Une petite pierre a dévalé la colline. Elle a fracassé la forteresse en contrebas. Il n’en est plus rien resté.
Cette image est extraite du livre du prophète Daniel. Elle annonce, au temps de Nabuchodonosor, roi de Babylone, la destruction des grands empires par un opposant infime. L’histoire est jalonnée de ces confrontations disproportionnées où le vainqueur n’a pas toujours été celui qui était le plus imposant. L’empire romain et son héritier byzantin, l’empire ottoman, le troisième Reich, le communisme soviétique etc…
J’entends beaucoup de chrétiens et des confrères prêtres, très influencés par les analyses sociologiques qui font du christianisme français un fantôme du passé. Les analyses de Jérôme Fouquet, par ailleurs fort pertinentes, ne suffisent pas à expliquer le phénomène chrétien et sa pertinence. On ne mesure pas la liberté de Dieu avec une règle. L’inflation incroyable du nombre de jeunes adultes qui demandent le baptême en apporte la démonstration.
Et j’avoue ne pas pouvoir résister à une maligne interrogation adressée aux sociologues. Qu’auraient-ils pesé, à leurs yeux, ces douze Apôtres envoyés par le Christ sans autres artifices que leur témoignage de foi et d’amour. Et quel pronostic auraient-ils porté sur le futur du christianisme ?
Et pourtant, avec la puissance de l’Esprit, les chrétiens ont donné au monde ses plus beaux fruits de grâce, d’intelligence, de beauté et de sainteté. Oh il n’y a pas eu que du beau sans doute dans l’histoire du christianisme et on trouvera toujours à en redire. Mais enfin, sainte Thérèse de Lisieux, Chrétien de Troyes, la cathédrale Notre-Dame, le Mont-Saint-Michel, la sainteté ordinaire de millions et de millions de croyants, le sourire d’une mère à son enfant endormi, c’est cela que nous contemplons dans cette France des chrétiens qui n’a pas disparu, mais roule, comme une petite pierre et emporte les empires de puissance, la richesse et la mort. Et ils ne s’y trompent pas les jeunes qui nous rejoignent. Là, chez nous, ils reconnaissent la Vie véritable à l’œuvre invisiblement par Dieu et visiblement par nous.
Cette petite France des chrétiens qui roule. Petite, comme l’obole de la veuve.
Ne craignons pas de commencer petit. On ne sait jamais comment cela finira. Ne craignons pas de commencer petit dans nos familles, dans nos foyers, dans nos écoles, dans nos entreprises, dans notre témoignage quotidien. On ne sait jamais quelle taille la petite pierre de notre exemple, de notre parole, atteindra.
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