Homélie du Père Horovitz, le 30 octobre 2022
Mes frères, je prêcherai sur la deuxième lecture, la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens.
Un jour, on demanda au grand écrivain Léon Bloy quel journal il lisait quotidiennement. Sa réponse fut : “ pour connaître l’actualité, je lis saint Paul “. Il n’avait pas tort. La lecture de saint Paul est pleine d’enseignements pratiques. Saint Paul a été l’apôtre des gentils, il a constitué des Églises, dans des difficultés incroyables. Il a fallu l’aide constante de l’Esprit Saint pour que tout cela puisse s’accomplir.
Ici, saint Paul s’adresse à une communauté très chère à son cœur, celle des Thessaloniciens. Il leur a adressé deux épîtres, dans lesquelles nous voyons la pédagogie divine. Cette pédagogie n’est jamais dépassée, elle soulève aujourd’hui encore des problèmes qui sont les nôtres. Je vais m’en expliquer.
Cette communauté avait été fondée par saint Paul lui-même, et c’était la grande fierté de cette communauté que leur Église ait été érigée par saint Paul. Cette communauté était extrêmement dynamique, encouragée par saint Paul dans sa première épître à continuer leur vie catholique et le témoignage qu’ils donnent de Jésus-Christ. Il faut savoir qu’à côté de l’église de Thessalonique, il y avait une synagogue et un nombre important d’israélites se laissèrent convaincre par les actes et les discours de saint Paul et ils devinrent chrétiens catholiques. Il y avait également un certain nombre de prosélytes, des non-juifs, qui voulaient suivre le judaïsme à leur manière. Un certain nombre d’entre eux se convertirent également et allèrent rejoindre l’apôtre saint Paul et sa fondation.
Vous imaginez bien, la nature humaine étant ce qu’elle est, que la jalousie très rapidement a pris feu au sein de la communauté israélite. Les Thessaloniciens ont eu à vivre des événements très difficiles, des persécutions : le témoignage qu’ils ont donné et leur comportement ont été salués par saint Paul.
Dans la deuxième lettre aux Thessaloniciens, saint Paul reprend deux enseignements dont ils ont particulièrement besoin. C’est une relation de grande intimité spirituelle qui existe entre l’apôtre saint Paul et ces chrétiens. Il les chérit, les rencontre, et les quitte dans les larmes. Saint Paul va traiter deux thèmes.
Le premier enseignement nous intéresse aujourd’hui. “ combien de catholiques ont des difficultés avec la prière ? Va-t-on déranger le Bon Dieu pour nos petites affaires ? Va-t-on faire des prières de demande ? Pourquoi prier ? Que demander ? Qui n’a pas eu ces interrogations, une fois dans sa vie.
Les Thessaloniciens sont pris aussi par ces questions. Saint Paul va avoir une manière assez étonnante d’aborder la prière. Il leur dit qu’il faut prier afin d’accomplir tout le bien que l’on désire et de rendre active notre foi. Mais la suite est étonnante : “Ainsi le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous et vous en lui”? L’enseignement constant de l’apôtre saint Paul est que le bien que nous réussissons à faire n’est pas le nôtre, c’est celui de Dieu. C’est par la grâce de Dieu. L’apôtre nous explique que notre prière et le bien que nous faisons sont la glorification de Dieu. C’est à dire que lorsque l’on voit des catholiques agir – nous avons tous des noms de saints, dans notre esprit, qui ont marqué le monde par le bien qu’ils ont fait. Bien sûr, ce bien est la réponse à leur vie de prière.
L’abbé Pierre avait dit un jour, dans une interview où il évoquait sa mission : “ Jamais je n’aurai pu avoir cette vie active, si je n’étais pas resté avant dans un monastère, avec une vie de contemplation et de prière.
C’est ce que saint Paul enseigne aux Thessaloniciens : il n’y a pas de bonnes actions, pas de vie chrétienne, s’il n’y a pas de vie de prière silencieuse auprès de Dieu.
Nous ne prions pas forcément pour ce dont nous avons besoin, nous ne prions pas pour demander des choses pour les autres, notre prière est une prière de glorification. Celui qui prie, glorifie Dieu.
Le deuxième enseignement concerne les faux docteurs qui s’étaient institués prédicateurs, en modifiant la parole de saint Paul et en annonçant une prochaine parousie et le jugement dernier. Les Thessaloniciens très zélés étaient très perturbés par ces annonces. L’apôtre saint Paul leur rappelle qu’il ne faut pas avoir de curiosité concernant la venue de Notre Seigneur. Comme l’a dit Jésus, “ nul ne peut savoir ni le jour, ni l’heure”, il faut simplement faire notre devoir et agir.
Aujourd’hui, nous sommes dans cette situation. Beaucoup de chrétiens ont peur, car les événements sont inquiétants. Saint Paul nous rappelle qu’il ne faut pas nous laisser effrayer par de fausses révélations. Être effrayé, avoir peur, n’est pas une attitude chrétienne.
Nous avons confiance en Dieu, Jésus est avec nous. Nous avons vu, dans le livre de Zachée, l’inhabitation divine. Le Bon Dieu habite en nous, le Saint des Saints est au fond de notre cœur. Dès lors que nous sommes en état de grâce, Dieu est avec nous, en nous d’une manière mystérieuse.
Chers amis, vous voyez que ces paroles sont pleines de réconfort, que nous devons les lire et bien les comprendre afin, comme le disait saint Ignace de Loyola, dans ses discours sur le discernement des esprits, de sentir avec l’Église. Comme le disait Léon Bloy, lisons saint Paul comme nous lisons l’actualité. Amen
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