Un roi condamné au supplice de la croix ? L’image est bien choquante. Et pourtant c’est elle que la liturgie de cette solennité a retenue pour nous parler de la Royauté du Christ.
Qui donc est ce roi mystérieux qui n’a jamais habité dans un palais et qui n’y est entré qu’une fois, pour y être condamné ? Quel est ce roi dont le premier trône fut une mangeoire d’animaux et le dernier une croix, dont il n’a pas voulu descendre pour exhiber sa puissance ?
Qui est ce roi-serviteur, n’ayant d’autre loi que l’amour et pour unique tribunal la voix de la conscience ? Un roi sans aucune ambition politique ni armée ?
La royauté du Christ, faut-il le rappeler, ne vient pas de ce monde, car c’est du Père qu’il reçoit « honneur, gloire et puissance » (Ap4, 11) ; elle ne se conquiert pas par les armes, mais par l’amour ; elle ne reçoit pas son investiture des hommes mais plutôt sur la croix, après la victoire définitive sur le péché et la mort.
Cependant ne nous y trompons pas. Bien que n’étant pas de ce monde, la royauté du Christ est appelée à le transformer, à la manière d’un ferment enfoui dans la farine de blé. Telle est la noble mission confiée à l’Eglise et dont elle s’acquitte au long des siècles : construire dans le monde un règne de sainteté et de grâce, règne de justice, d’amour et de paix, une civilisation de l’amour pour employer l’expression de St Paul VI.
Ce règne est en germe partout où la vérité est accueillie et les cœurs ouverts à la grâce. Il se construit dans l’espérance sous le souffle de l’Esprit, à travers les gestes posés au nom de notre foi.
En cette solennité du Christ roi de l’univers, demandons au Seigneur de régner en nos cœurs, d’être le maître de nos pensées et de nos actions, le guide de nos choix et le modèle de notre vie. Demandons-lui d’étendre son règne sur l’univers entier pour que tous les hommes s’aiment davantage et se reconnaissent fils et filles d’un même père. Demandons-lui enfin de donner à tous les gouvernants assez de sagesse pour être réellement au service de tous.
Christus vincit ! Christus regnat ! Christus imperat !
Bonne fin d’année liturgique.
P. Aubin Ayikoé AMEGNIKOU
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