Bien chers amis, paroissiens et paroissiennes de Saint-Pierre de Chaillot, ma méditation de ce septième dimanche de Pâques portera sur la seconde lecture et l’Évangile qui vient d’être proclamé.
Dieu est amour
D’après une légende rapportée dans l’ouvrage Quovadis, le personnage Vinicio posa à Simon Pierre cette question bien embarrassante : « la Grèce a créé la beauté et la sagesse, Rome la puissance, mais vous chrétiens qu’apportez-vous à l’humanité ? La réponse de Simon Pierre fut : « nous lui apportons l’amour ! » Il est bien question de l’amour dans les écrits de saint Jean, le disciple bien-aimé du Christ, qui s’étant senti tellement aimé du Christ, a pris grand soin de relayer cet amour et de nous y convier : « Bien-aimés, dit saint Jean, puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons nous aimer les uns les autres. » C’est un impératif. Jésus en fait un commandement. C’est l’évangile de dimanche dernier, « mon commandement le voici : aimez-vous les uns les autres. ». (Jn 15, 12).
Nous ne le dirons jamais assez, nous sommes faits par amour, faits pour aimer. Aucune loi n’est au-dessus de cette loi de l’amour qui nous identifie comme les vrais disciples du Christ. « A l’amour que vous aurez les uns pour les autres, on vous reconnaîtra comme étant mes disciples ». (Jn 13, 35). En nous aimant, en vivant de l’amour, nous rassure saint Jean, Dieu vient demeurer en nous, et alors son amour en nous atteint la perfection. Dieu fait corps avec nous, Dieu qui est amour, Dieu qui n’est qu’amour.
L’amour parfait, c’est donc de nous aimer les uns les autres, comme Dieu nous a aimés. Par amour il a envoyé son Fils unique qui a donné sa vie pour nous. Un amour qui va jusqu’au bout : saint Jean dira « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout ». (Jn 13, 1).
Rendons grâce pour l’immense amour de Dieu. Le Pape François nous invite d’ailleurs à nous vanter d’être aimés de Dieu, dans une catéchèse du 15 février 2017. Nous devons nous sentir fiers d’être aimés de Dieu et demander la grâce d’en vivre. Telle est notre vocation, la vocation du chrétien. « Ma vocation c’est l’amour. Au sein de l’Église ma mère je serai l’amour » dit sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face.
« Au soir de notre vie nous serons jugés sur l’amour », nous rappelle saint Jean de la Croix. Les textes qui nous ont été proposés depuis trois dimanches nous rappellent ce fondamental qu’est l’amour dans notre vie. Nous serons jugés sur l’amour, pas celui des discours et des paroles, mais un amour en actes et en vérité. Car la grande question qui nous sera posée sera : « Qu’as-tu fait de ton frère ? J’avais faim, j’avais soif, j’étais nu, j’étais malade, j’étais étranger. Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits c’est à moi que vous l’avez fait ».
La deuxième lecture de ce dimanche nous introduit dans une claire compréhension de l’Évangile qui nous est proposé. Nous y voyons un signe parfait de l’expression de l’amour jusqu’au boutiste de Jésus pour ses disciples. Il prie pour eux, pas uniquement pour les disciples, mais aussi pour vous et moi. Jésus prie pour nous tous en nous consacrant au Père : « Je ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour ceux qui grâce à leurs paroles croiront en moi ». (Jn 17, 20).
Appelés à l’unité
Jésus nous a portés dans sa prière. Cette prière c’est la grande prière sacerdotale du Christ faite entre la Sainte Cène où il a consacré le pain et le vin en son corps et sang et l’agonie à Gethsémani, où il consacre entièrement son corps, sa personne à la volonté de son Père.
Ses intentions de prières sont claires et toujours actuelles : « Garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
Le Christ demande pour nous la grâce de l’unité, une unité à l’image de la Sainte Trinité : un seul Dieu en trois personnes ! Mais trois qui ne font qu’un, dans l’amour. Autrement dit, à plusieurs ne faire qu’un, une unité dans la diversité ; une unité qui n’est pas uniformité.
Malheureusement cette unité n’existe pas toujours. Il peut y avoir des divisions, des discriminations qui sont de très graves contre-témoignages à bannir. Construisons l’Eglise, nos diverses communautés, comme le conseille saint Paul aux chrétiens de Corinthe. « Frères, je vous exhorte au nom de Notre Seigneur Jésus Christ ; soyez tous d’accord et qu’il n’y ait pas de division parmi vous ; soyez bien unis dans un même esprit et dans une même pensée ». (1 Co 1,10)
Chers amis, prions pour la sainte Église, pour que nous vivions réellement unis entre nous c’est cela la communion. Une communion qui a sa source dans la grâce baptismale, qui fait de nous des frères et des sœurs, « Fratelli tutti », tous fidèles du Christ.
La plus grande tristesse serait de se couper de cette communion ; cette communion entre nous, la communion avec la hiérarchie, avec l’Église du Christ et son enseignement.
Frères et sœurs, elle est grande la tentation de se laisser aller à l’esprit du monde et Jésus a prié aussi à cette intention dans sa grande prière sacerdotale.
Se garder du Mauvais
Jésus dit au Père : « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde de même que moi je n’appartiens pas au monde. » (Jn 17, 15-16).
Être dans le monde sans être du monde.
Hommes et femmes citoyens de la terre, nous vivons dans le monde, ce patrimoine commun à tous avec les joies et les peines communes à tous.
Mais Jésus nous rappelle que nous ne sommes pas du monde, par le baptême, nous avons été mis à part, nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes, nous appartenons au Christ. Saint Paul dira : « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Et donc nous devons fuir l’esprit du monde, un esprit hostile à Dieu. C’est le monde des idéologies contraires à l’évangile du Christ ; ces idéologies qui tentent de s’imposer à l’église, à son magistère, et à son enseignement. C’est ce que Jésus appelle le Mauvais, qu’Il nous en garde.
Jésus nous rappelle notre devoir, notre engagement missionnaire. « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde ».
Comment être dans le monde sans être du monde ? Il n’est pas question de se retirer du monde, mais d’être pour Dieu ses témoins partout où nous sommes. Le saint concile de Vatican II a beaucoup insisté sur cette exigence de Jésus dans son décret sur l’apostolat des laïcs : « Le propre de l’état des laïcs chrétiens est de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes. Ils sont appelés par Dieu à exercer leur apostolat dans le monde à la manière d’un ferment, grâce à la vigueur de leur esprit chrétien ».
Dans cette période de préparation à la Pentecôte, je voudrais vous inviter à demander au Seigneur de refaire à neuf en nous les dons de l’Esprit Saint, de resserrer les liens d’amour, et d’unité, d’envoyer son Esprit qui renouvelle la face de la terre.
Amen
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