Frères et sœurs, l’Évangile de ce jour nous offre deux symboles : le sel et la lumière. Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde. C’est la vocation première de tout baptisé. C’est cette vocation baptismale que les consacrés veulent mettre en œuvre dans leur vie. Être le sel de la terre et la lumière du monde s’entend comme une invitation à assaisonner la terre en y semant l’Évangile. Un appel à éclairer le monde par la lumière de l’Évangile en y révélant la beauté et la bonté du Christ.
La vie consacrée n’est rien d’autre qu’un vécu plus radical de notre baptême, un désir d’imiter le Christ chaste, pauvre et obéissant. Dans mon propos d’aujourd’hui, je voudrais partager avec vous comment cette vocation de sel de la terre et de lumière du monde reçu par notre baptême, se vit à travers les vœux de religion que nous faisons. Comment à travers l’obéissance, la pauvreté et la chasteté religieuse, nous sommes continuellement appelés à être le sel de la terre et la lumière du monde.
Le sel et la lumière sont des révélateurs. Le sel a pour vocation de révéler la saveur, de relever le goût des aliments. La lumière a pour vocation de révéler la beauté et la bonté du monde. Tout comme le sel et la lumière, les consacrés sont appelés, dans le quotidien de leur vie, à révéler aux hommes la saveur de l’Évangile, la saveur de la vie en Christ, à mettre en valeur la beauté du monde, la beauté du service du Christ.
Tout comme le sel est appelé à disparaître dans la cuisson des aliments, tout comme la lumière est appelée à se diffuser pour éclairer, les personnes consacrées sont invitées à l’effacement total dans le vécu de leur vocation : c’est l’obéissance. S’effacer, c’est cultiver une très grande humilité et reconnaître que nous n’existons que pour les autres et par les autres ; c’est reconnaître que notre vocation première, c’est de nous mettre au service des autres. Par le vœu d’obéissance, nous prenons l’engagement de nous mettre, dans la confiance et l’humilité, sous l’autorité du Christ qui se manifeste par l’Esprit Saint à travers nos supérieurs. Nous voulons ainsi laisser Dieu éclairer notre vie dans l’effacement total.
Comme consacrés, dans le concret de notre vie, le vœu de pauvreté nous engage véritablement, à travers des gestes simples et discrets, dans cette vocation de sel de la terre et de lumière du monde. Le prophète Isaïe, dans la première lecture de ce jour, nous rappelle que c’est dans la simplicité des gestes quotidiens que se manifeste la gloire de Dieu, c’est dans la simplicité des gestes quotidiens que la lumière jaillit comme l’aurore. Ces gestes simples qui doivent nous habiter quotidiennement se traduisent en ces termes : partager son pain avec celui qui a faim, accueillir le malheureux qui a froid et qui est sans abri, couvrir celui qui est sans vêtements…
Ces gestes nous engagent à nous faire proches des petits et des faibles et à partager leur quotidien. Partager avec celui qui a faim, accueillir le sans-abri, revêtir le faible et le malheureux, c’est redonner le goût de la vie à ces personnes que la société a souvent mises de côté, c’est leur révéler toute la beauté de leur dignité de créature de Dieu. Il faut y entendre un appel, comme le Christ, à sortir pour aller vers ceux que le pape François appelle les marginaux de nos sociétés, les périphéries de notre monde. Sortir pour aller vers ceux qui ont perdu le goût de la vie, ceux pour qui l’avenir semble sans issue.
Chers frères et sœurs, notre consécration nous engage aussi à nous faire tout à tous, à nous ouvrir à une fécondité plus grande, à aimer de tout notre cœur Dieu et le monde. C’est le sens du vœu de chasteté. Être le sel de la terre et la lumière du monde doit s’entendre comme un appel à aimer, à transmettre la joie et la paix, un appel à éclairer le monde par l’amour du Christ. La beauté de notre consécration se manifeste dans notre joie d’aimer et de servir. Dans la bulle d’indiction de l’année de la vie consacrée, le pape François rappelait que là où il y a des consacrés, il y a la joie. Ne nous privons pas de redonner goût à la vie aux autres par notre joie.
Chers consacrés, vous le savez bien, ces vœux ne sont pas des mots vides. C’est avant tout un témoignage à vivre. Ainsi, c’est notre façon de vivre et d’agir qui doit poser question à tous ceux et celles que nous rencontrons : aujourd’hui, quel témoignage de vie voulons-nous faire rayonner ?
Chers frères et sœurs, au cours de l’Eucharistie, nous sommes accueillis par celui qui est le vrai sel de la terre et la vraie Lumière du monde. C’est parce que nous sommes rassemblés autour de lui que nous pouvons devenir à notre tour sel de la terre et Lumière du monde. C’est avant tout Lui qui nous envoie pour être ses témoins dans ce monde qui en a bien besoin. Demandons au Seigneur, pour tous les baptisés et particulièrement en ce jour, pour tous les consacrés, la grâce de vivre selon les valeurs d’humilité, de douceur, de simplicité. Demandons la grâce d’assaisonner la terre en y semant l’Évangile, la grâce d’éclairer le monde par la lumière de l’Évangile en y révélant la beauté et la bonté du Christ. Amen.
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