Assurément la mentalité actuelle aura tendance a regarder le récit des dix vierges, les unes sages, les autres folles, comme injuste. « On devrait chercher à repêcher ces pauvres vierges imprévoyantes ?  Elles ont droit à une seconde chance, non ? ».

Mais ce n’est pas vers cela que le récit dirige notre réflexion. Au contraire, c’est vers une compréhension du temps de l’alliance avec Dieu. Non le temps cyclique, qui dévore tout sur son passage, comme une roue. Le mythe de Chronos dévorant ses enfants l’a bien mis en lumière. La parabole attire nos regards vers le temps de l’alliance, que l’on peut appeler le temps de la grâce nouvelle, ou le temps de la rencontre. Et l’on sait bien que lorsque l’on manque le rendez-vous de la rencontre, rien ne peut rattraper ce temps. Il en va de même de notre rencontre avec Dieu. Lorsque nous avons manqué le rendez-vous, il ne se représente pas. Du moins pas selon la première manière. Sans doute Dieu est-il assez ingénieux pour nous accorder d’autres moments de rencontres. Mais le premier étant manqué, nous ne pourrons pas imposer à Dieu de le faire advenir de nouveau. C’est ce qu’expérimentent les vierges de la parabole. Il faut savoir saisir le moment favorable.

Ne manquons pas le rendez-vous avec Dieu. Lorsqu’Il nous visite ne dédaignons pas son passage. Et où nous visite-t-Il ? Dans le courant de notre vie, dans la nécessité où nous sommes, dans les évènements ordinaires de nos vies, nos familles, notre bureau, au creux de notre conscience et de nos choix. Tenons la lampe qui nous permettra de ne pas manquer la rencontre avec Dieu. Que le regard de notre conscience soit assez clair pour le voir en son passage au milieu de notre vie, « nel mezzo del cammin di nostra vita[1] ».

[1] 1^er vers de la Divine comédie de Dante.