Une jeune handicapée que je connais aime bien exprimer son affection en nous lançant au visage une belle exclamation : « amis, pour la vie ! ».
En cette phrase lapidaire se dévoile un désir, mais aussi une réalité ; nos liens, même passagers, portent en eux un appétit : celui de l’éternité.
Bien qu’aucune relation humaine ne parvienne à donner l’éternité et le salut, nous en avons un profond pressentiment. Car nous sommes faits pour cela. Notre âme, notre vie tissée de tous ces liens, est éternelle. Elle ne meurt pas avec notre mort… Quelque chose perdure.
Chacun ici-bas noue des attachements de chair et d’affection dont nous ressentons qu’ils ne se suffisent pas à eux-mêmes.
Même les plus ignorants des choses de la foi portent ce désir profond, cette mémoire archaïque qui date d’avant la faute des origines.
En ce mois de novembre où, dans la lumière de la Toussaint qui nous révèle notre vocation au bonheur, nous prions pour les défunts, comprenons bien que la tentation contemporaine de l’euthanasie fleurit sur ce désir profond, sur cette espérance qui n’a pas trouvé de réponse.
La faiblesse des propos catéchétiques sur les « fins dernières », affaiblit la vie chrétienne, et nous fait oublier que Jésus Sauveur n’est pas venu d’abord instaurer une nouvelle morale, mais nous sauver de l’inéluctable de la mort.
Comme Sauveur, Il est « sauveteur » du péril le plus grand : être coupé de Dieu et de son désir d’amour pour nous, être définitivement enfermé dans la mort qu’il n’a pas créée ni voulue pour nous.
Si nous vivons, nous sommes sur les rails de l’Éternité et c’est bien le cœur du sujet de la Foi. Le reste n’en est peut-être que la périphérie.
Que cette lumineuse fête de la Toussaint et la prière pour les défunts orientent résolument notre marche vers la vie, vers l’Éternité d’amour en Dieu.
Mgr Bruno Lefevre Pontalis
Un commentaire