Dimanche de la Santé

Frères et sœurs, en ce dimanche de la Santé suivant la journée mondiale des malades et la fête de Notre Dame de Lourdes, je vais prêcher sur une parole de saint Vincent de Paul qui est l’apôtre de la charité dans l’Eglise, de la présence miséricordieuse de Dieu auprès des malades et des personnes fragiles. Héritier de la longue cohorte des saints présents auprès des nécessiteux, saint Vincent de Paul répondant à une question sur l’importance de rendre visite aux malades et aux pauvres martelait que «  les malades et les pauvres en particulier sont nos maîtres.» L’apôtre de la charité savait mieux que quiconque reconnaître en eux le Christ.

Cette parole est  bien mystérieuse, je vais essayer de la décrypter.

Nous sommes très souvent “choqués” par la parole des saints, Nous sommes “choqués” parce que notre compréhension des réalités de ce monde, notre compréhension des paroles de Jésus est souvent mauvaise. En effet nous avons une logique humaine, ce qui paraît évidemment inévitable, alors que Notre Seigneur et les saints ont une parole à comprendre de manière surnaturelle.

Aujourd’hui j’ai pu observer un certain nombre de personnes qui sont arrivées à la messe, utilisant du matériel orthopédique, se classant ainsi, au moins pour un temps ou pour un temps plus long, parmi les personnes malades ou handicapées. Le premier réflexe, lorsque l’on est une personne malade, c’est de comprendre les choses un peu “à l’envers”. Combien de fois ai-je entendu : “Toutes ces épreuves qui m’arrivent, j’ai dû faire  du mal au Bon Dieu ! Pourquoi permet-Il toutes ces choses ?” C’est une véritable question, mais là encore, c’est parler de manière naturelle, bien humaine. On ne peut pas comprendre la question de cette façon-là.

 

Il faut comprendre que, depuis le choix que Notre Seigneur a fait de l’Incarnation, de la Rédemption par sa Passion douloureuse, toute chose est orientée dans le monde par rapport à cette réalité-là.

Il est Dieu, c’est lui qui oriente nos intentions, c’est lui qui oriente la loi, c’est lui qui conduit à avoir la juste vision sur le monde.

N’oublions pas que notre salut s’est opéré dans le sang de Notre Seigneur, notre salut s’est opéré par la Passion de Notre Seigneur.  Il aurait très bien pu faire autrement. Dieu peut tout. Rien ne pouvait l’empêcher d’agir autrement, Il aurait très bien pu dire qu’une seule goutte du précieux sang de Notre Seigneur répandue sur la terre suffisait pour la rédemption générale.

Mais il a choisi une autre voie,  une voie dans laquelle il s’est engagé totalement de sa personne et il a voulu par là, rejoindre toutes les réalités humaines possibles même les plus difficiles, celles de la souffrance, celles des épreuves, celles des difficultés et c’est pour cette raison entre autres qu’il a voulu vivre sa Passion pour nous.

Notre Seigneur lorsqu’il apparaît quelque part, lorsque l’on s’approche de lui, approche soit avec ses stigmates, soit avec sa croix.

Connaissez-vous l’histoire de saint Antoine le Grand ? C’était un père du désert, du IIIème siècle, qui vivait enfermé dans un ancien tombeau égyptien, il mangeait trois ou quatre dattes par jour et passait son temps en prière. Un jour saint Antoine le Grand vit apparaître Notre Seigneur  dans sa cellule et Notre Seigneur lui parlait, le félicitait, et lui demandait ce dont il avait besoin. Alors saint Antoine de se tourner vers l’apparition et de lui dire : “Hors de-là, Satan, sors de ma cellule”, en effet  il avait constaté que l’apparition ne portait pas de stigmates et Notre Seigneur ne peut pas apparaître sans les traces de sa Passion. Cela signifie que dès lors que nous approchons de Notre Seigneur, dès lors que nous désirons vivre en communion avec lui, la Croix est présente. Elle est là et par une action céleste, elle n’est pas un instrument de torture, elle est au contraire un instrument qui peut servir surnaturellement à une grande proximité avec tous.

 

Lorsque l’on est malade, sur un lit d’hôpital, entouré par des prothèses ou par des maladies que nous vivons, il y a deux attitudes possibles.

La première, c’est la révolte. “Pourquoi Seigneur ? Je te sers, qu’ai-je fait de mal pour mériter cela ?”  Cette attitude nous renferme sur nous-mêmes et loin d’éloigner la douleur, elle ne va que l’augmenter car nous n’avons comme vision que nous-mêmes.

La deuxième attitude, c’est l’offrande. Nous nous mettons à la disposition du Seigneur. “Seigneur, je suis malade, je suis sur mon lit d’hôpital, je suis chez moi en train de souffrir, et je t’offre toutes ces souffrances pour les hommes, pour le salut de l’humanité, pour t’aider dans ton œuvre de rédemption. A ce moment-là, ce que nous vivons a de la valeur, a du prix, a du sens, nos souffrances et nos douleurs ne sont plus supportées de manière négative, mais acceptées et offertes, ce qui change complètement le sens de ce dont nous souffrons.

 

Alors pourquoi le grand saint Vincent de Paul a-t-il qualifié les malades et les pauvres de “nos maîtres” ?

Pour une raison que les hommes du 21e siècle ont beaucoup de mal à comprendre. Nous sommes habitués à tout avoir, nous baignons dans un matérialisme évident, nous avons nos assurances, nous avons tout ce qu’il nous faut, ce qui induit que nous pouvons chasser loin de nous ce qui nous ennuie, ce dont nous ne voulons pas.

Quand saint Vincent de Paul dit que les pauvres et les malades sont nos maîtres, c’est parce qu’ils sont dans une situation d’immense similitude avec celle de Notre Seigneur, durant sa Passion. Notre Seigneur sur la Croix ne pouvait pas bouger, tout le corps de notre Seigneur était souffrances. Il souffrait terriblement de cette Passion qu’il vivait intérieurement pour le salut des hommes, mais en même temps il était pris de cette joie profonde, car du haut  de la croix, il voyait les saints qui allaient se développer tout au long de la vie de l’Église, il voyait les malades qui viendraient s’unir à ses propres souffrances.  Voilà pourquoi saint Vincent de Paul les appelle nos maîtres, parce qu’ils peuvent se rapprocher de Notre Seigneur Jésus Christ par une voie toute particulière : la maladie, l’isolement, la souffrance. Ils nous donnent l’exemple de ce rapprochement – que nous pouvons nous même avoir – avec la très sainte Passion de Notre Seigneur qui nous apporte la rédemption.

 

Chers amis, en ce dimanche, nous pouvons prier pour les personnes malades et pour tous les soignants. Nous pouvons unir nos souffrances à celles du Christ et ainsi elles prennent de la valeur.  Mettons-nous à l’école de saint Vincent de Paul, à l’école de Notre Seigneur,  qui a porté les souffrances qui furent les siennes choisies pour nous et pour notre salut. Voilà un beau programme difficile à première vue, mais la grâce aidant, nous pouvons tous, le vivre de manière honnête et agréable au Seigneur.

 

Amen.

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