite ! Dieu, Lui, ose la liberté comme un Père le fait quand il met un enfant au monde ! En mettant vos enfants au monde, vous ne vous êtes pas dit : voilà ce qu’ils devront faire absolument pour que je les reconnaisse comme mes enfants ! Vous les avez mis au monde gratuitement !

Dieu nous a créés libres, totalement libres ! Il nous veut libres ! Il nous demande de refuser toute sujétion qui bafouerait notre dignité !

Mais il faut être réaliste : vous comme moi, nous sommes des créatures de Dieu. Il nous a créés gratuitement certes, Il nous fait confiance certes, mais le réalisme c’est évidemment reconnaître qu’Il est notre créateur, le réalisme c’est reconnaître que nous lui devons tout.

Reprenons la lecture du livre du Deutéronome d’où sont tirées les références des réponses de Jésus dans l’Évangile de Luc. Le Deutéronome a été écrit pour des juifs vivant dans un monde ordinaire et qui avaient tendance à oublier qu’ils avaient été libérés d’Égypte pour vivre libres. L’auteur leur dit : souvenez vous, vous n’aviez rien, vous n’étiez rien mais Dieu vous a donné la liberté. Vivez de cette liberté de Dieu.

Nous aussi, nous sommes invités à vivre cette liberté et, peut-être, pour cela à retrouver les chemins de la louange, du remerciement, de l’offrande : si nous sommes ici aujourd’hui dans une église cela ne change rien à la vie de Dieu, mais cela change notre vie, parce que être là c’est reconnaître l’existence de Dieu ! Seulement cette reconnaissance, il serait bon que, vous et moi, nous soyons capables de l’exprimer tout au long de nos journées ! Oui, il serait bon de reconnaître que Dieu existe, qu’Il est premier et qu’Il nous veut libres, totalement libres, libérés.

Notre reconnaissance, semble-t-il, doit se manifester de deux manières. D’abord en osant nous poser, en osant agir en fils et filles de Dieu. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans l’Évangile de ce jour, l’épreuve du Christ nous est racontée juste après son baptême. Vous vous souvenez de ce baptême ! « Celui-ci est mon fils bien-aimé » dit le Père ! Et voilà que le diable dit : « si tu es fils de Dieu »…

 

Qu’est-ce qu’être fils ?

Bien sûr, le fils prodigue demande l’héritage et le dilapide sans se soucier de la façon dont le père l’avait gagné ! Jésus n’est pas un fils prodigue ! Jésus est vraiment fils digne de son Père !

Quand il a faim, quand il traverse les épreuves de la vie, quand il est bafoué, quand il est ridiculisé, quand il est traité de fou, quand il va être mis à mort, il continue à faire confiance à son Père, à vouloir être digne de Lui.

Or, à notre baptême, on nous a dit que nous étions fils et filles de Dieu !

Osez être fils et fille de Dieu dans ce monde c’est, quoi qu’il arrive, faire confiance et espérer ! C’est, quoi qu’il arrive, être sûrs que Dieu nous aime et nous accompagne ! Le deuxième volet de notre reconnaissance de Dieu comme Père, c’est la fraternité ! Si nous avons un seul Père, nous sommes tous frères ! Reprenons l’épître de Paul lue tout à l’heure.

Saint Paul s’adresse à des personnes qui sont toutes chrétiennes, les unes provenant du monde juif, les autres du monde païen. Ces personnes ne s’entendent pas entre elles. Il n’est pas nouveau de voir des chrétiens qui ne s’entendent pas ! Dans la tragédie ukrainienne, il existe un conflit entre chrétiens ! Ce n’est pas ce qui est premier mais cela compte : ce conflit est celui qui existe entre orthodoxes attachés à Moscou et orthodoxes reliés à Constantinople ! Ce conflit entre chrétiens et chrétiens est insupportable !

Pour dépasser ce genre de conflit, il nous faut entendre l’appel de Paul à écouter la Parole, à accueillir l’Esprit, à découvrir que nous faisons corps les uns  avec les autres : nous ne pouvons pas laisser nos milieux, nos nationalités, nos intérêts casser notre fraternité.

Il est évident que nous sommes souvent les uns à côté des autres, plutôt que les uns avec les autres. Quand les choses vont bien, ce n’est pas très grave. Quand elles vont mal, cela peut être dramatique.

Au seuil de ce Carême, dans la situation où nous sommes, au milieu des épreuves que nous avons à vivre, il nous faut reprendre le goût de la liberté, d’une liberté qui sache s’offrir et se donner en osant proclamer que Dieu est un Père et un Père pour tous, en osant espérer, en osant Lui faire confiance pour tendre la main à tous nos frères !

Regardons, contemplons Jésus, c’est ce qu’il fait. Suivons le !

Amen.

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