Migrants et réfugiés : entre fantasme et naïveté

L’incendie du camp de migrants de l’île de Lesbos a ramené l’attention des français sur la question des migrants. A ce sujet, l’on navigue, dans l’opinion publique, le plus souvent entre fantasme et naïveté. Le fantasme, c’est le migrant jamais rencontré, jamais connu. Celui ou celle à qui l’on a jamais parlé, que l’on ne connaît qu’à travers sa représentation, son fantôme, son fantasme. Une image conçue par l’imagination collective ou personnelle. Mais jamais cet homme, cette femme, déplacé(e), qui a perdu tous ses biens, parfois une partie de ses enfants, qui porte sur son dos sa fortune et s’en va, passant les frontières plus ou moins hostiles, vers l’inconnu n’a été rencontré(e). Jamais elle n’a été approché(e). Jamais l’on a pesé son malheur.

La journée mondiale des migrants et des réfugiés vient nous rappeler à propos la parole du Christ : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (évangile selon saint Matthieu 25). « Moi ». C’est « moi » que vous avez accueilli, Jésus. Le même que vous accueillez aujourd’hui au cours de la messe.

De tous temps les vagues migratoires ont façonné les régions et les territoires. Souvent avec difficultés, mais non sans profits. Les sociétés fermées sur elles-mêmes vont à la mort, comme les familles endogamiques. La xénophobie a plus souvent pour origine la jalousie que la peur.

 

A l’autre bout du spectre de l’accueil du migrant, il y a la naïveté. L’accueil de l’étranger en situation de détresse ne peut pas s’étendre à un nombre de personnes supérieur à celui dont on peut raisonnablement penser qu’il n’excédera pas la capacité d’accueil d’un pays et de ses populations autochtones . C’est ce que l’on appelle la justice.

En tant que chrétiens, nous nous devons de faire valoir cette double obligation. D’hospitalité et de discernement. Non pas l’une sans l’autre. Il nous revient aussi de faire connaître cette position à ceux qui ont la charge de nous gouverner. Pour que le monde de demain ne soit pas seulement celui de l’égoïsme, du repli sur soi, ou celui de la violence incontrôlée.

Jacques Ollier

 

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