Comme toute parabole, celle-ci ne doit pas être interprétée à la lettre. Ce n’est pas la raison d’être des paraboles. On se souviendra ici des paraboles qui se terminent mal, du genre : « jetez-les dans la fournaise » qui ne « collent » pas avec la mansuétude habituelle de notre Seigneur.
Le but des paraboles est de provoquer une réponse. Une réponse réflexe du type : « eh bien cet intendant, il n’est pas malin. On lui confie une quantité d’or fabuleuse (35 kilos environ, ce qui représente 2 millions d’euros) et il va l’enterrer. Ensuite il a la trouille de son maître dont il connaît la rigueur. Enfin, il avoue qu’il n’a que faire de cette somme : « voici ton talent, dit-il au maître, tu as ce qui t’appartient » de l’air de dire « ton argent, je n’en ai cure. »
Un talent pour trois défauts : l’aveuglement, la peur, l’incurie.
Bien, me direz-vous, voilà un jugement net et péremptoire.
Oui, mais cet intendant, à bien y réfléchir, c’est moi.
Et le jugement que je porte sur celui de la parabole, vaut exactement pour moi.
Moi qui ne mesure pas quel trésor Dieu m’a confié. Trésor d’amour. Qu’ai-je fait de mon amour ? De mon amour des miens. Où l’ai-je enfoui ? Comment l’ai-je cultivé, accru, entouré de soin ? Amour de ma famille, de mes enfants, de mon mari, de ma femme…
Qu’ai-je fait de mon talent ?
Celui de la foi. Ai-je encore foi en toi, mon Dieu ? Et est-ce que je pose de temps en temps des actes de foi : « J’ai foi en toi, mon Dieu. Sur toi je me repose. Non sur mes richesses, mes forces, mes capacités, mais sur toi, là, entièrement. »
Qu’ai-je fait de mon talent ?
L’espérance. Qui est la seule chose que l’on ne peut se donner à soi-même. Qui nous vient d’un autre. L’inespéré de l’espérance.
« Quelles ne faut-il pas que soient ma grâce et la force de ma grâce pour que cette petite espérance, vacillante au souffle du péché, tremblante à tous les vents, anxieuse au moindre souffle, soit aussi invariable, se tienne aussi fidèle, aussi droite, aussi pure et aussi invincible, et immortelle, et impossible à éteindre au souffle de la mort. » (Charles Péguy, Le porche du Mystère de la deuxième vertu).
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