De temps en temps je lis l’Évangile dans une autre langue que le français. Et parfois cela me permet de mieux pénétrer le sens du texte. Ainsi en alla t’il de cette parabole dite de l’enfant prodigue. Dans la Bible de Saint-James on lit, à propos du veau que le père fait apprêter pour son fils de retour d’exil qu’il est «a fatted calf » un veau « engraissé ». En lisant cette traduction m’est apparu ce que l’épithète « gras » dans l’expression « veau gras » cachait. Il a été spécialement engraissé pour une occasion, celle qui se présente maintenant, le retour du fils.
Le père a anticipé le retour. Et toute la parabole confirme cette préparation du père au retour du fils.
-« Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion »
-« il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers »
Il laisse à peine son fils achever sa tirade et commande qu’on lui rende sa dignité. Car il a déjà préparé tous les habits de fête et l’anneau du pouvoir partagé qu’il demande à ses serviteurs d’aller chercher.
Depuis combien de temps le Père vous attend-il ?
Pensez-vous qu’il n’a rien préparé pour votre retour ?
Que la fête n’a pas déjà été organisée et la salle décorée pour votre rentrée dans la Maison paternelle ?
Le Père vous précède sur votre route. Vous pensiez avoir fait tout le chemin et voici qu’en arrivant vous découvrez que le Père, depuis longtemps, vous a devancés.
C’est toute la vie des chrétiens, qui est ici jetée dans un récit admirable. La vie de la grâce. Dieu avant vous. Présence anticipée sur vos chemins, vos choix, vos libertés, sans jamais que cette présence soit une contrainte. Plus vous céderez à cette Présence invisible et bienveillante, plus vous découvrirez que la véritable liberté consiste à libérer en vous cette Présence.
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