Et pour ne pas tomber, sur quoi s’appuiera-t ’il celui qui a perdu la vue ? Sur un bras confiant ! Il pourra compter sur un regard qui lui prêtera son regard !
J’ai eu parmi mes maîtres un aveugle que je reconduisais après son cours jusqu’à la plus proche bouche de métro. En chemin il me demandait : « Dis-moi ce que tu vois ? » C’était pour lui à la fois une joie de voir par mon regard et aussi un exercice auquel il me soumettait, pour « voir » comment j’observais, et à quoi j’étais ou non sensible.
Un aveugle peut-il guider un aveugle ? Pour avancer nous avons besoin de nous appuyer sur un bras confiant. Nous pourrons compter sur un regard qui éclairera le nôtre. Car nous sommes tous atteints de cécité.
La culture woke qui se déchaine à l’heure actuelle voudrait nous priver de ce bras et de ce regard. L’homme ne serait rien d’autre que ce qu’il tient de lui-même. Il ne pourrait trouver quoi que ce soit dans une tradition vivante, une culture, un héritage qui puisse lui permettre d’avancer.
Cet individualisme mâtiné de déconstructivisme fait de la domination l’unique mode de compréhension des relations entre les humains. Pour la culture woke, la différence entre les humains est tellement irréductible qu’elle ne peut se résoudre autrement que par la domination d’un groupe sur un autre, d’un humain sur un autre. D’où l’aire de violence dans laquelle nous entrons un peu plus chaque jour. Violence verbale, violence conjugale, violence économique et médiatique. Il n’y a plus place pour un universalisme, non plus que pour un catholicisme qui fait de l’unité et de la totalité, non un point d’aboutissement, mais une condition de départ.
Le wokisme est une sorte de gnose, un salut par la connaissance. Mais une connaissance privée. Une connaissance solitaire et donc friable, car non contrôlée. Une connaissance sans tradition, sans appui, sans aide.
Ne nous privons pas d’aide. Refusons la destruction narcissique. Le wokisme, c’est la peur de la différence. N’ayez pas peur. Sortez de la défiance. Invitez vos voisins, surtout ceux qui vous paraissent le plus éloignés de vos standards. Prenez le risque de la sortie du narcissisme mortel. Le Christ – c’est un particularisme chrétien qui prend pour moi chaque jour plus d’importance, durant les jours de sa vie terrestre, a rejoint des hommes et des femmes de tous âges, conditions, des étrangers, juifs et païens. Et au ciel, son regard et sa communion se font encore davantage universels. Tel est le véritable catholicisme qui n’exclut personne.
J. Ollier
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