Catholique et politique

Que peut apporter à la construction de la nation française un catholique ? Autrement dit, quel rapport le politique et le spirituel entretiennent-ils ?

Sans doute faut-il poser un préalable à la réponse.

L’Évangile et l’Église n’entendent pas substituer au pouvoir légitime un pouvoir extérieur. Le Christ garantit dans son action et sa parole l’autonomie des formes politiques de gouvernement, de représentativité, d’élection, etc. : « Rendez à César ce qui est à César ».

Un catholique se gardera également d’identifier son choix politique à une « catégorie d’être catholique. » Un candidat, un programme ne peuvent absolument correspondre trait par trait à ce que l’on voudrait qu’il soit ou qu’il corresponde. On doit viser au bien commun et non à la seule expression de ses préférences. C’est là le drame de notre société individualiste qu’elle est une somme de choix singuliers qui ne permet plus à personne d’y voir clair, tant les expressions sont contradictoires et divergentes.

Que peut apporter un catholique ? Ce que le Christ lui-même apporte lorsqu’il comparaît devant Pilate, il ne met pas autrement en question son pouvoir, mais son jugement inique : condamner un innocent.

« Ma royauté n’est pas de ce monde » ajoute Jésus. Mais ce n’est pas parce qu’elle n’est pas du monde qu’elle ne touche pas ce monde. Ce que la royauté du Christ et la royauté du catholique puisque, baptisé, chaque catholique est « roi » (rituel du baptême : « désormais, tu fais partie de son peuple, tu es membre du corps du Christ, et tu participes à sa dignité de prêtre, de prophète et de roi. »), ce que la royauté du Christ et du catholique apporte, c’est la paix. « À l’heure où la victimisation et les guerres culturelles progressent de manière inquiétante dans notre société, le citoyen chrétien peut apporter cette dimension du pardon pour les fautes et les violences commises dans le passé. » (Bernard Bourdin). Pacifier le passé par le pardon. Mais aussi pacifier l’avenir par la capacité d’enfantement. Si les jeunes aujourd’hui ne sont plus guère portés à donner la vie, n’est-ce pas parce que l’avenir leur paraît incertain ? Mais ne dira-t-on pas : la plus sûre manière de rendre l’avenir moins incertain, n’est-ce pas de contribuer à ce que nous fassions qu’il soit ? Et meilleur que le présent ? Et plus désirable que le passé ?

Que chacun s’interroge sur sa contribution à la paix et à la fécondité, comme engagement spécifiquement chrétien en faveur de la nation – car c’est cela la politique : l’engagement en faveur de la nation.

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