Frères et sœurs, ce dimanche je vais commenter plus particulièrement la deuxième lecture, celle de saint Paul apôtre aux Philippiens. Cette lecture qui n’est pas longue pose question. On a quelques difficultés à comprendre la situation dans laquelle l’apôtre se trouve. Il nous parle d’une hésitation entre rester dans ce monde ou bien quitter ce monde et recevoir sa récompense.
Cette récompense qui, selon ce que lui-même nous a dit, est la couronne de gloire. Cette couronne de gloire pour laquelle nous courons ce marathon de la vie. L’apôtre saint Paul nous explique que nous courons un marathon qui a une finalité cette couronne de gloire, c’est-à-dire recevoir le ciel à la fin de notre vie.
Ce qui peut paraître bizarre dans cette lecture, c’est l’impression que ce grand apôtre est dans une situation particulière, c’est cela qui peut nous faire poser quelques questions.
En effet, l’on dit que les grands saints peuvent entrer dans ce que l’on appelle la vision béatifique, une rencontre personnelle avec Dieu, une vision du ciel, des bienheureux, de la Sainte Vierge, des saints. Cette vision, ils peuvent la recevoir dès cette vie. C’est une situation évidemment rare, dédiée aux très grands saints mais l’apôtre saint Paul sans doute se trouve dans cette situation-là.
Lui qui a parcouru des milliers de kilomètres pour pouvoir mettre en place des communautés dans le monde païen, peut désormais choisir :
– soit de profiter de cette couronne de gloire qu’il a reçue,
– soit de continuer pour les fidèles avec toutes ces communautés qu’il a instaurées à œuvrer dans ce monde.
C’est cela le dilemme dans lequel l’apôtre se retrouve.
Il écrit aux Philippiens. La communauté de Philippe a ceci de particulier qu’elle apporte beaucoup de satisfactions à l’apôtre.
Point de querelle, pas d’obligation de rappeler la nécessité de suivre la morale catholique afin de vivre comme des chrétiens sur une route de la sainteté. La communauté de Philippe ne donne à l’apôtre que l’occasion de produire des actions de grâce. D’ailleurs, toute cette lettre est remplie d’actions de grâce pour ces gens qui sont très dévoués, très généreux à notre Seigneur.
C’est certainement la conjonction de ces deux situations, des communautés en place et cette vision béatifique qui met l’apôtre dans cette situation.
C’est l’occasion pour nous – et là il y a un lien avec l’Évangile – c’est l’occasion pour nous de nous rappeler qu’en tant que chrétiens nous sommes ici dans un pèlerinage terrestre. Nous sommes, comme le dit Gabriel Marcel, des “ homo viator “, des hommes en situation de pèlerinage. Mais nous avons une fin dernière et cette fin dernière pour nous c’est évidemment le ciel, c’est obtenir la vision de Dieu, c’est aller jusqu’au bout de notre course, comme le dit l’apôtre saint Paul. Cette fin dernière est composée également de fins intermédiaires. Tout ce que nous faisons dans notre vie est comme tendu vers cette fin dernière.
Si nous sommes à la messe aujourd’hui, c’est pour cette raison-là, pour obtenir la nourriture nécessaire à travers la communion, à travers les lectures des Saintes Ecritures, à travers les sacrements que nous pouvons recevoir. Tout cela nous est utile pour atteindre notre fin dernière.
C’est tout le problème de l’évangile d’aujourd’hui.
Quelle est cette pièce d’argent que Notre Seigneur offre ?
C’est le ciel ! C’est la vision béatifique.
Posséder Dieu en quelque sorte, par notre intelligence et entrer dans l’éternité bienheureuse.
Or, ces hommes sont en train de se disputer dans l’évangile pour des choses qui n’ont aucune importance. Qu’importe que l’on soit entré à 10h, à 12h, à 16 h, l’essentiel est de pouvoir obtenir notre fin dernière, la couronne de gloire dont parle l’apôtre saint Paul. Peu importe de comparer ceux qui ont été là dès le début, les catholiques dès le début à l’œuvre pour servir le Seigneur, ceux qui se sont convertis et sont arrivés bien plus tard, comme saint Paul d’ailleurs et bien d’autres encore.
Les lectures de ce dimanche nous rappellent cette grande vérité, cette grande réalité : tout est au service de cette fin, tout est au service de Notre Seigneur.
Notre vie chrétienne se construit de chemins de sainteté en chutes, quelque soit cette ligne que nous suivons, elle peut parfois dévier puis se remettre droite grâce au sacrement de pénitence en particulier.
Tout doit être pour nous un rappel que ce qui compte dans cette vie, c’est d’atteindre le ciel et de mettre en œuvre tous les moyens qui sont à notre disposition, que la sainte providence nous donne.
Chers frères et sœurs, en ce dimanche, essayons de nous rappeler ces grandes vérités, de nous rappeler que toute action morale dans notre vie n’est pas une contrainte, un impératif qui n’aurait pas de sens. La vie chrétienne, la vie morale est une vie de bonheur. Pas à pas, nous avançons vers cette grande rencontre absolument extraordinaire.
Un jour, le grand écrivain Léon Bloy qui allait mourir et auquel on demandait quel était son état d’esprit déclara qu’il éprouvait “une très grande curiosité.”
Nous aussi, soyons animés par cette grande curiosité, ce grand esprit d’amour qui font que nos difficultés quotidiennes prennent une réalité d’éternité. Ainsi on voit les choses différemment, un peu comme l’apôtre saint Paul le dit:
Soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans mon corps.
Amen
Père Olivier Horovitz
Un commentaire