Après les béatitudes, qui en sont l’introduction, le sermon sur la montagne se poursuit pendant trois longs chapitres où Matthieu a groupé d’abord six antithèses entre la Loi de Moïse (« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens »), et la Loi nouvelle de Jésus (« Eh bien, moi, je vous dis »). Nous lisons ce dimanche, les quatre premières, précédées d’une sorte de prologue qui en donne l’orientation générale.
« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ».
A travers cette déclaration, Jésus révèle clairement son intention : il n’est ni un révolutionnaire qui vient tout changer, comme si le passé n’existait pas, pour repartir à zéro, ni un conservateur qui ne veut rien changer, comme si le passé avait toujours été parfait en tout…
Pour Jésus, il n’est donc pas question d’abolir le passé, ni de le conserver tel quel. Il faut lui donner une vie nouvelle, dans une sorte d’accomplissement, d’achèvement. Ce n’est pas parce qu’une tradition est ancienne qu’elle est bonne ; ce n’est pas non plus parce qu’une idée est nouvelle qu’elle est nécessairement meilleure. C’est l’éternel conflit entre « traditionnalistes » et « progressistes » qui se pose partout, dans l’Eglise, la société civile, la politique, etc.
A travers les exemples que Jésus nous donne, il nous invite tous à une forme de surpassement : « Je vous le dis en effet : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux ». La justice des scribes et pharisiens est un pur légalisme qui se restreint à la loi sans égard pour l’esprit de cette loi.
Le christianisme vient, selon Jésus, achever le judaïsme. Le « Nouveau Testament » est une greffe toute neuve qui se nourrit de la sève du vieil olivier, « l’Ancien Testament », pour lui faire donner des fruits. Oui, Jésus est bien celui qui était annoncé et préparé, celui qui vient porter à leur plein achèvement ce qu’ont annoncé la Loi et les Prophètes.
Venu « accomplir » les Ecritures, Jésus prône la justice selon Dieu, une justice qui consiste à être « juste-ce-que-Dieu-veut-que-nous-soyons », c’est-à-dire être en parfait accord, en symbiose avec Lui qui pense et construit l’univers et qui le dirige avec une prodigieuse intelligence.
A travers cet évangile, formulons une prière pour toute l’Eglise et pour nous fidèles de St Pierre de Chaillot : Donne-nous Seigneur d’accueillir les initiatives pastorales non en nous emmurant dans nos « traditions », mais en nous ouvrant au souffle de l’Esprit qui vivifie l’Eglise.
P. Aubin A.
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