Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire. L’Évangile que nous méditons aujourd’hui, qui est la suite de celle de la semaine dernière nous montre combien les disciples ont besoin de se purifier.
Bien chers frères et sœurs dans le Christ
Dimanche dernier, nous avons médité ensemble l’Évangile où Jésus faisait le petit sondage d’opinion auprès de ses disciples par rapport à son identité, à sa nature. « Au dire des gens qui suis-je ? » « Et vous que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? »
Et Simon Pierre a su donner une réponse inspirée de Dieu lui-même : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », cette réponse lui a valu de se voir confier le pouvoir des clés et d’être désigné comme ce roc inébranlable sur lequel Jésus construira son Église.
Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église
Après donc cette belle profession de foi et cette promesse, saint Matthieu rapporte que le Christ avait intimé l’ordre à ses disciples « de ne dire à personne qu’il était le Messie ». Ce fut le dernier verset de l’évangile de dimanche dernier.
Pourquoi imposer ce secret ?
Cette page d’ Évangile que nous méditons aujourd’hui, qui est la suite de celle de la semaine dernière nous montre combien la conception que se faisaient Pierre et les autres disciples du Messie avait besoin d être purifiée. Purifiée de quoi ? Purifiée de tout triomphalisme , c’est-à-dire le Messie qui est pris pour un messie politique venu triompher avec puissance sur tous les obstacles et surtout libérer le peuple de l’occupation romaine. Après donc ce silence imposé sur son identité, saint Matthieu poursuit en ces termes : « A partir de ce moment là » ce qui signifie que dans l’itinéraire de Jésus cette profession de foi à Césarée de Philippe est un tournant décisif. Alors Jésus change complètement d orientation. Puisque Simon Pierre vient de dire qu’Il est le Christ, le fils de Dieu , Jésus a senti que cette conception du Messie pris pour un messie politique a besoin d’être purifiée. A partir de cette profession de foi, Jésus change d’orientation. Il commença à montrer à ses disciples qu’il lui FALLAIT partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et le troisième jour ressusciter. » Jésus venait ainsi d’annoncer à ses disciples pour la première fois sa Passion. Sa Passion qu’Il leur a annoncée trois fois.
Comment le Messie triomphateur, puissant venu libérer peut-il souffrir la Passion et être tué ?
Mourir, chose inconcevable qui fait naturellement réagir Simon Pierre. « Dieu t’en garde Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas! » . On ne peut que vouloir le bien de celui que l’on aime. Simon Pierre voyait en Jésus ce maître qui connaîtrait une glorification sans la croix, sans la Passion. Jésus lui fait un vif reproche : « Passe derrière moi Satan, tu es un obstacle sur ma route, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. » Pierre est accusé d’être un tentateur comme Satan qui a tenté le Christ dans le désert. Jésus lui reproche de le détourner de la volonté du Père, cette volonté qui est pour Jésus comme une nourriture : Jésus dira en Jean chapitre 4 verset 34 « Ma nourriture c’est de faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ». On serait même tentés d’ajouter, quelle qu’elle soit. Nous découvrons là la source de cette force qui permettait à Jésus de surmonter toute épreuve : Il avait sans cesse les yeux du cœur tournés vers le Père, tournés vers Dieu. Jésus savait de temps en temps se mettre à l’écart pour prier, pour vivre ce cœur à cœur avec Dieu. Dieu voit les choses différemment de nous. Dans les situations que nous avons à vivre et qui parfois s’imposent à nous, nous sommes invités tout comme Simon Pierre à dépasser le « point de vue humain » pour adopter le « point de vue de Dieu ».
Nous sommes invités à nous ajuster à notre Dieu en toutes situations, ce qui n est pas toujours chose facile, comme Jérémie en fait l’expérience dans la première lettre extraite de ses « confessions » Jérémie envoyé par Dieu pour appeler son peuple à la conversion, il se trouve confronté à des gens qui le rejettent : « à longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l’ insulte et la moquerie ». Il voudrait abandonner mais le Seigneur qui l’a séduit a été le plus fort, sa parole en lui était comme un feu qu’il ne pouvait pas contenir : ce feu qui le rongeait . Il a su aller jusqu’au bout de sa mission parce qu’il a su être docile au souffle de l’Esprit, ce qui souvent nous manque. La docilité au souffle de l’Esprit.
Renoncer à soi-même et prendre sa croix, chemin de salut
Tout comme Jérémie et Simon Pierre qui ont fait cette difficile expérience d’une vie toute ajustée à la volonté de Dieu, pour nous y aider Jésus nous fait une très ferme mise au point et recommandation : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». Renoncer à soi-même, prendre sa croix, suivre le Christ. Il ne s’agit donc plus pour nous chrétiens de tracer notre route selon nos propres désirs, mais de marcher à la suite du Christ qui se donne à nous comme le « chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6). « Moi je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va vers le Père sans passer par moi ».
Accepter Jésus, adhérer à sa personne, suivre ce chemin, c’est entrer dans la vraie vie, celle de ce Dieu qui nous a aimés jusqu’au bout, d’un amour qui va jusqu’au corps livré et au sang versé. C’est l’eucharistie, la source et le sommet de notre vie chrétienne, ce beau sacrifice que nous perpétuons .
Ce chemin n’est pas facile, c’est un chemin de renoncement : renoncer à soi-même, aux plaisirs mondains, aux valeurs contre évangéliques contraires à la bioéthique, à la conception de la vie, de la famille etc, bref accepter à cause et pour le Christ de ramer à contre-courant de notre société. Voilà le chemin qui nous est proposé et que Saint Paul nous rappelle dans la deuxième lecture tirée de son épître aux Romains: « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait.
Ce chemin de renoncement est une croix à porter à la suite du Christ, par amour en vue de notre salut. Cela pourra nous exposer comme Jérémie à la raillerie, aux moqueries, insultes de notre entourage, mais soyons en rassurés au-delà de cette croix, il y a une grande joie qui nous attend celle de connaître la gloire du Père, par le Fils et dans l Esprit.
Amen.
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