En cette année où nous célébrons la 100e Journée Missionnaire Universelle, l’Évangile de la veuve insistante nous révèle l’essence même de la mission de l’Église. Loin des stratégies humaines et de la recherche de résultats immédiats, Jésus nous rappelle que le premier souffle de l’évangélisation est une prière tenace, obstinément ancrée dans l’espérance.
La figure de la veuve est emblématique pour tout missionnaire et pour toute communauté chrétienne. Dépourvue de tout pouvoir social ou économique, elle affronte l’injustice avec une arme unique : une persévérance inébranlable. Son combat solitaire devant un juge indifférent est une icône de l’Église dans le monde. Face à l’indifférence spirituelle, aux injustices structurelles et à la froideur du rationalisme, notre force ne réside pas dans la puissance, mais dans la foi qui prie sans se lasser.
Le contraste est saisissant : si un juge injuste finit par céder à la lassitude, « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? » Cette promesse est le cœur battant de la mission. Elle nous libère de l’angoisse de l’efficacité et de la performance. Notre vocation n’est pas de réussir, mais de témoigner, en criant vers le Ciel pour ce monde que Dieu aime. La prière persévérante n’est pas un repli sur soi ; elle est l’acte missionnaire fondamental qui nous configure à la volonté de Dieu et affine nos désirs pour qu’ils coïncident avec les siens.
La question finale de Jésus, « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? », résonne comme un défi lancé à notre engagement missionnaire. Cette foi, c’est précisément celle de la veuve : une espérance active qui refuse le découragement. Alors que nous sommes envoyés aux périphéries, cette parabole nous invite à un examen de conscience : notre prière soutient-elle notre action, ou l’a-t-elle remplacée ? Sommes-nous cette Église qui, dans la nuit du monde, continue de crier et de frapper à la porte avec une confiance indéfectible ?
En ce 100e anniversaire, devenons des veilleurs obstinés. Que notre engagement pour la Mission Universelle, nourri par une prière qui n’abdique jamais, soit le signe que nous croyons vraiment en Celui qui est Justice et Amour. Il entend notre cri et, en son temps, il viendra nous secourir. La persévérance de l’espérance est notre plus puissant témoignage.
Père Athanase Nimpagaritse
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