La question peut paraître étrange. Elle se pose pour tout humain qui cherche à habiter la terre. Dans quelle maison, dans quel confort, sur quel terrain, dans quel environnement.
Elle se pose aussi de manière plus radicale lorsque le terme de la vie apparaît plus certain. Alors la question évolue : où habiterai-je, demain ?
Repartant à rebours, on pourrait aussi se demander ce que furent, hier, notre maison, notre ville, notre région.
La mobilité, qui est le marqueur anthropologique le plus déterminant de notre siècle et du précédent ne permet pas toujours aisément de répondre à la question : quel est mon lieu ?
D’autant plus que l’on peut aller aujourd’hui d’un lieu à un autre en quelques heures, sans qu’il nous en coûte davantage que le prix d’un billet d’avion ou de train.
Aussi lorsque nous entendons saint Pierre dire aujourd’hui à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! » le moins que l’on puisse faire est d’interroger cet « ici » où Pierre se sent si bien qu’il n’en veut plus partir. Car il ajoute : « je vais dresser ici trois tentes. » Ne sont-ils pas trois disciples à avoir gravi la montagne : Pierre, Jacques et Jean.
Alors, que répondre ? Quel est ce lieu où les disciples veulent dresser leurs tentes ?
L’évangéliste saint Matthieu, par un retournement dont il est coutumier répond. Ou plutôt, il fait répondre Dieu lui-même. Car c’est Dieu qui leur dresse une tente, sous la forme d’une nuée qui les entoure et les enveloppe.
Ils croyaient construire des tentes.
Dieu leur sera une demeure.
Ainsi pour nous.
Notre demeure, c’est Dieu lui-même.
Et chaque fois que nous communions, l’espace de cette tente s’élargit.
Ne craignons pas de manquer un jour d’un toit, d’une maison.
Dieu lui-même nous sera une Demeure.
Il l’est aujourd’hui.
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