« Malgré tout le bonheur que m’a procuré, à titre personnel, chaque voyage entrepris ces dernières années, une impression tenace s’est imprimée dans mon esprit : une horreur silencieuse devant la monotonie du monde. Les modes de vie finissent par se ressembler, à tous se conformer à un schéma culturel homogène. … Jamais cette déchéance dans l’uniformité des modes de vie n’a été aussi précipitée, aussi versatile, que ces dernières années. Soyons clairs ! C’est sans doute le phénomène le plus brûlant, le plus capital de notre temps.
Conséquences : la monotonie [à l’extérieur] doit nécessairement pénétrer à l’intérieur. Les visages finissent par tous se ressembler, parce que soumis aux mêmes désirs, de même que les corps, qui s’exercent aux mêmes pratiques sportives, et les esprits, qui partagent les mêmes centres d’intérêt. Inconsciemment, une âme unique se crée, une âme de masse, mue par le désir accru d’uniformité. Et comme tout est orienté vers le court terme, la consommation augmente : ainsi, l’éducation, qui se poursuivait de manière patiente et rationnelle, et prédominait tout au long d’une vie, devient un phénomène très rare à notre époque, comme tout ce qui s’acquiert grâce à un effort personnel… Ils se laissent ainsi entraîner par le courant qui les happe vers le vide ; comme le disait Tacite : ‘ruere in servitium, ils se jettent dans l’esclavage.’ »
Ce constat est de Stefan Zweig dans son livre L’uniformisation du monde. Ce constat date de… 1925 !
Peut-être à cause de ce constat d’un nouveau type de semi-esclavage inconscient, fut-il établi, par le pape Pie XI, la même année, la fête du Christ-Roi, lui qui nous arrache à toute servitude. Sans doute est-ce le sens le plus profond de l’encyclique Quas primas qui promulgua cette fête que les chrétiens ne sont plus esclaves des passions et prisonniers de leurs fautes, mais libres et réconciliés entre eux et avec Dieu. Telle est la royauté du Christ qui s’étend sur tout fidèle qui lui accorde sa foi.
En regardant le grand Christ en croix, dans le chœur de notre église, faisons-lui confession et disons devant Lui :
Tu es mon Seigneur, je n’ai pas d’autre Dieu que Toi !
Et tâchons de mettre nos actes en adéquation avec notre dire.
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