On raconte que saint Augustin, dans sa cellule d’Hippone, fort âgé et près de mourir, alors que les Vandales déferlaient sur l’Afrique proconsulaire, avait demandé que l’on écrive sur de grand papyrus ces mots :
« Ô Dieu ! aie pitié de moi dans ton amour ;
Selon ta grande miséricorde, efface mes fautes ;
Lave-moi complètement de mon iniquité,
Et purifie-moi de mon péché. » (Psaume 51)
Il estimait que ce psaume de miséricorde était le joyau du psautier.
Nous savons bien que Dieu pardonne. Et que son cœur est prêt à nous offrir sa grâce.
Le problème c’est que nous ne sommes pas toujours disposés à recevoir ce pardon. Parce que nous ignorons la gravité de notre tort.
Voilà le sens de la parabole que nous entendons aujourd’hui. L’intendant disgracieux n’a pas pris la mesure de l’énormité de la dette qui lui est remise. 10 000 talents. Vous connaissez le poids d’un talent ? 34, 5 kilos. A titre de comparaison, l’impôt annuel dû à Hérode Antipas, tétrarque de Galilée, était de 200 talents.
10 000 talents correspond à une somme astronomique. On veut dire impayable. Mais le débiteur ne semble pas s’en rendre compte.
Il en va ainsi de bon nombre d’entre nous. Nous réalisons bien que Dieu peut nous pardonner. Mais nous ignorons l’importance de notre dette. Comment dès lors, saurions-nous l’être vraiment.
Dans sa sagesse Dieu a fait en sorte que nous soyons mis sur la route de la reconnaissance. C’est le Christ, son Fils, qui dans sa passion, a ouvert la voie à la reconnaissance des fautes. Il est le premier sauvé, comme l’écrit l’auteur de la Lettre aux Hébreux : « en vertu de son obéissance il a été sauvé » (Hébreux 5,8). C’est lui qui, dans sa chair, a pris sur lui le poids de nos fautes. Et ce poids l’a tué. Mais par sa mort il a ouvert un passage dans le cœur de l’homme au cri de l’humanité : « sauve-moi !».
Dans sa sagesse l’église à son tour fait débuter le pardon par l’aveu. « C’est moi, non un autre, qui suis coupable de tel ou tel tort ».
L’aveu ouvre le cœur à la lumière d’en haut qui éclaire les cœurs et dissipe les ombres du péché.
Et le ministre du pardon est la voix de Dieu qui dit : « je te pardonne tous tes péchés » ;
Père Jacques OLLIER
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