Homélie du 16 juin 2024, Monseigneur Catta

Frères et sœurs, il y a un vrai bonheur à entendre Jésus dire, au moyen des paraboles du Royaume, que ce royaume de Dieu est “comparable”… Ce que nous connaissons déjà dans ce monde devient, par la parole de Jésus, révélation, découverte, accueil de ce royaume, si présent et si proche.

Les lectures de ce dimanche nous ouvrent ainsi à l’horizon ample et majestueux de l’Évangile :

  • Splendeur du “cèdre magnifique” planté par le Seigneur sur la montagne Israël dans l’oracle du prophète Ezéchiel.
  • Puis dans le psaume, le juste grandit comme un palmier dans les parvis du Seigneur et fructifie sans cesse, y compris dans sa vieillesse, proclamant la droiture du Seigneur, son rocher.
  • On retrouve ce bel horizon chez saint Paul qui parle dans l’espérance : notre grand désir de demeurer près du Seigneur, qui nous pousse à vivre pour lui plaire, lui le juge de toute notre vie.
  • Puis finalement l’Évangile, avec ces paraboles du royaume, leur insistance sur l’ampleur des fruits récoltés, la moisson des épis, l’arbre immense où vont s’abriter les oiseaux du ciel, en écho direct de la prophétie d’Ezéchiel.

Des images d’abondance, de générosité, de vie qui correspondent si bien à la joie de l’Évangile dont nous parle le Pape François. L’Évangile est fait pour porter du fruit, il nous est donné à entendre pour nous combler d’espérance, de consolation, de joie, pour tourner nos cœurs vers le don qui est toujours plus grand que celui que nous pensons.

Les paroles de l’Écriture nous invitent aussi à « remonter le fil », à chercher comment cette abondance, cette joie, cette fécondité nous sont données. Le chemin de l’Évangile commence bien souvent par ce qui est humble, voire obscur à nos yeux.

  • Tout d’abord, la toute jeune pousse, le rameau du sommet du grand cèdre : dans la bouche d’Ezéchiel, c’est l’espérance du peuple en exil. Ce grand cèdre est d’abord le symbole des empires qui ont pris possession de la Terre donnée par le Seigneur, et emmené son peuple en captivité. La toute petite pousse au sommet de cet arbre, c’est ce peuple toujours en vie, habité d’espérance. Et voici que le Seigneur en fera, sur sa terre, un grand arbre pour les oiseaux du ciel : sa puissance souveraine, sa miséricorde ne sont pas épuisées. Son salut commence par des signes très faibles, mais ces signes conduisent à des merveilles qui nous dépassent.
  • Chemin d’humilité aussi chez saint Paul, quand il insiste sur la distance mystérieuse de la foi : « Nous cheminons, dit-il dans la foi et non dans la claire vision. » Comment la foi nous éclaire sur ces discrets commencements qui nous préparent à la rencontre avec le Seigneur ? Nous cheminons dans la fragile condition de notre corps, « loin du Seigneur ». Accepter cela, c’est veiller à choisir le bien, même très modeste. Chercher à plaire au Seigneur, c’est choisir d’aimer comme lui-même nous a aimés, dans la condition des hommes, en venant nous sauver dans son Fils Jésus. Telle est la priorité de la vie chrétienne : aujourd’hui, dans ce monde, dans la condition, et malgré les incertitudes, nous pouvons faire grandir le royaume.
  • Les paraboles de Jésus invitent chacun à remonter le fil de son récit, là où tout commence : discerner la semence jetée en terre, cachée aux yeux du monde. Être attentif au tout premier geste, celui du semeur. C’est ce geste de confiance, ce petit pas à peine visible, qui va porter une abondante moisson. Par cette image, la promesse d’une moisson abondante prend sa source dans un commencement très simple, et le royaume nous attire à lui par cette porte : gestes gratuits, confiance donnée, dans un monde créé pour la vie et dont nous sommes appelés à faire grandir la beauté et le sens.

Jésus nous invite par ces paraboles à ne pas réduire le royaume de Dieu à ce qui se voit. Certes, nous avons raison de rendre grâce pour les œuvres de charité, de sainteté, la foi et de l’espérance, tout ce qui apparaît dans les familles, l’Église et le monde au milieu des épreuves. Le nombre impressionnant de catéchumènes fait partie des motifs de joie, des signes du royaume qui continue de grandir.

Mais justement, comme pour les catéchumènes, nous élargissons notre regard et nous savons que tout commence invisiblement, dans les cœurs, parfois sans résultat apparent pendant des années. Nous ne savons pas toujours bien ce qui se joue là. Jésus dit lui-même du semeur :

nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait pas comment.

Dans l’humilité de la foi, au milieu de nous, des réalités spirituelles grandissent déjà.

Notre espérance consiste donc en ceci : jeter nous-même la semence, en vue du royaume, poser des actes de foi en ce qui est humble et caché, veiller sur nos frères qui portent en eux cette promesse. Nos travaux, nos paroles, nos actes sont des décisions spirituelles, des semailles de foi à notre portée : le royaume de Dieu est « comparable », comparable à la vie de chaque chrétien quand sa vie s’ouvre à l’Évangile dans toutes ses dimensions. Pour que la Parole du Christ porte de nombreux fruits parmi nous, semons largement et sans crainte !

 

 

Un commentaire

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.