En ce dimanche du Bon Pasteur et de prière pour les vocations, je voudrais vous parler de ma vocation.
Comment s’est elle éveillée ?
Par quel chemin est-elle passée ?
Comment je me suis laissé accompagner par le Seigneur.
Ma vocation à la vie religieuse et à la vie presbytérale, je l’ai entendue le samedi 18 janvier 2003 et j’ai répondu à cet appel. Mais ce qui a été déterminant, c’est qu’à chaque étape de ma vie, j’ai réentendu cet appel et j’ai répondu de manière nouvelle.
Que s’est-il passé ce jour du 18 janvier 2003 ? Ce jour, j’étais à la cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de Sokodé, au centre du Togo et je participais pour la première fois à une ordination presbytérale, celle de mon cousin Urbain.
La cathédrale était pleine et pour permettre à ceux qui étaient à l’extérieur de suivre la messe, des écrans étaient installés. J’ai ainsi suivi une bonne partie de la messe. Ils étaient trois nouveaux prêtres et après le rite d’ordination, ils sont sortis par la porte latérale pour faire la grande procession. Lorsque je l’ai aperçu, j’ai senti un rayonnement de joie en lui et au fond de moi j’ai désiré lui ressembler, être comme lui et c’est comme ça que mon aventure vocationnelle a commencé.
Tout au long de mon parcours, trois fils ont tissé ma vocation : La prière, l’engagement à l’église et l’accompagnement.
La prière : en famille, avec mes parents, mes frères et sœurs, la prière personnelle et la prière de toutes les personnes que le Seigneur a mises sur mon chemin et qui m’ont accompagné.
L’engagement à l’église m’a permis de découvrir progressivement l’appel particulier que j’avais reçu, la mission particulière à laquelle j’étais invité.
L’accompagnement de mes parents, des adultes, de mon accompagnateur spirituel, qui m’ont permis à chaque fois de relire ma vie et de découvrir ce à quoi j’étais appelé, de mettre des mots sur des questions que je me posais, de mettre des mots sur ce que je vivais au fond de moi et de décider.
Après cet événement du 18 janvier 2003, le premier engagement auquel je me suis consacré c’était le service de l’autel, j’avais huit ans. De huit ans à vingt ans, j’ai servi la messe avec cette joie qu’a pu ressentir Samuel au temple de Siloé, cette joie de la présence auprès du Seigneur à l’autel, cette joie de servir la messe et d’être à côté du prêtre.
Le second lieu de l’engagement qui m’a formé c’est la JEC, la jeunesse étudiante catholique. La JEC a été pour moi une école de vie, une école de responsabilisation. Très vite j’ai appris à vivre, à travailler, à discerner avec d’autres, et la grande leçon que j’ai apprise, c’est cette méthode de relecture qu’on utilise dans la doctrine sociale de l’Église : Voir, Juger, Agir. Cette méthode m’a accompagné dans mon discernement vocationnel. En grandissant, au lycée, j’ai eu la joie de participer aux activités de l’aumônerie catholique et j’ai été pendant trois ans responsable des élèves catholiques. J’y ai appris à découvrir l’Évangile, à prier avec d’autres, à faire chemin avec d’autres. L’autre lieu fondamental dans ma vie, c’est ce qu’on appelle au Togo les groupes de vocation en paroisse, ce sont des groupes dans lesquels les jeunes se réunissent une fois par mois, pour découvrir sur quels chemins le Seigneur nous appelle. Ce sont des vocations sacerdotales, religieuses, ou des jeunes ayant un projet de vie dans le mariage. Avec eux et les accompagnateurs, j’ai appris à réfléchir, à mettre des mots sur ce que je ressentais, à me faire accompagner par un prêtre, à décider de ce qui me rendait utile en Église, de ce qui me rendait joyeux et m’épanouissait.
Mon chemin vocationnel est passé aussi par des périodes de crise, par des temps de désert. Au début de mes études universitaires, goûtant à cette nouvelle vie étudiante, goûtant à ses nouvelles expériences, je me suis déconnecté pendant un temps. La vie religieuse ne me disait plus grand-chose, je vivais comme chrétien engagé à la JEC, mais dans mon cœur il y avait comme un désert qui s’installait. En relisant cela quelques mois après avec mon accompagnateur spirituel, il m’a aidé en employant une image que je vais partager avec vous. Il m’a dit “ Imagine que tu es sur un chemin, tu as un cap, tu as peut-être une croix devant toi qui est ton point de repère, c’est le lieu où tu voudrais arriver. Mais chemin faisant, il y a des arbres qui cachent le cap, un moment où cette croix disparaît. Tu ne la vois plus, mais est-ce pour autant que ta destination a disparu ?”
Il m’a laissé sur cette réflexion et j’ai pris conscience que cet appel à la vie religieuse que je ressentais m’a fait passer par divers chemins pour le redécouvrir beaucoup plus puissamment et avec une plus grande joie dans mon cœur.
Dans mon engagement à l’Assomption, j’ai trouvé une vie fraternelle, joyeuse, simple, serviable. Je me suis engagé pour servir le règne de Dieu ; il y a des difficultés, des remises en cause, mais à chaque fois, ce qui m’a aidé à avancer, c’est de garder le cap sur le Christ. J’ai toujours eu avec moi cette image de ce repère qui peut se perdre mais ne disparaît pas et l’ Esprit m’a toujours poussé à avancer. J’éprouve aujourd’hui une très grande joie de pouvoir servir le Christ, de pouvoir me consacrer à Dieu.
Ce dimanche nous pouvons prier pour toutes les vocations particulières en Église, qu’elles soient à la vie religieuse, à la vie sacerdotale, au mariage, ou à diverses vocations en fonction des charismes que chacun de nous a reçu à son baptême. Je me confie à vos prières et je prie aussi pour vous.
Amen
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