Ce n’est pas un hasard si la liturgie de cette nuit nous donne d’écouter en deuxième lecture l’Épître de saint Paul à Tite : «la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ».

C’est, dans tout le Nouveau Testament, le texte qui annonce la gratuité de la grâce de la manière la plus concise, la plus explicite et la plus absolue. La gratuité de la grâce, qui caractérise le christianisme, est une prise de conscience très indispensable à tout chrétien.

Nous-mêmes, nous avons besoin de réaliser que si notre conscience nous condamne encore, si l’accusateur est toujours là pour tout compliquer par des scrupules paralysants et des culpabilités souvent pathologiques, la fête de Noël est l’occasion pour chacun de nous de ranimer notre élan vital, enveloppés que nous sommes dans la bienveillance, -« la philanthropie de Dieu » dit le texte de l’Épître à Tite. Avant la faute, il y a la grâce. Avant le mal, la bonté qui surgit de Dieu sur nous.

Cette prise de conscience a de quoi amorcer dans le monde entier où règne la concurrence, la jalousie, la rancune, la dénonciation, les meurtres, les massacres…, la désescalade : « paix sur la terre aux hommes objets de la bienveillance et de la philanthropie divine ». Peut-être y a-t-il dans la tradition de Noël qui se marque dans l’échange de cadeaux une manifestation concrète de la nécessité d’une désescalade, plus nécessaire que jamais tandis que les nuages s’amoncellent à l’horizon.

Encore faut-il pour réaliser cette gratuité, cette bienveillance, cette philanthropie de Dieu, imiter les bergers qui, à l’annonce de la bonne nouvelle, s’empressent de se mettre en route vers le lieu de son rayonnement, la crèche. Nous avons tous besoin de faire un détour pour être sur la trajectoire de Dieu qui passe. Un détour par la crèche, berceau de tous les commencements !