Dans un passage des Frères Karamazov, Dostoïevski imagine un retour anticipé du Christ sur terre. Arrêté, il est déféré devant un cardinal qui l’accuse d’avoir échoué dans sa mission. Il lui reproche d’avoir, au seuil de sa vie publique, repoussé les suggestions de Satan. En les acceptant, il aurait pu apporter la paix et le bonheur sur terre. En ne cédant pas aux « tests » de Satan, il a refusé aux hommes ce qu’ils attendaient avidement.
Premier test : le pain. « Vois-Tu ces pierres dans ce désert aride et nu ? Change-les en pains, et l’humanité, reconnaissante et soumise, courra derrière Toi, comme un troupeau, tremblant toujours que Tu ne retires Ta main et que Tes pains ne lui soient ôtés. Mais Tu n’as pas voulu priver l’homme de la liberté et Tu as repoussé cette proposition, car que deviendrait la liberté, as-Tu pensé, si l’obéissance était achetée par des pains ? »
Second test : le fantastique. Tu as refusé le grand plongeon depuis le pinacle du temple. « Par ton héroïque refus Tu espérais qu’en T’imitant, l’homme aussi resterait avec Dieu sans avoir besoin du miracle. » Tu pensais que la douce confiance vaut mieux que le spectacle ahurissant, la foi que le prodige.
Troisième test : « En acceptant le troisième conseil du puissant esprit, Tu aurais fourni à l’homme tout ce qu’il cherche sur la terre, savoir : devant qui s’incliner, à qui remettre sa conscience et enfin comment s’unir pour ne former tous ensemble qu’une même fourmilière, car le besoin de l’union universelle est le troisième et dernier tourment des hommes. »
La même triple question a été posée à l’humanité à chaque génération. Elle se pose à vous encore aujourd’hui.
Votre liberté a-t ’elle un prix ? Votre sécurité, votre confort, votre enrichissement ?
Votre foi est-elle confiante ou soupçonneuse ?
Votre conscience est-elle un Maître intérieur souverain ? Ou passager ?
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