Homélie du 2ème dimanche de carême

Se laisser transfigurer

Frères et sœurs bien-aimés,

En ce deuxième dimanche de Carême, les textes de la Parole de Dieu que
nous venons d’entendre nous dévoilent un chemin spirituel qui est un appel à nous
laisser transformer par la lumière de la résurrection du Christ. Aujourd’hui, la Parole
de Dieu nous parle d’alliance, de foi et de prière comme des moyens privilégiés pour
entrer dans cette transformation, dans cette transfiguration. Prenons le temps de
méditer ensemble sur ces passages et sur ce à quoi ils nous invitent en ce temps de
grâce qu’est le carême.

Premièrement, l’alliance de Dieu avec Abraham est une histoire d’amour
fidèle. Dans la première lecture (Gn 15, 5-12.17-18), nous méditons sur l’alliance que
Dieu fait avec Abraham, annonçant que ses descendants seront aussi nombreux que
les étoiles du ciel. Abraham, malgré son âge avancé et les circonstances
impossibles, choisit de faire confiance à Dieu. Cette foi lui est comptée comme
justice, et Dieu scelle de manière concrète son engagement envers lui.
Frères et sœurs, cette alliance que Dieu fait avec Abraham est un rappel
puissant de l’amour fidèle de Dieu pour nous tous. Lors de notre baptême, nous
avons nous aussi été introduits dans cette alliance éternelle avec Dieu. L’alliance
baptismale nous transforme et fait de nous des créatures nouvelles, transfigurées
par la grâce sanctifiante et vivifiante de Dieu qui nous est communiquée par le
baptême et les sacrements de l’église. Mais cette alliance ne peut porter ses fruits
que si nous, de notre côté, décidons d’y croire, d’y répondre et de nous engager
résolument.

Aujourd’hui, nous sommes donc invités à faire mémoire des signes de cette
alliance que Dieu a conclue avec nous par notre baptême : quelles sont les
promesses de Dieu auxquelles j’ai encore du mal à croire aujourd’hui ? Comment
puis-je raviver dans mon cœur ma confiance en sa fidélité, même lorsque je traverse
des nuits d’épreuves ou des nuits de doutes ?
Concrètement, nous sommes invités en ce temps de carême, à renouveler
notre alliance avec Dieu. Par le jeûne, l’aumône et la prière, mettons de côté nos
préoccupations quotidiennes pour nous recentrer sur cette relation unique que le
Seigneur veut entretenir avec chacun de nous.
Ensuite, la deuxième lecture nous fait méditer sur la foi qui nous oriente vers
le Christ ressuscité. Dans la lettre aux philippiens (Ph 3, 17 – 4, 1), Saint Paul nous
exhorte à orienter notre regard vers les réalités d’en-haut : « nous avons notre
citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus
Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux ».

Saint Paul nous rappelle que nous ne sommes pas appelés à nous enraciner dans
les réalités matérielles terrestres ou dans les satisfactions éphémères de ce monde,
mais au contraire, nous sommes appelés à vivre dans la foi, en témoins de la
résurrection à laquelle nos corps mortels sont destinés.
Cette foi que Saint Paul décrit n’est pas juste une croyance intellectuelle. C’est
une foi qui nous pousse à conformer notre vie à celle du Christ : à chercher ce qui
est juste, ce qui est bon, ce qui honore Dieu et respecte notre prochain. Le carême
est précisément ce temps où nous sommes invités à purifier notre volonté et à
réorienter nos désirs et nos actes vers cette citoyenneté céleste. En quelques mots,
nous sommes appelés, dès cette terre, à vivre et à goûter aux joies du ciel, notre
destination finale.

Frères et sœurs, comment mes paroles, mes actions et mes choix de vie
montrent-ils que je suis citoyen des cieux ? Quelles choses de ce monde
m’empêchent encore de me mettre pleinement en route vers le Christ ? Comment les
autres en me voyant vivre, découvrent en moi l’instauration des réalités célestes
auxquelles ma vie chrétienne est tendue ?
Dans les jours qui viennent, prenons le temps de poser un acte concret de
détachement : offrir un bien matériel à quelqu’un dans le besoin, consacrer du temps
à une personne isolée ou simplement réduire nos distractions habituelles pour laisser
davantage de place au Christ dans nos vies. Orienter notre vie vers le ciel, ce n’est
pas fuir notre monde. C’est commencer, par nos actions et nos paroles, à instaurer la
justice du ciel déjà sur cette terre en demandant avec insistance au Seigneur : « Que
ta volonté soit faite sur la terre comme elle est faite au ciel »

Enfin, la Parole de Dieu de ce jour nous présente la prière comme chemin de
transfiguration. L’Évangile de ce jour (Lc 9, 28b-36) nous emmène sur la montagne
où Jésus est transfiguré, devant Pierre, Jacques et Jean. L’évangile nous dit :

Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint
d’une blancheur éblouissante.

C’est dans un moment d’intense prière que Jésus
manifeste sa gloire aux apôtres. Ainsi, les disciples de Jésus découvrent que sa
prière devient « transfigurante » ; c’est aussi vrai pour chacun de nous. La prière
nous aide à sortir de nous-mêmes et à nous ajuster à Dieu. Ce moment
extraordinaire de transfiguration n’est pas seulement un avant-goût de la
résurrection, mais une révélation : Jésus nous rappelle que la transformation
intérieure et la véritable lumière dans notre vie prennent leur source dans un lien
vivant avec Dieu dans la prière.
La prière, frères et sœurs, n’est pas une formalité ou une simple récitation.
Elle est un espace de communion avec Dieu où nous lui permettons d’agir en nous,
de transformer nos craintes en confiance, nos faiblesses en force, nos ténèbres en
lumière. Le carême, c’est le moment favorable pour intensifier notre vie de prière.

La prière rassure, la prière transforme nos doutes en convictions, la prière nous donne
la force d’agir, la prière est une force agissante qui illumine et transfigure nos vies.
Quand ai-je pour la dernière fois fait une véritable rencontre avec Dieu dans la
prière ? Est-ce que je prends du temps chaque jour pour gravir cette montagne
spirituelle et me laisser toucher par la lumière du Christ ? Prendre du temps, dans le
silence, pour nous laisser transfigurer par la grâce divine. Que ce soit par des
moments prolongés d’adoration, la méditation des Écritures ou simplement un cœur
à cœur avec Dieu : c’est ainsi que nous serons transformés par la lumière du Christ
ressuscité.

Frères et sœurs, les textes de ce dimanche nous invitent à un chemin de
transformation. Par l’alliance renouvelée avec Dieu, par une foi orientée vers le
Christ ressuscité et par une prière authentique, nous pouvons nous laisser
transfigurer à la lumière de la résurrection. Cela exige de notre part disponibilité,
confiance et engagement. À quoi puis-je m’engager concrètement cette semaine
pour avancer dans ce chemin de transformation? Ouvrons nos cœurs à la grâce de
Dieu et faisons de cette période de Carême non seulement un temps de
renoncement, mais un temps de véritable croissance intérieure.

Marchons avec foi vers la Pâque du Seigneur qui illumine et renouvelle toutes choses. Amen.

 

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