Il faut parfois aménager l’intérieur de notre âme trop encombrée par tout un fatras inutile. C’est souvent ce que nous y avons introduit nous-mêmes qui nous embarrasse : les visions, les souvenirs, les habitudes qui créent la nécessité et font écran à l’essentiel. Il est parfois heureux de faire le tri et de jeter ce qui n’a pas sa place en nos âmes.

“La purification de l’âme ne se peut ni ne doit finir qu’avec notre vie : ne nous troublons donc point de nos imperfections, car notre perfection consiste à les combattre, et nous ne saurions les combattre sans les voir, ni les vaincre sans les rencontrer » écrivait saint François de Sales dans l’Introduction à la vie dévote (1re p., c. V).

Si nous ne le faisons pas, les événements nous en fournissent l’occasion et nous permettent de mesurer ce qui a de la valeur et ce qui n’en a pas.

Nous pouvons utiliser un mètre pour mesurer l’importance de tel ou tel bien. La foi assurément est un mètre précis et fiable. Un jeune homme rencontré dernièrement me disait combien sa renaissance à la foi lui avait permis de voir l’inanité de bien des attachements intérieurs et extérieurs en son existence, et combien il se sentait mieux, délesté de ces poids.

Si nous ne nous débarrassons pas de ces encombrants, parfois le Christ le fait à notre place. Car il n’aime pas voir son palais défiguré.

C’est ce qu’il montre aujourd’hui dans l’Évangile : « ne faites pas de la maison de mon Père un repaire de brigands » (Évangile selon saint Jean 2,16). La Maison de Dieu qui est notre âme est une maison de prière. Le lieu de la rencontre avec Dieu, avec nous-même, avec les hommes aussi. Car c’est là que se décident les grandes orientations de nos vies, là aussi que l’on pose les choix décisifs. Il ne faut pas que notre âme soit embarrassée par des préoccupations accessoires. Le carême est un bon moment pour faire le ménage en nos âmes.