Chers frères et sœurs, avant tout je souhaite une très belle fête de la Pentecôte à vous, à vos familles, vos amis, à ceux qui sont ici présents, comme à ceux qui sont absents ou lointains, à ceux qui croient comme à ceux qui ne croient pas, car l’Esprit est destiné à tous. L’Esprit, c’est le dépassement de la Loi. De toutes les lois, sauf celle de la charité.
Il y avait une loi dans l’Ancien Testament, écrite sur les tables de pierre que Moïse était allé chercher au sommet du mont Sinaï. Il y a une loi intérieure qui est précisément le dépassement de toute moralité extérieure, le dépassement de toute forme de prescriptions. Nous n’avons plus besoin d’aller voir ce que dit la Loi puisqu’elle est inscrite en nous.
Je veux mettre en évidence ce don exceptionnel de l’Esprit Saint qui a été fait à l’Église au jour de la Pentecôte. C’était une fête juive, cinquante jours après Pâques, la fête du don de la loi à Moïse. Dieu, en envoyant l’Esprit-Saint lors de la fête de Pentecôte voulait signifier que la loi du Sinaï, reçue cinquante jours après la libération d’Égypte est maintenant dépassée par la loi intérieure de l’Esprit. La Pentecôte chrétienne, cinquante jours après la résurrection du Christ, c’est la loi nouvelle, la lex indita comme dit saint Thomas d’Aquin, la loi introduite dans les cœurs des chrétiens.
Ce don a eu lieu au Cénacle, le lieu où Jésus a pour la première fois célébré l’Eucharistie et dit : “ceci est mon corps, ceci est mon sang…” Lieu du Cénacle, lieu de la Pentecôte, mais aussi lieu de l’Assomption de la Vierge. Elle a quitté ce monde, elle a été transportée tout entière dans le cœur de Dieu, à partir de ce lieu à Jérusalem qu’on appelle maintenant le mont Sion.
Je voudrais maintenant mettre en parallèle ces différents événements.
Don de la Pentecôte, don de l’Esprit Saint à l’Église.
Don de l’Esprit Saint, avant tout, à celle qui est la figure de l’Église, la Vierge Marie. Elle aussi a reçu l’Esprit Saint lorsqu’elle a conçu dans son sein, le Fils de Dieu. Souvenez-vous de l’Évangile de l’Annonciation, quand Marie demande : « comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge? » L’ange lui répond : “l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance de Dieu te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’être saint qui va naître de toi sera appelé Fils de Dieu.”
Marie a reçu l’Esprit pour pouvoir concevoir son fils. L’Église a reçu l’Esprit pour pouvoir concevoir d’autres figures du Christ, c’est-à-dire des chrétiens.
Lorsqu’un enfant est baptisé, il devient un autre Christ et cela se marque par un signe très précis : il reçoit sur son front ce que l’on appelle la chrismation avec le Saint Chrême, qui le rend semblable au Christ. Il devient alter Christus, un autre Christ.
Marie a conçu son Fils dans la puissance de l’Esprit Saint, comme l’Église a reçu l’Esprit pour concevoir des fidèles, pour leur donner naissance par la puissance de l’Esprit, car seul l’Esprit est en mesure de concevoir des réalités nouvelles, ces réalités que nous sommes nous-mêmes, en définitive, nous chrétiens.
Il y a un deuxième parallèle que l’on peut faire.
Nous avons reçu l’Esprit Saint, au jour de notre baptême, pour pouvoir veiller sur nos âmes comme Marie a reçu son fils pour pouvoir veiller sur lui et pouvoir l’élever vers Dieu.
Ainsi se manifestent des ressemblances d’un événement à un autre.
Marie reçoit l’Esprit pour pouvoir veiller sur son enfant et l’élever.
L’Église reçoit l’Esprit pour pouvoir veiller sur ses enfants et les élever.
Nous-même, nous recevons l’Esprit pour pouvoir veiller sur notre âme et l’élever vers Dieu.
Notre âme
Vous avez peut-être remarqué que ce mot dans notre lexique quotidien n’apparaît plus beaucoup. On parle biologie, on parle du corps mais plus du tout de l’âme et en particulier dans le débat actuel sur la loi sur le suicide assisté.
Qu’est-ce que l’âme ?
L’âme, c’est ce qui nous rend semblable à Dieu, ce qui nous rend image de Dieu. Ce qui fait que nous sommes singuliers, qu’il n’y a pas deux humains semblables. Parce que notre âme nous est propre, qu’elle est un don personnel qui nous est fait par Dieu. Aussi devons-nous veiller sur cette âme, avec le plus grand soin.
Comment veiller à cette âme ?
D’abord, il faut revenir à cette âme, comme on vient dans un jardin, pour le visiter, pour l’admirer, et surtout pour rendre grâce à Dieu de nous l’avoir donnée, et de nous avoir fait semblables à Lui.
Il faut aussi élever cette âme.
L’Esprit qui nous est donné vient avec des dons, il y en a sept. Je ne vais en retenir que deux ce dimanche: le don de sagesse et le don de force.
Le don de sagesse est celui qui nous permet de voir les choses, comme Dieu les voit, du point de vue de Dieu. Quand Dieu regarde sa création, au début de la Genèse, il dit de chaque élément de la création : “cela est bon”, et à la fin, Il dit même en regardant la totalité de la création : “ c’est très bon.”
Regarder les choses avec l’œil de Dieu, c’est les voir comme elles sont en vérité, en leur bonté originelle.
Je désespère , je vous l’avoue, d’écouter les informations, où l’on vous ressasse en permanence des affaires atroces, des guerres, des exactions… Il me semble que c’est un regard faussé sur le monde. Il y a du bien, mais on ne sait plus le voir.
Le deuxième don de l’Esprit Saint que je retiens, c’est le don de force. C’est ce don qui nous permettra d’être forts devant le maelstrom qui se déverse sur nous quotidiennement. De mauvaises nouvelles, des comportements déviants, ce que saint Paul a rappelé dans l’Épître aux Galates : “les inconduites, les impuretés, les débauches, les idolâtries, la sorcellerie, les haines, les rivalités, les jalousies, les emportements, les intrigues, les divisions, le sectarisme, les envies, les beuveries, les orgies et autres choses du même genre. »
C’est la force communiquée par l’Esprit qui nous permet de passer outre à tous ces excès humains, pour vivre dans ce monde en enfants de lumière, saints, purs, fidèles, doux, pacifiques, maîtres de soi.
Que l’Esprit-Saint, Esprit Créateur, nous accorde ses dons de sagesse et de force.
Les dons dont nous avons tous besoin pour vivre dans ce monde, en veillant sur notre âme et en l’élevant vers Dieu.
Amen.
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