Une des lettres de noblesse du christianisme est d’avoir correctement établi la responsabilité personnelle des hommes dans la société. Ce faisant, l’Église a évité un triple écueil qui s’est toujours dressé dans les eaux tumultueuses de la pensée humaine et de son inconscient.
- Plutôt que de considérer la responsabilité de chacun, on a souvent préféré faire porter le tort sur un autre qui est jugé coupable et, par conséquent, se voit condamné comme bouc émissaire. La suppression de la responsabilité personnelle aboutit alors à une réaction élémentaire : « non pas moi, mais un autre qui doit être éliminé ». C’est au moment où la responsabilité morale est niée que se développent le plus souvent les inquisitions séculières et le terrorisme idéologique. Voir les moments révolutionnaires.
- La responsabilité peut être également niée au nom du manque d’instruction. Les actes répréhensibles sont tout au plus une erreur bientôt corrigée par l’éducation ou le progrès. Il est remarquable que cette conception prélude généralement à l’aveuglement moral et au malheur de tous. Car l’innocence est bien plus une fiction que la connaissance et la reconnaissance de la responsabilité. Il est bien malaisé de faire de cette croyance en l’innocence un dogme, en un temps où les hommes se sont montrés à un tel point capables de meurtres de masse, de tortures et d’extermination à grande échelle.
- Enfin la responsabilité peut être niée au nom du destin. Le destin (« c’était écrit ! ») a remplacé la liberté et donc la responsabilité. Mais le Dieu des chrétiens prend au sérieux notre liberté. Et notre responsabilité aussi. Et c’est pourquoi il pourra nous juger en vérité. Et à ce jugement nous acquiescerons. Parce qu’il sera juste et véritable, et correspondant vraiment à ce que nous sommes : libres et responsables de nos actes.
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