La posture victimaire a, aujourd’hui, sa place bien marquée dans la conscience nationale française. Nous sommes victimes. De la crise, de la maladie, de la société. Nous sommes en danger et on nous le rappelle sans cesse. Pourquoi nous le rappeler. Serions-nous coupables ? Devrions-nous assumer ce statut de victime ?
Ce thème de la victime expiatrice, le bouc émissaire, est présent dans toutes les cultures et les littératures païennes. Une échappatoire aisée au tragique, à la furie des éléments ou de notre destin. Plus encore, la victime devient par son expiation, un dieu.
L’Évangile vient renverser complètement cette vue trop humaine. Le Christ ne se présente pas comme victime expiatoire, mais comme innocent. Il n’a cessé de le clamer durant sa vie entière : ‘qui d’entre vous me convaincra de péchés’. Et son compagnon de torture, sur la croix, reconnaîtra aussi son innocence : ‘Pour nous c’est juste, mais lui n’a rien commis de mal’. Pilate même dans son jugement l’absout de tout crime : ‘je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation’.
Le philosophe René Girard, dans son livre, Le bouc émissaire, l’a parfaitement démontré. Jésus est l’innocent qui vient mettre un terme au cercle infernal de la victimisation et de l’enfermement de la victime par elle-même et par les autres dans ce statut.
Et la résurrection en est la preuve absolue. La mort ne pouvait retenir celui qui était innocent. Le cercle est rompu. L’innocence consacrée : celle de l’enfance de l’humanité renouvelée dans le Christ :
Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé.
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