L’élévation du courage

Jésus, eût-il manqué de courage au pied de la croix, que nous serait-il advenu ?

Heureusement pour nous, il n’en fut rien et résolument il fit preuve de courage…

« Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui pour un observateur extérieur. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société toute entière…

Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel, mais ce ne sont pas eux qui donnent sa direction à la vie de la société…

Faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant-coureur de la fin ? Quand les États occidentaux modernes se sont formés, fut posé comme principe que les gouvernements avaient pour vocation de servir l’homme, et que la vie de l’homme était orientée vers la liberté et la recherche du bonheur. Aujourd’hui, les décennies passées de progrès social et technique ont permis la réalisation de ces aspirations : un État assurant le bien-être général. Chaque citoyen s’est vu accorder la liberté tant désirée et des biens matériels en quantité et en qualité propres à lui procurer, en théorie, un bonheur complet, mais un bonheur au sens appauvri du mot, tel qu’il a cours depuis ces mêmes décennies…

Aujourd’hui, la société occidentale nous révèle qu’il règne une inégalité entre la liberté d’accomplir de bonnes actions et la liberté d’en accomplir de mauvaises…

La défense des droits individuels a pris de telles proportions que la société, en tant que telle, est désormais sans défense contre les initiatives de quelques-uns. Il est temps, à l’Ouest, de défendre, non pas tant les droits de l’homme, que ses devoirs…

Il s’avère que la société n’a plus que des défenses infimes à opposer à l’abîme de la décadence humaine, par exemple en ce qui concerne le mauvais usage de la liberté en matière de violence morale faite aux enfants…

Il est impératif que nous revoyions à la hausse l’échelle de nos valeurs humaines… Est-ce vrai que l’homme est au-dessus de tout ? N’y a-t-il aucun esprit supérieur au-dessus de lui ? Les activités humaines et sociales peuvent-elles légitimement être réglées par la seule expansion matérielle ? Si le monde ne touche pas à sa fin, il en a atteint une étape décisive dans son histoire. Notre ascension nous mène à une nouvelle étape anthropologique. Nous n’avons pas d’autre choix que de monter : toujours plus haut. »

Extraits du discours prononcé par Alexandre Soljénitsyne, prix Nobel de littérature, à Harvard le 8 juin 1978

 

 

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