Croyez-vous au pardon des péchés ?

Je crois au pardon des péchés

c’est ce que vous proclamez chaque fois que vous vous rassemblez ici dans cette église pour professer la foi de l’Église. “ Je crois au pardon des péchés, à la résurrection.”

 

En méditant sur l’évangile que nous venons d’entendre cette semaine, je me demandais : s’il fallait ne conserver qu’un seul des articles, qu’une seule ligne du Credo, sans doute, est-ce celle-ci que je garderais.

On demande parfois dans un questionnaire  : “si vous deviez partir sur une île déserte, que prendriez-vous avec vous comme livre ? C’est une bonne question !

Et s’il fallait que vous choisissiez parmi tous les articles du Credo, lequel conserveriez-vous ? J’ai choisi : “ Je crois au pardon des péchés”, car au fond, ce seul article attire à lui tous les autres.

  1. Le péché irrémissible ?

Car le péché est une affaire grave, une forme de rupture, quelque chose de presque irrémissible et l’évangile que nous avons entendu, la parabole de l’intendant, le met en évidence, à travers un effet rhétorique, que l’on appelle un effet d’exagération.

Ces serviteurs que le roi convoque lui doivent – si l’on fait le rapport entre le poids de l’argent aujourd’hui et hier –  une dette de 175 millions d’euros. Une jolie somme à rembourser. Évidemment, nous sommes dans le registre parabolique, celui de l’exagération, mais qui dit bien l’aspect que, devant le péché, nous ne pouvons rien. C’est une forme de rupture avec Dieu, mais aussi avec notre entourage et avec nous-mêmes.

Si un jour, vous prêtez attention à ce fait, si un jour, votre conscience vous indique que vous avez fait quelque chose de mal, regardez comment vos relations, votre capacité d’alliance sont froissées par cette rupture. Et ce qui est vrai des relations avec les autres est aussi vrai de notre relation à Dieu, de notre relation avec nous-mêmes.

Il y a quelque chose d’indélébile dans le péché, que Shakespeare a si bien mis en évidence dans sa tragédie Macbeth. Lorsque Lady Macbeth cherche à nettoyer ses mains, après le meurtre de Duncan, elle s’écrie devant ces mains tachées de sang, ces mains meurtrières, ces mains qui ont participé au crime : “ tous les parfums de l’Arabie ne peuvent purifier cette petite main” (William Shakespeare Macbeth (1605), V, 1)

 

  1. Le péché remis

Alors quoi, qui le pourra, qui pourra nous redonner une conscience pure, des mains prêtes à offrir le meilleur ?

Celui qui peut nous offrir une nouveauté, une nouveauté radicale,

Celui qui peut nous rétablir,

Celui qui peut nous sortir de l’irrémissible faute, c’est le Christ.

C’est le Christ qui, en lui, a assumé notre condition humaine, jusqu’à assumer les conséquences du péché et à purifier notre conscience de ses œuvres mortes par sa vie très sainte.

C’est là ce que l’on appelle le dogme de la Rédemption.

Comment sommes-nous purifiés de notre péché ?

Par la vie très sainte de Jésus, qu’il nous donne en partage.  Il a communié à notre humanité pécheresse, sans pécher lui-même, en demeurant pur de tout péché. Et cette pureté, il nous la communique.

  1. Une image et un exemple du pardon

Peut-être une image pourra nous faire comprendre cela. J’évoque de nouveau devant vous l’état de santé d’une petite fille, dont j’accompagne les parents depuis trois mois. Trois jours après sa naissance, elle a été frappée par une méningite, depuis 3 mois ses parents luttent et passent d’hôpital en médecins, de prescriptions, en intubation, extubation. Hier, je communiquais avec sa maman et elle me disait qu’elle était épuisée et que sa fille luttait avec un courage immense, mais n’en pouvait plus. Elle me disait au passage et j’ai saisi ce trait : “mais qu’est-ce qui pourrait la sortir de cette sombre situation sinon une nouvelle naissance.”

Chaque fois que nous faisons l’expérience du pardon de Dieu, nous faisons l’expérience d’une nouvelle naissance.

On ne peut saisir ce que signifie le pardon notionnellement. Ce n’est pas la peine de vouloir le penser ou l’imaginer ; c’est une expérience, une expérience de vie, une expérience vitale qui consiste à se tourner vers Dieu, à aller à la rencontre d’un prêtre à qui Dieu a donné le pouvoir de remettre les péchés.

Le pardon est un fait d’expérience, un fait d’existence.

 

Un dernier point, un exemple.

Lorsque le père Maximilien Kolbe,  franciscain, a été arrêté, déporté à Auschwitz, on disait de ses bourreaux qu’ils ne pouvaient pas croiser son regard, son regard si plein d’amour et surtout de pardon pour ses bourreaux. Et l’on dit  également, qu’ayant réuni ses compagnons de cellule, il leur donna la capacité d’entrer dans ce dynamisme de pardon.

Je crois que nous chrétiens, nous pouvons redonner un dynamisme de pardon à notre société qui l’a beaucoup perdu. J’entends beaucoup de règlements qui se font à coup d’avocats, de procès, mais je n’entends plus beaucoup ce vocabulaire – qui est pourtant notre bien propre – du pardon, de la miséricorde, de la rédemption.

 

Frères et sœurs,  je vous invite à vivre en vous, cette expérience fondamentale du pardon, du pardon reçu, du pardon accordé. Et Dieu sait combien dans nos familles, les vôtres, la mienne, nous devons user du pardon pour pouvoir vraiment vivre l’unité familiale.

Si vous en faites l’expérience en vous, dans vos familles, dans vos communautés,  nul doute que cet art si difficile du pardon ne se propage aussi au-delà de ces cercles que nous formons : cercles familiaux, cercles communautaires, cercles chrétiens.

Demandons à Dieu, frères et sœurs, en ce dimanche, la grâce de vivre le pardon en vérité.

Amen

 

 

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